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La pénurie des médicaments révélée au grand jour, l'Etat dégage sa responsabilité
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Publié dans El Watan le 09 - 10 - 2010

Les pouvoirs publics savent certainement — s'ils ne le savent pas, les voilà informés — que de nombreux médicaments ne sont pas fournis aux malades hospitalisés dans le secteur public, encore moins à ceux qui sont traités en ambulatoire.
Il est de plus en plus demandé à la famille, après que le médecin ait prescrit une ordonnance, d'acheter les médicaments à l'extérieur. Cela concerne un nombre important de produits pharmaceutiques, en particulier certains antibiotiques ou les médicaments utilisés pour traiter les maladies graves et chroniques et ceux qui n'ont pas de génériques disponibles sur le marché. Ces médicaments, qui coûtent chers, ne sont pas sur les étals des pharmacies hospitalières pour des raisons de budget. Les responsables de ces structures publiques arguent qu'elles disposent d'un financement qui n'est pas suffisant pour répondre à la grande demande en médicaments. Cette raison nous a été bien sûr invoquée officieusement. Quant au malade, il lui est simplement dit que le produit est en rupture de stock et qu'il doit le ramener de l'extérieur ».
C'est ce que j'écrivais, il y a plus de deux années, dans une contribution parue dans le quotidien national El Watan du 17 mai 2008, sous le titre : «La médecine est-elle encore gratuite en Algérie ?» Les députés étaient en train de débattre d'un projet de loi venu modifier et compléter la loi 85-05 du 16 février 1985, relative à la protection et à la promotion de la santé. Ce projet de loi avait pour objectif de réglementer le marché du médicament et de créer l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, une agence censée garantir un approvisionnement régulier du marché en quantité et en qualité. la mission qui est attribuée à
«l'agence» - elle a été ainsi dénommée - par l'article 194-15 de la 08-13 du 20 juillet 2008 (JO n°44 du 3 août 2008) : «… assurer la régulation du marché des produits pharmaceutiques… et veiller à la disponibilité et l'accessibilité des produits pharmaceutiques…»
Un objectif qui n'a pas, de toute évidence, été atteint. La pénurie des médicaments est là. En réalité, pour le malade, elle l'a toujours été. Seulement, il a eu à la subir dans la solitude, à huis clos ; parce qu'elle s'est amplifiée et qu'elle touche aujourd'hui les produits utilisés dans le traitement des maladies graves, cette pénurie est révélée au grand jour.
Le syndicat national des pharmaciens d'officine et l'union nationale des opérateurs en pharmacie s'en plaignent ; les médecins n'arrivent plus à répondre à la demande de soins - sans cesse croissante - des maladies chroniques, en particulier celles qui nécessitent des chimiothérapies contrôlées en milieu hospitalier et pour lesquelles ils sont amenés à ouvrir des listes d'attente et à donner des rendez-vous improbables ; enfin, les associations de protection des malades, à l'exemple de celles qui luttent contre le SIDA ou les maladies cancéreuses, menacent de poursuivre le ministère de la Santé en justice.
Voilà ce qui a changé depuis la création de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, et voilà en réalité ce qui gêne aujourd'hui le ministre chargé de la Santé. Ce dernier, surpris par l'ampleur que prend la situation, multiplie les sorties médiatiques et les déclarations. Dans un communiqué rendu public par ses services, en date du 25 août dernier, il reconnaît la réalité du manque de médicaments mais il s'empresse de dégager la responsabilité de l'Etat. «Les signalements de non-disponibilité de certains produits n'impliquent pas la responsabilité du ministère»… «Les engagements pris concernant l'assurance de la disponibilité des médicaments ont été honorés».
Amateur de chiffres, et pour étayer sa thèse de la non-culpabilité de l'Etat dans cette affaire, le ministre n'hésite pas à annoncer que les pouvoirs publics ont consenti, dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, une cagnotte de 281 milliards de dinars pour les besoins de santé de la population. «Le seul pays de la région à mettre 8% de son PIB pour les dépenses de santé», a-t-il affirmé non sans fierté. Une somme colossale qui ne parvient pas, chacun l'a constaté, aux citoyens qui ont perdu leur santé et pour lesquels cette manne financière est supposée être destinée. Ould Abbès ajoute que l'Etat a investi, en 2009, une enveloppe de deux milliards de dollars pour importer des médicaments.
