Porte-parole de l'Alliance pour la démocratie et le changement (ADC ) ex-Mouvement de la rébellion touareg du Nord Mali, Hamad Ag Sid Ahmed qualifie la situation d'explosive dont les responsables sont, selon lui, parmi les dirigeants de l'Etat malien. Pour le porte-parole de l'ancien mouvement de la rébellion touareg du nord du Mali, Hama Ag Sid Ahmed, la situation dans cette région est «explosive» et reste de la responsabilité de Bamako qui l'a créée. Il déclare : «Les cadres politiques et militaires du Mouvement touareg, y compris les chefs traditionnels, pointent du doigt la responsabilité politique de l'Etat malien dans l'explosion de la région (…) Cela a suscité une volonté commune à utiliser tous les moyens pour se réapproprier cet espace que les autorités centrales ont cédé aux groupuscules armés de l'AQMI pour en faire leur sanctuaire de détention et d'exécution des Européens et d'approvisionnement en minutions.» Hama Ag Sid Ahmed estime que le mouvement est mis face à une stratégie de Bamako,«visant à compromettre toute action de développement dans le Nord et qui rend ainsi caduc l'accord de juillet 2006. Un accord dont les mesures les plus essentielles n'ont pas connu de concrétisation sur le terrain, et ce, depuis quatre ans, y compris celles relatives aux actions de développement et de responsabilisation des populations locales dans la lutte contre l'insécurité». L'ancien porte-parole affirme qu'aujourd'hui, «il y a une véritable rupture» entre les Touareg du Nord et les autorités centrales maliennes. «Les Touareg avaient utilisé tous les canaux dont ils disposaient pour participer au développement, à la prise des décisions et de se mettre au service de la lutte contre le terrorisme. Des actions réaffirmées lors de la grande rencontre tenue à Alger en janvier 2010, en contrepartie de l'application stricte de l'accord de paix. Cet appel n'a eu aucun retour d'écho ni de Bamako ni de la communauté internationale», révèle Ag Sid Ahmed. Il rend responsables les autorités maliennes de «l'échec» de l'accord de paix avec le Mouvement touareg, tout en n'omettant pas de souligner «la responsabilité» de la communauté internationale dans ce qu'il a qualifié de «chaos créé par Bamako». Une situation qui arrange les groupes d'Al Qaîda, dit-il, précisant que ces derniers profitent de l'hospitalité malienne pour poursuivre leur installation au nord du Mali, d'où ils mènent des opérations dans les pays limitrophes (Niger, Algérie, Mauritanie). Une mobilité facile «Première semaine de mars 2010, près de 7 militaires nigériens sont tués à la frontière nigéro-malienne. Fin juin 2010, près de onze gendarmes algériens trouvent la mort sous le regard des éléments de la caserne malienne qui se trouve à quelques kilomètres du lieu de l'embuscade à Tinzaouatin Mali). Dernière semaine du mois d'août dernier, une voiture piégée explose devant un camp militaire de Néma en Mauritanie. Plus récemment encore, le 17 septembre dans la matinée, des gardes-frontières mauritaniens sont attaqués par le groupe de Belmokhtar, l'un des chefs d'AQMI depuis le territoire malien et plusieurs agents de sécurité mauritaniens trouvent la mort. C'est dans ces zones grises également que les otages occidentaux sont vendus et exécutés», note l'ancien porte-parole de l'ADC. Il rappelle qu'en juillet dernier, le Français Michel Germaneau a été exécuté par AQMI, dans la même région du Mali, où l'otage anglais, Edwin Dyer, a été tué le 31 mai dernier et insiste sur la facilité avec laquelle les sept otages enlevés de la mine d'Areva au nord du Niger, ont été transférés vers toujours le nord du Mali. «Il s'agit tout simplement d'une entente tacite entre l'armée malienne et les groupuscules de l'AQMI. Ces derniers ont fait du territoire malien un sanctuaire. Pendant ce temps, les négociateurs de la présidence malienne attendent ''derrière la porte le tirage au sort'' de ceux qui vont partir entamer les négociations avec les responsables d'AQMIi et bénéficier ainsi de ses largesses financières pour services rendus», affirme notre interlocuteur. Et de révéler : «C'est d'ailleurs dans cette situation particulière que l'armée mauritanienne a mené une première opération avec l'assistance des militaires français en juillet dernier visant un des camps d'AQMI situé à la frontière avec le Mali afin d'empêcher toute progression de ces groupuscules sur son territoire. Le 17 septembre, les mêmes forces ripostent à une attaque menée contre leurs agents par des éléments dl'AQMIi, qui avaient pris la fuite vers le territoire malien. Une grande offensive est alors engagée contre un camp situé près de la ville de Tombouctou. Les combats sont très violents et durent plusieurs jours. Pendant ce temps, les autorités locales maliennes accueillent les blessés venus du camp AQMI, dans les dispensaires de la ville de Tombouctou.» Ag Sid Ahmed conclut en tirant la sonnette d'alarme et en alertant sur une situation «humanitaire catastrophique» qui pèse lourdement sur la population du nord.