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El Achir vit dans l'angoisse du kidnapping d'enfants
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Publié dans El Watan le 24 - 09 - 2010

Deux semaines après la disparition de Abderrahim, 4 ans et demi, la ville d'El Achir (Bordj Bou Arréridj) vit dans l'angoisse d'un autre kidnapping. Fait étrange : une semaine plus tard, Youcef, 10 ans, à dix kilomètres de là, est à son tour enlevé. Alors que la police et la gendarmerie piétinent dans leurs recherches, les parents, choqués, craignent pour le sort de leurs enfants.
De notre envoyée à Bordj Bou Arréridj
«Lorsque j'ai appris ce qui est arrivé à Abderrahim, affolé, j'ai pris un congé d'un mois et j'ai quitté Alger pour rentrer chez moi ! Depuis, j'accompagne mes deux enfants, de 5 ans et 12 ans, quatre fois par jour à l'école et je ne les lâche pas d'une semelle ! Nos enfants sont tous exposés au kidnapping !» Mohamed, un habitant d'El Achir, commune située à 10 km du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, ne vit plus comme avant depuis ce 9 septembre. Ce jour-là, la bourgade de 24 000 habitants, connue pour sa quiétude, a été le théâtre d'un enlèvement, celui deAbderrahim Lamrani, dit Kossay, âgé de 4 ans et demi. La veille de l'Aïd El Fitr, la vie de la famille Lamrani a tourné au cauchemar en une fraction de seconde. «Comme d'habitude, Abderrahim est sorti jouer devant la maison vers 15h.
Quelques minutes plus tard, je n'entendais plus sa voix, mais je ne me suis pas inquiétée, car dans le quartier, tout le monde connaît mon fils. Mais en fin d'après-midi, j'ai senti que quelque chose lui est arrivé», raconte Houria, la mère de l'enfant disparu. C'est alors que la famille et les habitants du quartier se sont mis à sa recherche. En vain. Abderrahim a disparu comme s'il n'avait jamais existé ! Sa sœur, 15 ans, et son frère, 12 ans, sont trumatisés par ce drame familial qui a bouleversé leur vie. Sa sœur ne va plus au collège et son frère n'a repris les cours que cette semaine.
Nuits blanches
Mardi vers 11h30. A la sortie de l'école, une file de pères, de mères de grands-pères ou de grands frères attendent les écoliers. «Une panique sans précédent s'est installée dans la ville. Les élèves ne parcourent plus le chemin de l'école sans être accompagnés par un adulte. D'ailleurs, depuis la disparition d'Abderrahim, nous avons enregistré plusieurs absences. Sur vingt-six de mes élèves, je n'en ai plus qu'une quinzaine», nous apprend un enseignant de l'école primaire, Degdeg Mohamed, avant de poursuivre : «Nous avons demandé au P/APC de renforcer la sécurité autour de l'école et les établissements publics (hôpitaux…), mais notre demande est restée lettre morte.» Face à «la légèreté avec laquelle les services de sécurité ont traité cette affaire», selon les termes des habitants, des centaines de villageois ont manifesté leur colère, une semaine après l'enlèvement de Abderrahim, en bloquant l'autoroute Est-Ouest reliant Bordj Bou Arréridj à El Achir durant trois heures, en signe de solidarité avec la famille Lamrani.
Les protestataires ont exigé la libération de Abderrahim. Mais leur appel est resté sans écho puisque le kidnapping de l'enfant n'a été suivi ni d'appels téléphoniques ni d'une demande de rançon. «Je suis certain que ce n'est pas pour l'argent qu'on a enlevé mon fils, car je ne suis qu'un simple soudeur dans un garage. Les gens savent qu'on est une famille modeste. Abderrahim est un enfant intelligent et parle bien. Il se serait débattu s'il avait été kidnappé par un inconnu, mais ce n'est pas le cas. Ceci m'amène à supposer que son ravisseur est quelqu'un à qui mon fils a fait confiance», confie Ammar, le père de Abderrahim. En ville, les parents affichent le même visage fatigué et plein de détresse dus aux nuits blanches passées à guetter un éventuel retour de l'enfant.
«J'ai demandé aux autorités d'éteindre l'éclairage public du côté de ma maison pour ne pas dissuader les ravisseurs s'ils ont l'intention de nous le rendre. Je ne demande rien, je les supplie juste de me permettre de voir mon fils encore une fois, et je suis optimiste», prie Ammar en retenant un sanglot qui en dit long sur sa souffrance. Houria, elle, ne sait plus où donner de la tête. Tantôt elle se met sur une chaise pour évacuer ce qu'elle a sur le cœur, tantôt elle se relève pour nous montrer le vélo de Abderrahim, le garage où il aimait jouer ou le tapis de prière sur lequel il posait sa tête pour imiter sa grand-mère lorsqu'elle fait sa prière... Mais, les larmes ne cessent de couler de ses yeux cernés. «Lorsqu'il m'arrive de fermer l'œil pour quelques heures, je sursaute et j'ouvre la porte d'entrée, car j'ai l'impression d'entendre la voix de mon petit m'appeler… Je ne fais plus la différence entre la réalité et le cauchemar, je n'en peux plus, mon bébé me manque tellement. Comment peut-on éloigner un enfant de sa mère ? C'est un crime !», lâche-t-elle, désemparée en nous montrant les photos de son fils chéri.
Etat d'alerte
En dépit de cette dure épreuve, la maman prie matin et soir «pour ne pas perdre la foi en Dieu» et garde espoir. «C'est grâce à la mobilisation de nos concitoyens que les services de sécurité ont déclenché un vaste plan de recherche. Lorsqu'on les a alertés, ils n'ont pas bougé le petit doigt jusqu'au deuxième jour de sa disparition.» De son côté, «la gendarmerie mène les recherches en collaboration avec la police de la région comme il se doit», selon le lieutenant colonel Abdelkader Alourabi, commandant du groupement de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Pour lui, «le fléau du kidnapping n'existe pas à Bordj Bou Arréridj, et il n'y a pas lieu de paniquer, car ''disparition'' ne signifie pas forcément ''enlèvement''», soutient le commandant du groupement. Une thèse que ne partagent pas les habitants d'El Achir. Pour eux, la disparition de Abderrahim ne peut être que l'œuvre qu'un groupe de ravisseurs soutenu par quelqu'un de la région. Nous quittons le quartier en croisant des regards interrogateurs et méfiants, des enfants sur le qui-vive et des parents anxieux, à l'exemple de Djamel qui, dans un long soupire, se demande : «A qui le prochain tour ?»