Beaucoup d'argent qui a, sans doute, profité non pas aux malades mais aux importateurs et autres intermédiaires. Il n'oublie pas de rappeler - il fait bien de le faire - que la population des malades cancéreux dans notre pays est aujourd'hui de 40 000 sujets et que ce chiffre passera à 43 000 en 2012. Des malades pour lesquels il ne prévoit dans l'immédiat aucune stratégie de prise en charge. Pour autant les médecins spécialisés de cette pathologie ont essayé, voilà quelques mois, de sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité d'engager une véritable réflexion pour aller au-devant des problèmes que ne manquera pas de poser, à notre pays, la pathologie cancéreuse. C'était à l'occasion d'une journée organisée sur cette affection par la commission santé et affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Des associations de malades étaient présentes. J'ai souvenir que les médecins avaient attiré l'attention du ministre Barkat sur les graves difficultés qu'ils rencontrent pour organiser au mieux la prise en charge et l'accompagnement thérapeutiques de leurs malades. Les praticiens se sont notamment plaints du manque des produits pharmaceutiques et de l'impossibilité pour les patients à accéder aux soins par la radiothérapie. Pour l'une comme pour l'autre thérapeutique, les listes d'attente sont, aux dires des spécialistes qui ont intervenu, interminables et inadmissibles. Le ministre, qui avait montré de la bonne volonté, avait annoncé que plusieurs centres anticancéreux étaient en construction et que 15 unités de radiothérapie allaient être livrées rapidement. Je me souviens que chacun était resté sur sa faim. Il n'avait pas répondu aux attentes, aucune décision n'avait été annoncée et point de solution concrète.
Plusieurs mois plus tard - Ould Abbès avait, entre temps, échangé son ministère avec celui de Barkat - la situation des malades chroniques s'est aggravée. Il y a encore et toujours pénurie de médicaments et ceux qui sont atteints du cancer ne peuvent toujours pas prétendre ni à la cure de chimiothérapie encore moins à celle de la radiothérapie. La souffrance des malades et la détresse des professionnels ne semblent pas avoir ému les pouvoirs publics. Et pour cause, au lieu d'offrir des réponses à cette situation, le ministre de la Santé se perd dans les chiffres… des milliards de dinars et de dollars, comme si la simple évocation de ces mots allait, par un tour de magie, apporter le soulagement et/ou la guérison.
En réalité, des chiffres pour dire la générosité de l'Etat, un Etat qui dépenserait bien sûr sans compter pour le bonheur de son peuple ( ?). Une telle démarche cache mal le désir du ministre de soigner l'image du gouvernement et ses sorties médiatiques trahissent, sans aucun doute, le souci de prouver au citoyen que les pouvoirs publics travaillent à construire son bien-être.
Le ministre est dans son rôle, il a tout de même promis que la pénurie des médicaments sera terminée avant le mois de Ramadhan. Ce mois sacré est fini, la pénurie «résiste».
Si le ministre en charge de la Santé écarte la responsabilité de l'Etat dans la survenue de cette situation, qui en est alors responsable ? Qui est à l'origine des attentes interminables infligées à des personnes qui nécessitent une cure de chimiothérapie ou de radiothérapie ? Des personnes auxquelles on apprend qu'elles sont porteuses d'une maladie incurable, le cancer, et que l'on fait émarger sur une liste d'attente avec des délais de rendez-vous étalés sur plusieurs mois, voire sur des années. Le temps de mourir...
Invraisemblable et inhumain
Les ministres qui ont précédé Ould Abbès avaient déjà été informés des graves anomalies qui ont émaillé l'approvisionnement et la distribution des produits pharmaceutiques. J'ai personnellement attiré l'attention de Amar Tou - alors ministre en charge de la Santé de la Population, à l'occasion de son passage à la commission santé et affaires sociales de l'Assemblée nationale - sur les pénuries de médicaments dont se plaignent de nombreux malades, particulièrement ceux qui ont affaire avec les services de santé publique. C'était durant le premier trimestre 2008, il était venu présenter un projet de loi sur la régulation du marché des médicaments.
J'avais, dans le cadre des débats sur ce projet de loi, défendu la nécessité de souligner la notion d'obligation pour les hôpitaux de servir gratuitement les médicaments aux malades hospitalisés, parce que, je le disais au début de cette contribution, pour de nombreux produits, les patients sont très souvent obligés, ordonnance en mains, de se «les débrouiller ailleurs ». Les hôpitaux ne peuvent pas ou ne veulent pas les fournir. L'article 180 de la loi 85-05 a été en effet modifié et complété par la loi 08-13, parue dans le Journal officiel n°44 du 03 août 2008. «Les médicaments à usage hospitalier figurant dans les nomenclatures prévues à l'article 175 bis ci-dessus et prescrits par les praticiens médicaux des établissements hospitaliers publics, doivent être fournis gratuitement aux malades hospitalisés ou soignés en ambulatoire par ces établissements». La notion d'obligation n'a pas été clairement signifiée dans cet article de loi, il est bien spécifié que les produits «doivent être fournis gratuitement».
