La Société algéro-française d'ingénierie et de réalisations (SAFIR) à Arzew a été créée en 1992 par le management de Sonatrach pour mettre en place une stratégie de recherche et de développement dans le domaine de la technologie de pointe, concrétisée par la création d'une structure de support d'engineering qui puisse permettre aux unités d'exploration, de forage et de production d'honorer les contrats du groupe Sonatrach. C'est sur cette base qu'en 1991, un partenariat a été conclu entre Sonatrach et Gaz de France et a permis de réussir, selon le collectif des travailleurs de SAFIR, le projet de rénovation du complexe de liquéfaction de gaz naturel (GL4/Z) à Arzew pour 35 millions de dollars. L'objectif de départ, dira un représentant des travailleurs, consistait en « la création d'une société mixte à la mesure de développer localement un savoir-faire dans le domaine des hautes technologies ». Cependant, il semblerait que, pour le partenaire français, « SAFIR a été créée à l'occasion du projet de rénovation du complexe GL4/Z, alors que Sonatrach avait besoin du support d'une structure spécialisée dans l'ingénierie et les réalisations industrielles pour développer les techniques d'exploration et de recherche, mais aussi pour maintenir l'outil de production en fonctionnement afin d'améliorer les résultats de ses unités industrielles des branches amont et aval. C'est ainsi que Gaz de France a exprimé le désir de se retirer de la société SAFIR pour une histoire, selon notre interlocuteur, de « définition de la politique de développement de la société SAFIR qui a été édictée dans les protocoles d'accord de 1991 ». Un partenariat controversé Suite à cela, un nouvel actionnaire, Marais Contracting, une entreprise familiale française, activant dans le domaine des réseaux de fibres optiques et des télécommunications, a racheté les actions de Gaz de France « pour une bouchée de pain ». Un actionnaire introduit, selon le collectif des travailleurs, « dans des conditions non conformes au cahier des charges et dans des conditions très controversées ». Pour les représentants des travailleurs de SAFIR, « la vocation et le domaine d'intervention de Marais Contracting est totalement incompatible avec le métier de base de SAFIR qui est l'ingénierie dans le domaine pétrolier ». Et d'ajouter : « Aucune étude sérieuse n'a été faite pour mener à bien le projet d'introduction du nouvel actionnaire. Une étude qui devrait être assimilée à un schéma directeur dans lequel doivent figurer les stratégies et les plans de développement de la société SAFIR tel que cela a été fait avec Gaz de France en 1991, notamment ceux relatifs au volet du transfert de technologie, à la formation du personnel et enfin aux modalités et procédures de financement des projets. » Marais Contracting est venu avec une ambition forte pour faire fructifier son investissement à travers son introduction en Algérie par le biais de la société SAFIR. Mais, dira notre interlocuteur, « il a été induit en erreur par le management de la société sur les possibilités réelles de décrocher facilement des contrats dans le secteur des hydrocarbures, de l'énergie et des mines. Pis, il avait participé, à travers la société SAFIR, à quatre avis d'appels d'offres dans le domaine des télécommunications. Une fois les alignements techniques et commerciaux effectués, selon le BAOSEM, il n'avait pas été retenu ». Plus grave encore, ajoutera notre interlocuteur, « les coûts engagés par SAFIR pour l'élaboration des appels d'offres et les frais connexes liés à l'hébergement, à la restauration, au transport et aux frais de déplacement à l'étranger, estimés à plus de 2 millions de dinars, n'ont pas été endossés par Marais Contracting mais par la société SAFIR dans son exercice comptable de 2002 ». Pour le syndicat de SAFIR, l'actionnaire français s'est abstenu de financer, contredisant ainsi son engagement du 27 novembre 2001 adressé à Chakib Khelil, le projet d'engineering et le procurement du pipe 20 d'expédition de brut CIS/HEH. Un marché offert de gré à gré par Sonatrach à la société SAFIR pour un montant de 10 millions de dollars. Devant l'inertie de Marais Contracting, le projet a été finalement publié dans le BAOSEM et décroché par une autre entreprise concurrente. A ce propos, le collectif des travailleurs s'interroge, dans un rapport de synthèse des problèmes que traverse SAFIR, sur le rôle réel du président du conseil d'administration ? Ceci étant dit, le collectif des travailleurs, qui depuis quatre ans maintenant mène une lutte sur tous les fronts pour sauver son outil de travail, reproche aux actionnaires, « non seulement l'absence de convention Marais Contracting-SAFIR, mais aussi l'absence d'investissements réels ou de transfert de technologie dans le domaine des télécommunications pour diversifier le domaine d'intervention de SAFIR ». A ce propos d'ailleurs, un dossier détaillé relatant la genèse des faits et les circonstances ayant conduit à la création de cette société a été remis la semaine dernière en main propre à Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de la centrale syndicale, lors d'une audience qui leur a été organisée par le SG de l'union territoriale d'Arzew. D'ailleurs, sur ce chapitre, le rapport de synthèse remis à Sidi Saïd explique que « la société SAFIR continue à fonctionner grâce à un plan de charge de 800 millions de dinars octroyé par le groupe Sonatrach notamment dans les branches amont, ENC et aval ». Il est également fait état que « l'actionnaire français a laissé SAFIR livrée à elle-même pendant deux années sans qu'aucun plan de charge dans le créneau des télécommunications n'ait été élaboré ». En conclusion, le collectif des travailleurs déplore, entre autres, l'absence d'un plan de développement de la société et l'absence d'une mise en adéquation de la société SAFIR face aux exigences du marché de l'ingénierie, du procurement et de la réalisation.