Mauvaises conditions socio-économiques, crise de logement, familles nombreuses, divorce des parents, alcoolisme..., sont autant de circonstances qui font que la pauvreté soit le noyau central de la dégradation familiale. Dans tous les cas, l'enfant est l'être le plus ciblé. Lui qui a besoin d'être entouré et comblé d'amour, bref sécurisé! Malheureusement, l'enfant n'attend pas, il grandit vite et il lui est impératif et vital de vivre sa vie d'enfant. Parfois à la place d'un être épanoui, nous verrons une créature mutilée à jamais. Parmi les nombreux cas que nous avons rencontrés, nous allons vous présenter ces enfants qui vivent dans l'anonymat le plus total. Ceci se passe partout en Algérie, mais ce phénomène est très particulier cet été sur la côte-Est de Béjaïa. Ils sont partout sur le bord des routes à 10 mètres d'intervalle, sur les plages et dans les cafés. Ils, ce sont ces petits gamins vendeurs de cigarettes, de glaces qui ont quitté très tôt l'école pour subvenir aux besoins de leurs familles soit parce que leur père les a abandonnés, soit qu'il est décédé prématurément etc. Beaucoup de raisons sont invoquées par ces enfants qui prennent beaucoup de risques pour gagner leur vie. Ils sont nombreux sur la RN 9 (Béjaïa - Sétif). A Tichy, ils installent leurs tables (leur commerces) devant les cafés, les hôtels, sur les plages. Certains d'entre eux viennent de très loin, comme Kaddour de Bordj Bou Arréridj. Il est venu avec un autre adulte. Il est issu d'une famille de 11 enfants dont il est l'aîné, son père à rendu l'âme suite à une longue maladie. Etant l'aîné, il n'a d'autre moyen que celui de vendre des cigarettes pour nourrir ses frères. Dix mètres plus loin, c'est Hakim qui nous accueille sous un soleil brûlant. Lui c'est plutôt pour aider son père qu'il travaille. «Si j'arrive à me payer les frais scolaires (affaires scolaires et habillement) cela me suffira largement». Il nous dira que ses clients sont des riches tout comme des pauvres. C'est la mode que d'acheter par cigarette ici. Il vend à tout le monde, le client n'a pas besoin de quitter son véhicule. C'est lui-même qui fait le service, le prix des cigarettes varie entre 4 et 8 DA selon la marque. Les véritables dangers qui guettent ces enfants sont incontestablement les accidents dont ils sont parfois la cause. En effet, ils s'installent au bord de la route, à la moindre faute de conduite, ils sont les premiers à en subir les conséquences. On nous apprendra par ailleurs que plusieurs enfants ont été tués dans ces conditions, que ce soit ici ou ailleurs. Il y a seulement quelque jours, un de ces vendeurs de cigarettes a été à l'origine d'un grand carambolage de voitures. Ceux qui travaillent sur la plage le font généralement en plein soleil sans aucun protection, les vendeurs de glaces parcourent parfois plusieurs kilomètres en traînant une lourde glacière en répétant inlassablement «Glace! fraîche! choco! fraise!» Certains d'entre eux préparent eux-mêmes les glaces, d'autres les achètent chez des glaciers en gros pour les revendre ensuite au détail sur les plages. D'origine familiale pauvre, ces enfants sont devenus de véritables commerçants qui ne sont inquiétés par personne, encore moins par les policiers qui sont d'ailleurs de bons clients, les dangers, ou le soleil. Ils bravent tous les dangers afin de subvenir aux besoins de leur famille dans une société où l'indifférence semble régner en maîtresse. Tous ces enfants sont là parce que quelque part il y a quelque chose qui ne va pas dans notre société. La pauvreté, les divorces, l'échec scolaire, etc, sont les raisons qui poussent ces gamins à travailler très tôt et dans des conditions inhumaines. Aujourd'hui, cet état de fait décèle une véritable rupture entre le pouvoir et la société. Face à des questions aussi pressantes, on voit un équilibre laconique et nonchalant. L'impératif est de tenir compte de ces enfants et de leurs besoins réels, à savoir une véritable école, un emploi pour le père...etc.