Les assureurs étrangers en partenariat avec les compagnies algériennes ont le mangement des sociétés mixtes, mais la partie algérienne garde ses 51% du capital social, a expliqué Abdel Hakim Benbouabdellah, secrétaire du Conseil national des assurances (CNA) dans cet entretien accordé à El Watan Economie, en relevant que l'expérience est récente, donc il faudra attendre une année pour dresser un bilan de ce partenariat entre la Société algérienne d'assurance (SAA), la Banque de développement local (BDL), la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) et leur partenaire français Macif assurance en attendant d'autres partenariats en discussions. -Comment se présente le partenariat dans le secteur des assurances en Algérie? Le secteur des assurances ne déroge pas à la règle, il obéit aux mêmes conventions et principes définis par le code de commerce sur l'investissement. Il existe cependant des spécificités propres au secteur des assurances. Lorsqu'il s'agit de prendre des participations dans une compagnie d'assurances qui dépassent les 20% du capital social, il est nécessaire d'obtenir l'accord préalable de la commission de supervision des assurances. L'autre spécificité est qu'une banque ou un établissement financier ne peut prétendre à plus de 15% dans le capital social d'une compagnie d'assurance et de même quand une compagnie d'assurances veut prendre part à un capital social avec une participation dépassant les 20% de ses fonds propres, à ce moment-là, il faudra l'autorisation préalable de la commission de supervision des assurances. Mis à part ces spécificités, le partenariat est régi par les mêmes règles que les autres secteurs. -Qu'apporte ce partenariat au secteur ? D'une manière générale, la règle des proportions des 49% du capital pour le partenaire étranger est de 51% pour la partie algérienne. Cette dernière doit être majoritaire dans le capital social d'une compagnie. Il est vrai qu'à la promulgation de cette disposition en 2009, il y a eu une mal compréhension puisque le souci soulevé par le partenaire étranger était d'ordre managérial. Il faut dire que l'intervention du ministre des Finances hier (19/09/2010) sur les ondes de la radio a levé beaucoup d'incompréhensions. Donc le mangement est octroyé au partenaire étranger. En termes d'apport de ce partenariat, ils ont (assureurs étrangers) une longueur d'avance sur le marché algérien des assurances. Ils ont pu développer depuis plusieurs années leur système de management donc leur apport se situe à ce niveau. Une fois le management étranger installé, un certain nombre de chantiers sont internes au sein de la compagnie qu'il dirige. Il y aura un impact positif sur le mode d'organisation, le système d'informations qui est capital dans toute entité économique. Il va aussi agir sur le plan de la formation de la ressource humaine et un apport positif en matière de marketing. Ce qui fait un peu défaut en Algérie. D'un autre côté, il y a un apport en capitaux donc c'est élevé les capacités de couverture du marché national. De plus, bénéficiant du support de la société mère établie à l'étranger aguerrie aux pratiques présente un apport appréciable. -Peut-on dire que ce partenariat est à l'image de celui contracté entre certaines banques algériennes et des assureurs étrangers ? Il y a confusion ! Les banques algériennes n'ont pas de partenariat avec les assureurs étrangers pour la création de compagnie d'assurance. Ce n'est même pas des filiales de bancassurance qu'elles ont créées. La bancassurance est un partenariat où la banque met à la disposition de la société d'assurance ses guichets à travers le territoire national pour vendre des produits d'assurance. Il s'agit, en fait, d'élargir le réseau de distribution de compagnie d'assurances. C'est ce genre de partenariat qui existe actuellement en Algérie. La loi est claire à ce sujet, que ça soit celle sur la monnaie et le crédit pour l'activité bancaire, l'ordonnance de 95 et la loi de 2006 pour le secteur des assurances. Ce partenariat donc ne peut impliquer la création de co-produits si on peut dire entre les deux parties. -Un premier partenariat a été conclu entre la SAA et la Macif avec l'association de la BDL et de la BADR. Pensez-vous que ce partenariat influerait sur le savoir-faire des assureurs algériens en matière de procédures, de remboursements et de délais ? Inévitablement, je reprends ce que j'avais dit plus haut à propos de l'apport positif avec un partenaire étranger qui maîtrise toutes les procédures de gestion et toute l'organisation d'une entité économique. Une entité bien organisée avec des procédures clairement définies et qui possède un système d'information qui fonctionne