En 2030, 438 millions de personnes seront atteintes de diabète dans le monde, 2/3 d'entre elles vivent dans les pays en voie de développement. Un chiffre en augmentation de 54% par rapport à 2010. Stockholm De notre envoyée spéciale Une nouvelle étude présentée au 46e congrès annuel de l'EASD à Stockholm (Suède) révèle que le risque de cancer chez les personnes utilisant l'insuline est plus élevé au début du traitement et diminue au fil du temps.Le lien entre le diabète et le cancer a été un des thèmes évoqués lors du 46e congrès annuel de l'association européenne de l'étude du diabète (EASD) qui s'est tenu du 20 au 24 septembre dernier à Stockholm en Suède. Depuis la publication l'année dernière, dans Diabetologia, des résultats d'études épidémiologiques discordantes soulevant la question d'un lien éventuel entre traitements du diabète de type 2 par l'insuline et cancer, de nombreuses équipes internationales ont travaillé pour approfondir le sujet. Les spécialistes ont de prime abord posé l'évidence de la relation déjà connue entre l'obésité, le diabète et le risque de cancer et mortalité chez ces patients. Cette augmentation de risque est rapportée dans certaines études présentées à cette édition à laquelle ont pris part 17 000 congressistes venus du monde entier. Un constat confirmé, mais indépendamment des traitements reçus. Des chercheurs de Steno Diabetes Center au Danemark ont effectué la plus grande étude enregistrée à ce jour sur le lien du diabète avec le cancer et l'utilisation de l'insuline. L'étude a concerné une population de 5,5 millions de personnes pendant 13 ans. «Contrairement à ce que l'on pensait, le risque de cancer n'augmente pas avec une utilisation prolongée de l'insuline. Nous pouvons maintenant dire qu'il n' y a pas d'inquiétude à ce niveau-là», a déclaré Daniel Witte, directeur du groupe de recherche épidémiologique au Steno Diabetes Center au Danemark. L'étude confirme l'association bien établie entre le diabète et le cancer. Cette augmentation de l'incidence a été particulièrement évidente dans les premières années après le diagnostic, mais a diminué au fil du temps. Le risque accru de cancer était plus prononcé chez les personnes utilisant l'insuline, et l'étude a montré que, pour ces patients, le risque était plus élevé au début du traitement à l'insuline et diminue avec le temps. Selon l'étude, l'on peut dire que 20,9% des hommes danois non-diabétiques âgés de 65 ans peuvent s'attendre à développer un cancer au cours des 10 prochaines années, comparativement à 22,3% des hommes atteints de diabète sans insuline et 23,7% d'hommes utilisant l'insuline. Pour les femmes âgées de 65 ans, le taux prévu de cancer est de 15,4% pendant 10 ans dans la population générale, 16,1% pour les femmes atteintes de diabète sans insuline et 19,5% pour les femmes sous insuline. Les résultats de l'étude montrent ainsi que le risque du cancer diminue chez le patient atteint du diabète, «ce qui indique clairement que le diabète ne peut pas provoquer le cancer», concluent les auteurs de l'étude, tout en précisant, qu'outre l'insuline, il y a des facteurs qui jouent un rôle important. «Les patients atteints de diabète de type 2, obèses, et requièrent une insuline sont plus susceptibles, pratiquant peu d'exercice physique et un régime alimentaire malsain présentent des facteurs de risque»., a-t-on indiqué. L'on précise ainsi que l'étude ne peut pas séparer l'effet de facteurs de risque communs et l'effet biologique de l'insuline. Par conséquent, l'étude ne peut confirmer ou infirmer un lien de causalité entre l'insuline et le cancer. A noter qu'aucune étude n'a évalué l'effet de l'insuline ou la durée du diabète sur l'incidence du cancer comme cela a été montré dans cette récente étude. Dans ce contexte diabète-cancer, les congressistes ont eu lors de cette 46e édition de l'EASD, la confirmation de l'effet protecteur de la metformine, un antidiabétique oral utilisé pour contrôler la glycémie, en mettant en exergue ses propriétés anticancéreuses «Ce vieux médicament pourrait bien effectuer un nouveau tour pour la prévention du cancer - et même un traitement», a déclaré Michael Pollak, MD, de l'université McGill à Montréal. «Si quelqu'un venait à synthétiser la metformine dans un laboratoire, ce serait considéré comme un développement scientifique très important» a-t-il souligné lors d'une conférence de presse de l'EASD.However.Toutefois, il est encore trop tôt pour suggérer que les patients atteints de cancer devraient prendre de la metformine. Aucune stratégie de prévention du cancer n'a jamais montré un tel avantage important, a-t-il souligné.