Les artisans de Bouira dénoncent le manque de matière première.L'absence d'une activité touristique a mis en difficulté ce secteur économique. La journée mondiale du tourisme coïncidant chaque an avec le 27 septembre a été célébrée au niveau de la maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira. A cet effet, la direction du tourisme et de l'artisanat (DTA) a organisé une exposition de trois jours dédiée à l'artisanat. Près de quarante artisans venus des quatre coins de la wilaya en ont pris part et exposé leurs produits, au même titre que d'autres artisans venus de sept wilayas voisines, limitrophes de Bouira.De nombreux métiers ont été représentés en cette manifestation, tels que des produits de poterie, de broderie, de bijouterie, tapis traditionnels et d'autres relatifs à l'art culinaire. «Cette manifestation a été organisée avec un objectif de faire découvrir le riche potentiel artisanal dont dispose la wilaya de Bouira», dira Mlle Benali, responsable à la direction de wilaya du tourisme. Notre interlocutrice a annoncé que ce secteur s'est mobilisé pour réussir un tel événement qui se veut un moyen de vulgariser les différents produits artisanaux locaux et réunir par là même tous les artisans de la région en vue de développer davantage ce circuit.Les artisans rencontrés sur les lieux ont saisi l'occasion pour relever le manque de la matière première, ainsi que les difficultés qu'ils rencontrent dans la commercialisation de leurs produits. A noter qu'il a été remarqué des articles artisanaux importés, notamment de la Tunisie. Un ébéniste venu de la localité d'Ivahlal, à l'est de la ville de Bouira, nous apprend «qu'il y a rareté de la matière première ; et lorsqu'on cette matière première existe, c'est généralement auprès de particuliers qui n'ont même pas de registres de commerce, d'où souvent la confiscation automatique de la marchandise». Même son de cloche pour la poterie traditionnelle dont l'argile est importée d'Espagne, nous apprennent nos interlocuteurs, alors que des régions entières dans notre pays, indiquent des exposants, sont très riches en la matière. La commercialisation du produit artisanal demeure la tache noire pour les artisans producteurs du fait que ces derniers ne trouvent pas d'acheteurs. «C'est à travers ce genre d'expositions qu'on arrive à commercialiser nos produits, mais cela reste insuffisant pour assurer la continuité et la subsistance de cette activité», soutient un potier que rien ne semble encourager, comme ses camarades d'ailleurs. Ce sont des métiers en voie de disparition, estime-t-il, puisque même les dispositifs mis en place par l'Etat, à l'instar de l'ANGEM, ne draine pas l'effet escompté. L'aide étant minime par rapport aux besoins, l'absence de touristes étrangers, comme locaux d'ailleurs, a aggravé la situation sociale, déjà précaire, de la majorité des artisans. Déjà que le produit artisanal local n'a pas toute sa place sur les étalages du marché, voilà que celui-ci est de surcroît inondé en produits asiatiques divers. Il reste beaucoup à faire pour le secteur de l'artisanat à Bouira, avoue-t-on. Par ailleurs, l'on a appris de quelques responsables du secteur du tourisme ayant pris part à cette manifestation qu'il sera réalisé prochainement dans la wilaya quelque cinq structures hôtelières. Leur capacité globale dépasserait les 500 lits, a indiqué le chef de service du développement touristique dans la wilaya. Les structures existantes en la matière ne répondraient plus aux besoins de potentiels touristes, d'où des irrégularités conjuguées à une gestion loin d'être parfaite pour ce secteur.