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Provisoirement, la 8e puissance…
International : les autres articles
Publié dans El Watan le 03 - 10 - 2010

Au cours des huit ans de la présidence de Lula, 29 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté et sont devenus des consommateurs avides.
Dans tous les secteurs, les grandes entreprises brésiliennes partent à l'assaut du monde : le pétrolier Petrobas qui vient de lancer avec succès une augmentation de capital de 70 milliards de dollars, Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, l'avionneur Embraer (3e mondial),«Ferme du monde», future puissance pétrolière, entreprises conquérantes : le Brésil est en marche pour rejoindre le peloton de tête des économies mondiales après une décennie de stabilité économique et de croissance sous la présidence de Luiz Inacio Lula da Silva. Avec une croissance de plus de 7% prévue en 2010, le Brésil est d'ores et déjà la huitième économie du monde, selon le Fonds monétaire international.
Mais, la corruption et la bureaucratie, le manque d'infrastructures et une compétitivité dégradée par un real fort constituent aussi de lourds handicaps - le fameux «coût Brésil»- au développement de cet immense pays de 193 millions d'habitants. «Le Brésil va vivre (...) une décennie de croissance et d'expansion», a prédit le président de la Bourse de Sao Paulo, Edemir Pinto. A la différence de l'élection de Lula en 2002, qui avait semé la panique sur les marchés, ceux-ci attendent sereinement le résultat du scrutin d'aujourd'hui : ni Dilma Rousseff, la dauphine de Lula favorite des sondages ni son opposant social-démocrate, José Serra, «n'ont le projet de modifier la structure de base de l'économie brésilienne», a relevé le président de la principale place financière d'Amérique latine.
«Tous promettent de garder l'inflation sous contrôle, de maintenir la politique de change flottant et celle de responsabilité fiscale. Ce sont les trois piliers sur lesquels repose l'économie brésilienne», dit-il. Cette politique a été instituée en 1994 lors du «plan real» lancé par le prédécesseur de Lula, Fernando Henrique Cardoso et conforté par Lula. L'optimisme du président de la Bourse reflète celui des familles qui sont plus des deux tiers à penser que l'économie va dans la bonne direction. Au cours des huit ans de la présidence de Lula, 29 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté et sont devenus des consommateurs avides. Il est vrai que, dans ce grand pays, les richesses paraissent inépuisables : l'eau, la terre, la main-d'œuvre, les minerais, le pétrole...
Le Brésil, parfois surnommé «le géant vert», est ainsi le premier exportateur mondial de soja, de sucre, d'éthanol, de bœufs, de poulets, de tabac ou de jus d'orange, une position tirée par la demande croissante de la Chine. «Les multinationales brésiliennes gagnent chaque fois plus de terrain sur le marché mondial», a dit Carlos Guanziroli, consultant à l'Institut interaméricain de coopération agricole. Dans tous les secteurs, les grandes entreprises brésiliennes partent à l'assaut du monde : le pétrolier Petrobas, qui vient de lancer avec succès une augmentation de capital de 70 milliards de dollars, Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, l'avionneur Embraer (3e mondial), l'entreprise de BTP Odebrecht ou le géant agroalimentaire Brasil Food, en sont quelques exemples.
Le Brésil est assis sur des réserves de 270 milliards de dollars, mais son solde commercial se réduit en raison de la frénésie de la consommation intérieure et de l'appréciation de la monnaie nationale, le real, face au dollar et à l'euro. Le ministre des Finances, Guido Mantega, a ainsi dénoncé «la guerre des changes» qui menace les exportations brésiliennes. Le principal frein à la croissance est toutefois le manque d'investissements dans les infrastructures, notamment les transports, aéroports et ports.
«Tant qu'il n'y a aura pas d'investissements importants dans le secteur des transports et des routes, cela aura une forte influence sur le dénommé ‘‘coût Brésil''», a estimé Gilson de Lima Garofalo, vice-président de l'Ordre des économistes du Brésil.
Le charismatique Luiz Inacio Lula da Silva a imposé le Brésil sur la scène internationale. En huit ans, tirant parti d'une économie en pleine expansion, le Brésil et devenu un acteur majeur des grandes négociations internationales sur le commerce, l'environnement ou la réforme de la gouvernance économique mondiale. Il a cherché à faire du G20 - qui réunit pays riches et grands émergents - l'enceinte privilégiée des discussions sur le nouvel ordre mondial au détriment du club des pays industralisés du G8. «Lula a voulu renforcer le G20 et affaiblir le G8 qu'il considère comme illégitime parce qu'il exclut les pays émergents», a dit Amado Cervo, professeur de relations internationales à l'université nationale de Brasilia.
Bousculer l'ordre international
«Dans une certaine mesure, il y est parvenu», a-t-il estimé. En revanche, la vieille ambition de la diplomatie brésilienne de s'asseoir à la table du Conseil de sécurité de l'ONU comme membre permanent, et non plus comme un simple invité n'a pas abouti. Moins par la faute de Lula que par le refus des cinq grandes puissances, membres permanents avec droit de véto, de partager le pouvoir au sein du plus haut organe décisionnel des Nations unies, selon l'analyste. David Fleischer, professeur à l'université de Brasilia, estime que le prochain gouvernement issu des élections présidentielles et générales d'aujourd'hui aura les mêmes difficultés.
En arrivant au pouvoir en 2003, Lula avait aussi fait de l'intégration régionale sud-américaine une priorité. Huit ans après, malgré son poids dominant, le Brésil n'est pas parvenu à concilier le patchwork d'intérêts divergents de ses voisins. Si Dilma Rousseff est élue, elle suivra la même direction, estime André Pereira César, consultant de l'institut CAC.


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