Le président Luiz Inacio Lula da Silva entame aujourd'hui une longue tournée dans six pays africains, marquant l'intérêt grandissant du géant sud-américain pour le continent noir. Le chef de l'Etat brésilien entamera son périple au Cap-Vert, l'un des neuf pays ou régions lusophones avec le Brésil où il participera à un sommet Brésil/Cedeao, la communauté économique de l'Afrique de l'Ouest qui réunit quinze pays. Puis, il visitera successivement la Guinée équatoriale, le Kenya, la Tanzanie, la Zambie, et enfin l'Afrique du Sud où il assistera à la finale de la Coupe du monde de football le 11 juillet. «Depuis l'arrivée du président Lula au pouvoir en 2003, la priorité donnée à l'Afrique est devenue une politique d'Etat, soutenue par des actions concrètes», a déclaré jeudi le porte-parole de la présidence, Marcelo Baumbach lors d'une conférence de presse. Lula n'a de cesse de rappeler que le Brésil - l'un des derniers pays du monde à abolir l'esclavage en 1888 - est le deuxième pays noir du monde derrière le Nigeria avec 76 millions d'Afro-Brésiliens (sur 190 millions d'habitants). Ce rapprochement avec l'Afrique entre dans le cadre du renforcement de la coopération Sud-Sud prônée par la Brésil, mais le pays sud-américain est encore un acteur mineur face à la Chine lancée dans la conquête des richesses du continent noir pour alimenter sa croissance. Cette tournée sera la cinquième de Lula en Afrique où il aura visité vingt pays au total, certains à plusieurs reprises. Ce sera également la dernière puisque la Constitution l'empêche de se présenter à un troisième mandat consécutif lors de la présidentielle d'octobre, en dépit d'une popularité record de 80%. Selon Baumbach, le Brésil «souhaite devenir un partenaire des pays africains dans de nombreux projets de développement. Il veut aussi développer les accords de coopération, les investissements et les financements de projets dans les secteurs de l'agriculture, des infrastructures et des énergies renouvelables», notamment. Comme lors de tous ses précédents voyages, Lula sera accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires. A chaque étape, le programme de Lula prévoit une rencontre avec les chefs d'Etat ou de gouvernement suivie d'un séminaire bilatéral avec des entrepreneurs. La stratégie a porté ses fruits puisque, depuis 2003 quand Lula est arrivé au pouvoir, les échanges commerciaux du Brésil avec les pays africains ont presque triplé: ils sont passés en sept ans de 6,15 milliards de dollars (2,68 mds USD d'exportations brésiliennes) à 17,15 milliards de dollars fin 2009 (8,69 mds USD d'exportations brésiliennes), selon les chiffres du ministère du Commerce extérieur. Le Brésil est particulièrement intéressés par une plus forte présence de sa compagnie pétrolière Petrobras et par des contrats pour des grands travaux d'infrastructure où les entreprises brésiliennes sont très compétitives. Le Brésil propose aussi un programme d'aide à l'agriculture, notamment pour le développement de biocarburants à base de canne à sucre. Lula a aussi décidé de fonder au Brésil la première université afro-brésilienne pour aider à former des spécialistes africains.