Un progrès par rapport au précédent texte qui disait simplement que les médicaments «sont fournis gratuitement», les lecteurs apprécieront.Aujourd'hui, les patients, notamment ceux qui présentent des maladies chroniques et graves et dont les médicaments ne peuvent être fournis que par le secteur public, ont entre les mains l'instrument juridique qui leur permet de faire valoir leur droit à recevoir, quelles que soient les circonstances, gratuitement le médicament et à, de ce fait, mettre dans l'obligation les structures de santé publique à «se débrouiller» pour mettre à disposition les produits pharmaceutiques dont le sujet, en traitement, a besoin. Barkat, qui a succédé à Tou, avait également été informé des pénuries de médicaments et des difficultés à obtenir une cure de radiothérapie. Il était venu défendre, devant la commission santé et affaires sociales de l'Assemblée nationale, son programme de vaccination pour la grippe A.
Je venais d'être interpelé, dans les jours qui ont précédé cette rencontre, par un professeur de médecine, chef d'un service d'oncologie. Ce confrère m'avait fait part de son inquiétude concernant des ruptures dans l'approvisionnement des médicaments utilisés pour les malades atteints du cancer. Il m'a simplement dit que l'interruption d'une cure de chimiothérapie condamnait inévitablement le malade à des rechutes dont le pronostic ne pouvait qu'être sombre. Ce professeur de médecine avait également insisté sur la nécessité d'alerter, au plus vite, les pouvoirs publics quant à l'impossibilité pour le malade d'obtenir un rendez-vous pour une cure de radiothérapie. J'avais naturellement profité de la venue du ministre à l'Assemblée pour relayer l'inquiétude de ce praticien. J'ai en mémoire que le premier responsable du ministère de la Santé avait l'air préoccupé. Il m'avait distraitement répondu, presque mot pour mot, ce qu'il avait dit quelques semaines auparavant : des centres anticancer et de radiothérapie sont en construction. Il est vrai qu'il était totalement absorbé par sa campagne de vaccination pour la grippe A.
Son objectif du moment était de convaincre les parlementaires sur l'opportunité de son plan de vaccination ; il était venu pour cela. La pénurie des médicaments s'est entre temps aggravée.
Le ministre actuel en charge de la Santé de la Population doit assumer les ratages de ses prédécesseurs. Nous sommes dans une même République et c'est le même Etat. Ce dernier est seul responsable de ce qui se passe aujourd'hui, même si Ould Abbès tente vainement de se défausser sur des problèmes de distribution ( ?) «Il s'agit d'un problème de distribution, ni plus ni moins. Nous avons pris nos dispositions pour que tout rentre dans l'ordre dans les prochains jours…», a-t-il dit, lors d'une visite de travail qu'il a effectuée, il y a quelques jours, à Annaba.
Des problèmes de distribution qui durent depuis des mois ou des années ? Quand bien même le ministère de la Santé n'est pas responsable des graves dysfonctionnements qui affectent la distribution des médicaments, il a la responsabilité d'y remédier pour que les malades n'en «payent pas les pots cassés». A ce jour, il n'a apporté aucune réponse concrète à ce problème.
Que fait l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, dont le rôle est de réguler et de veiller à la disponibilité permanente des médicaments ? Certes, cette agence est indépendante et n'est pas sous le contrôle direct du ministère de la Santé. Cependant, elle est, au regard de l'article173-3 de la loi 08-13 du 20 juillet 2008, chargée d'«établir un rapport annuel, adressé au ministre chargé de la Santé, sur la situation du marché des produits pharmaceutiques…». Est-ce que ce rapport est arrivé sur le bureau du (des) ministre(s) ? Une question qu'il est aujourd'hui légitime de se poser. L'article 54 de la Constitution algérienne garantit le droit à la protection de la santé pour tous les citoyens.
De plus, la loi 85-05, relative à la protection et à la promotion de la santé, stipule, dans ses principes fondamentaux, qu'elle «a pour objet de fixer les dispositions fondamentales en matière de santé et de concrétiser les droits et devoirs relatifs à la protection et à la promotion de la santé de la population», article premier. Elle ajoute que «les objectifs en matière de santé visent la protection de la vie de l'homme contre les maladies et les risques… notamment par la distribution de soins répondant aux besoins de la population», article 3. Ces articles de loi sont clairs et sont sans équivoque, ils interpellent l'Etat dans ses responsabilités et lui commandent de veiller à la sauvegarde de la santé du citoyen. Ould Abbès est ainsi dans l'obligation de mettre un terme définitif au désordre et à l'improvisation qui prévalent dans l'approvisionnement et la régulation du marché du médicament. Une situation qui a trop duré. Toutes les pénuries peuvent être acceptées, celle des médicaments est intolérable, humainement insoutenable.


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