Au début du deuxième mandat de Bush, le vice-président Dick Cheney avait laissé entendre que l'Iran était en tête de liste des voyous ennemis de l'Amérique et qu'Israël « ferait le bombardement pour nous », sans implication militaire des Etats-Unis ou « pression de notre part ». La déclaration, hier, de Sylvan Shalom, ministre israélien des Affaires étrangères, vient s'ajouter aux pressions que ressent, depuis quelques mois, Téhéran. « Dans six mois, l'Iran disposera du savoir-faire nécessaire pour produire une bombe atomique et cela sera un cauchemar pour le monde entier », a déclaré Shalom, interrogé, à Paris, par la radio publique israélienne. Ces pressions viennent confirmer les fuites médiatiques en Israël, distillées fin mars dernier, indiquant une « autorisation initiale » par le Premier ministre Ariel Sharon d'une attaque israélienne contre l'usine d'uranium enrichi iranienne de Natanz « si la diplomatie échoue à stopper le programme nucléaire iranien ». Selon les autorités de Téhéran, le tapage médiatique et la campagne internationale contre le nucléaire iranien de ces derniers mois ne sont que la partie visible du forcing américano-israélien. Donald Rumsfeld s'est rendu, courant avril dernier, en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, au Kirghizstan et en Azerbaïdjan. Ses efforts diplomatiques sont décrits par la presse russe comme « encerclant littéralement l'Iran dans une tentative de trouver la meilleure tête de pont pour une possible opération militaire contre ce pays ». Du coup, les Etats-Unis ont des troupes et des bases militaires en Turquie, au Pakistan, en Azerbaïdjan, en Afghanistan et en Irak. En d'autres mots, l'Iran est entourée de bases américaines. Ces pays, tout comme le Turkménistan, ont des accords de coopération avec l'OTAN. Il faut rappeler que durant le mois d'avril dernier, le président russe Vladimir Poutine est en visite officielle à Tel-Aviv. Il annonce la décision de la Russie de vendre des missiles antiaériens à courte portée à la Syrie et de continuer à soutenir l'industrie nucléaire iranienne. A la même période, le Premier ministre turc se rend en Israël, accompagné de son ministre de la Défense, qui rencontre plusieurs dirigeants militaires israéliens. Tel-Aviv et Ankara décident d'établir une ligne d'urgence pour partager du renseignement militaire. Cette rencontre venait, en fait, comme aboutissement à la tenue en janvier 2005 d'exercices militaires dans la Méditerranée orientale entre les Etats-Unis, Israël et la Turquie. Devant cet encerclement, l'Iran signe un accord de coopération militaire avec le Tadjikistan, qui occupe une position stratégique près de la frontière nord de l'Afghanistan. Aujourd'hui, le fait que l'Afghanistan soit sous la coupe réglée de Washington au même titre que l'Irak, alors que la Syrie subit actuellement un autre coup de force américain, complique la position de Téhéran. Par ailleurs, l'Iran s'est toujours défendu pourquoi tant d'intérêt pour son nucléaire alors que ces deux voisins, l'Inde et le Pakistan, en détiennent.