convenablement, donc inévitablement y aura une meilleure prise en charge des doléances des assurés. Cela implique des délais de remboursement réduits. -Est-ce qu'une étude a été menée sur les avantages et inconvénients du partenariat étranger pour le marché algérien des assurances ? Il y a le capital expérience du partenaire étranger qui va permettre la mise en place de produits nouveaux que nous ne connaissons pas sur le marché algérien. Il y a également les modes de gestion des assurés. Justement nous ne pouvons s'avancer sur ce terrain pour se prononcer sur ces délais de prise en charge car plusieurs facteurs rentrent en jeu parmi eux le comportement de l'assuré. A titre d'exemple, l'assuré de par les textes règlementaires pourrait bénéficier d'une réduction des délais en terme de remboursement pour le sinistre automobile. Il peut bénéficier d'une réduction de ce délai s'il a sur lui un imprimé de constat à l'amiable qu'il pourra signer en cas de sinistre avec la partie adverse. Quand l'assureur a devant lui un constat à l'amiable entre les deux parties, il ne peut qu'assurer le délai de remboursement. Il existe une part de responsabilité de l'assureur, d'ailleurs les assureurs eux-mêmes le reconnaissent, une autre part est liée au comportement de l'assuré lui-même et une part incombe à certains autres acteurs qui interviennent dans le processus d'indemnisation. -Que faut-il faire pour que le secteur se développe ? C'est un énorme chantier ! Les assureurs ont, eux-mêmes, fait le constat. D'une part, le système d'information doit être amélioré car on (assureurs) accuse un retard dans la réception de l'information et donc dans la gestion des dossiers. D'autre part, le comportement de l'assuré qui est en face d'une situation où il peut régler son problème à l'amiable mais ne faisant pas confiance à l'assureur donc il préfère la voie judiciaire qui met du temps pour se prononcer sur un dossier. Ceux sont les deux facteurs les plus importants qui ont généré ce retard. L'autre facteur dont on parle ces derniers temps c'est la qualité de l'information donnée par l'assuré. L'assureur est donc confronté à faire un travail minutieux pour remonter à une information juste et exacte. Il y a toutefois des cas d'assurés remboursés dans délais raisonnables. -Qu'entendez-vous par délais raisonnables ? Pour le corporel, les délais de remboursement sont de huit à douze mois et pour le matériel, cela dure entre trois à six mois. Cela dépend également de la police d'assurances que l'assuré a contractée. Le traitement n'est pas pareil entre celui qui est assuré en «tous risques» et celui qui est assuré au minimum. -Peut-on avoir un bilan chiffré et détaillé sur les différents partenariats et la liste des partenaires étrangers avec lesquels les assureurs algériens travaillent ou sont en négociations ? Aucun bilan chiffré n'est disponible, car les compagnies sont en discussion avec divers partenaires. Ils ne sont pas encore arrivés à finaliser les divers projets de partenariat. Le seul qui s'est concrétisé véritablement est celui entre la SAA et la Macif entre- autre car dans ce partenariat deux banques sont associées. Il faudra accordé au moins un exercice pour pouvoir dresser un bilan de ce partenariat. Sinon, c'est en cours de discussion pour d'autres partenariats pour des compagnies publiques et privées. Il faut signaler que les partenariats en question concernent deux axes : l'augmentation de capital et la séparation de l'assurance de personnes de celle de dommages. La loi 06 a fixé un délai de cinq ans à partir de sa promulgation pour que les compagnies puissent séparer les deux activités. L'échéance pour l'augmentation du capital est fixée pour novembre 2010 et la séparation des activités est pour mars 2011. La séparation des activités concerne les sociétés qui n'ont pas de souci d'augmentation de capital pour un partenariat. Pour celles qui doivent augmenter leur capital sont à la recherche d'un partenaire à cette fin. -Pensez-vous que les assureurs étrangers n'ayant pas obtenu leurs agréments pourraient éventuellement grâce à ce genre de partenariat réussir leur implantation sur le marché algérien ? Que cela soit par le biais d'apport en capitaux dans un partenariat ou la création d'une société d'assurance avec le partenaire étranger, la partie algérienne demeure majoritaire dans le capital social avec 51%. Le partenaire est dans l'obligation de respecter les dispositions légales. A lui de choisir le chemin pour venir s'installer puisque l'incompréhension 2009 sur le management a été levée par les pouvoirs publics. Donc, la balle est chez le partenaire étranger pour peu qu'il puisse satisfaire les exigences règlementaires et légales.