Le procès des quatre chrétiens, qui devait se tenir hier au tribunal correctionnel de Larbaâ Nath Irathen (27 km de Tizi Ouzou), a été reporté au 10 octobre à la demande des avocats de la défense. La demande de report a été motivée par l'absence du troisième avocat, maître Mokrane Aït-Larbi, qui assure la défense des prévenus en compagnie de Mes Rahmouni Fatiha et Benbelkacem. Les accusés – Yahou Mahmoud, Raïd Abdenour, Mokrani Nacer et Haouedj Idir – sont poursuivis pour «pratique et ouverture de lieu de culte sans autorisation». Dans le même procès, Yahou Mahmoud, propriétaire du lieu de culte, est également poursuivi. Sur la place Abane Ramdane mitoyenne avec le tribunal, des dizaines de citoyens ainsi que des membres de différentes organisations de défense des droits de l'homme, le représentant des églises protestantes d'Algérie, des membres du RCD, du MAK, du MDS, du Congrès mondial amazigh et du mouvement SOS libertés ont tenu à marquer leur présence pour dénoncer cette énième «atteinte aux libertés individuelles». Approchée à la sortie de la salle d'audience, Me Rahmouni, du barreau d'Alger, estime que «pour les charges, la justice se réfère à la loi 144 bis 2 du code pénal. C'est une atteinte à la liberté et à la Constitution», avant d'ajouter : «Dans son interprétation des textes de lois, la justice outrepasse souvent la Constitution. Donc, ce qu'il faut maintenant, c'est une force de mobilisation de la société pour freiner cette procédure.» Pour sa part, Me Benbelkacem explique que les 4 prévenus sont poursuivis pour «ouverture de lieu de culte sans l'autorisation de la commission nationale du culte autre que musulman, qui devait être activée cette année. Cette dernière a été chargée en avril 2009 de préparer des avis et donner des suggestions concernant la pratique d'un culte non-musulman». Rencontré sur les lieux, le responsable du bureau régional du RCD, M. Maâkni, a réitéré le soutien de son parti et déclaré que «le procès s'inscrit dans une logique d'inquisition pour laquelle on instrumentalise la justice. Le RCD ne peut que dénoncer ces atteintes répétitives à la liberté de culte qui est consacrée par la Constitution». Arezki Aït-Larbi, initiateur du Collectif SOS libertés, dénonce «un climat d'intolérance qui survient dans un contexte politique particulier où le pouvoir s'apprête à donner de nouveaux gages aux islamistes». M. Aït-Larbi souhaite enfin que «cette situation grave, qui crée un climat d'agression multiforme, interpelle tous les citoyens qui croient qu'un Etat de droit qui respecte les consciences et la liberté de culte est possible». Le MDS a qualifié, dans une déclaration, cette démarche du pouvoir «d'approche politique en porte-à-faux avec les droits et les libertés consacrés. Ce procès constitue une régression de l'Etat national où l'islamisme et la mafia politico-financière se trouvent confortés par cette démarche».