Youcef Même libéré, son drame n'est pas fini
Un autre étrange kidnapping a ébranlé la ville de Bordj Bou Arréridj le 16 septembre. Le petit Youcef Bouguerra, âgé de 10 ans, a été enlevé près du domicile familial dans le quartier de l'Abattoir, en début d'après-midi. Accompagné de sa sœur Asma, plus âgée d'une année, ils s'étaient rendus dans un magasin pour acheter des fournitures scolaires. Un moment d'inattention et Asma voit son cadet s'éloigner avec un homme qui «l'étouffait avec un mouchoir», selon le témoignage de la petite fille. En un laps de temps très court, Youcef disparaît alors avec deux hommes à bord d'une voiture. Alertés, les services de sécurité n'entament pas les recherches tout de suite, attendant 24 heures après la disparition de l'enfant. Ne sachant que faire, la jeune mère de Youcef quitte la maison le lendemain, à savoir le vendredi, vers 4h du matin.
«Je ne sais pas pourquoi, je suis sortie de la maison. Une voix au fond de moi m'a poussée à le faire. J'ai arpenté la rue qui mène aux rails du chemin de fer derrière notre demeure, et là je tombe sur une forme que je croyais un sac poubelle ou autre chose», raconte la jeune maman en tremblant. Et de poursuivre : «Je me suis approchée de la ''forme'', et là j'ai reconnu mon fils recroquevillé sur lui-même, la tête entre les jambes, sans chaussures ni chemise.» Sitôt retrouvé, Youcef a été consulté par un médecin qui le diagnostique «sain et sauf» physiquement. Mais les séquelles invisibles ne sont pas près d'épargner à cette petite famille l'inquiétude et la peur. Youcef, depuis son retour, «adopte un comportement inhabituel. Il lui arrive de rester très calme des heures durant puis il s'agite, il danse et chante tout seul sans raison. Le pire, c'est qu'il évite de parler de cette mésaventure, comme s'il ne l'avait jamais vécue».
Après avoir insisté pour qu'il nous parle, Youcef nous confie : «Je ne me rappelle de rien, excepté des dix enfants qui étaient dans la pièce avec moi. Les ravisseurs m'ont demandé si mes parents avaient de l'argent. J'ai répondu qu'ils étaient divorcés et que nous vivions avec ma mère et son mari… » Sa sœur Asma est autant traumatisée que son frère. Se cachant derrière sa mère, elle évite d'évoquer le kidnapping comme pour effacer ce mauvais souvenir à tout prix. A voir le comportement des deux enfants, leur regard perdu et leur peur à l'écoute du moindre bruit, un suivi psychologique leur est nécessaire et même urgent. A présent, la maman, qui ne sort pas, ne sait pas comment s'y prendre avec eux, faute de cellule de suivi psychologique ou d'association capable de prendre en charge Youcef. Les services de sécurité, quant à eux, assurent continuer les recherches pour trouver le(s) ravisseur(s).


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