Les grands hommes partent toujours en silence, comme ils ont vécu. M. Mellouki fait partie de cette catégorie. Il vient de quitter Skikda, cette ville qu'il aimait avec passion « bien qu'elle mérite un devenir à la mesure de sa beauté », nous confiait-il, il y a à peine deux mois. Héro parmi les héros, il a fait partie des premiers jeunes skikdis qui ont rejoint le maquis. Il était même le plus jeune. En 1955, il avait moins de 19 ans, quand Ali Abdennour, son idole, est venu lui proposer de rejoindre « les frères ». « Nous étions 18, tous jeunes. Nous formions la « selsla » (chaîne) de Ali Abdennour. Aujourd'hui, il n'en reste que moi et Driouche », témoignait-il. Mellouki a prit part à l'offensive du 20 Août 1955 avant d'être désigné par le FLN pour poursuivre une formation en télécommunication en Chine. A l'indépendance, il occupa plusieurs postes d'attaché militaire dans plusieurs ambassades. Il était également membre du MALG. Intellectuel né, Ammi Salah portait un regard critique sur la vie, l'Algérie, Skikda... Il n'aimait pas parler de lui, et quand nous lui proposions d'apporter son témoignage à l'occasion d'un reportage sur les événements du 20 Août, il s'en excusa aimablement : « Ecoutez mon fils, je n'ai fais que mon devoir comme des milliers d'autres Algériens. C'est tout et il n y a pas lieu de se vanter. » Il aura fallut faire appel à un groupe de ses amis pour l'emmener enfin à parler « mais seulement du 20 août, je n'aime pas trop parler de moi », avait-il exigé. Ensuite, Ammi Salah rendit visite à notre bureau à plusieurs reprises pour parler de Skikda, de Stora et d'El Watan... Discret, on ne le trouvait jamais aux réunions protocolaires ni lors des cérémonies commémoratives. « Vous savez, je crois que mon grand devoir est d'inculquer l'amour de l'Algérie à mes enfants et à cette nouvelle génération. Moi je fête l'Algérie à ma façon et le 5 Juillet de chaque année, je continue encore à accrocher l'emblème national sur le fronton de ma porte et croyez-moi, mon souhait est que mes enfants en fassent de même quand je ne serai plus là. Je crois que c'est la meilleur façon de rendre hommage à tous les martyrs et à tous les moudjahiddin et ça vaut toutes les cérémonies. » On n'en doute pas Aami Salah, bien que tu viens de nous poser un lapin en t'en allant alors qu'on n'avait pas encore terminé nos débats. Repose en paix.