A la veille du sommet, les foyers de tensions se sont multipliés. Les journalistes de la chaîne de télévision TV5 ont été malmenés alors qu'ils tournaient un sujet sur l'opposition. Les jours précédents, ce sont leurs confrères de la chaîne belge RTBF et l'envoyé spécial de Libération, qui ont été agressés. La capitale tunisienne accueille, pour une semaine à partir d'hier, une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement et plus de dix mille représentants de 170 pays, d'organisations non gouvernementales et des industries des nouvelles technologies. Ce beau monde vient participer au Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) organisé par l'Organisation des Nations unies, dont les travaux démarrent aujourd'hui et dureront jusqu'à vendredi. Au moment où la ville se parait de ses plus beaux atouts pour recevoir comme il se doit ses prestigieux invités, les foyers de tensions se sont multipliés. Les médias étrangers, qui veulent rendre compte de ces dépassements, sont à leur tour la cible de la répression policière. Les journalistes de la chaîne de télévision internationale francophone TV5, ont été malmenés alors qu'ils tournaient un sujet sur l'opposition. Les jours précédents, ce sont leurs confrères de la chaîne publique de télévision belge RTBF et l'envoyé spécial du quotidien français Libération, qui ont étés agressés par les policiers au moment où ils préparaient des reportages sur le même sujet. Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a exhorté, hier, “la Tunisie à garantir la liberté d'information et le libre exercice par les journalistes de leur métier”. Il faut croire que les opposants au régime de Ben Ali ont réussi leur coup. Un groupe de huit opposants, parmi lesquels des personnalités connues dont l'inénarrable Hamma Hamami, porte-parole du Parti communiste des ouvriers tunisiens (interdit) ont entamé une grève illimitée de la faim le 18 octobre dernier, en signe de protestation contre les atteintes répétées aux droits humains et libertés publiques et pour la libération de 401 détenus d'opinion. L'un des grévistes, l'avocat Abderraouf Ayadi, vice-président du parti non reconnu Congrès pour la République, a été contraint de s'alimenter, au début du mois en cours, après que son état de santé eut été sérieusement dégradé. Samir Dilou, un avocat de 39 ans, a également interrompu la grève, avant-hier. Souffrant de troubles rénaux et de problèmes cardiaques, il a été transféré en urgence dans une clinique privée après avoir perdu connaissance. Evidemment les autorités tunisiennes se défendent de la présence, dans les prisons, de détenus d'opinion. Elles accusent, en conséquence, le groupe des grévistes, “de monter une mise en scène à l'occasion du Sommet mondial sur la société de l'information”. Elles affirment que “les revendications formulées pour justifier cette opération de désinformation n'ont aucune substance”. Le régime a prévu, d'ailleurs, une réaction de l'opposition pendant la tenue de la rencontre internationale. Tunis est étroitement quadrillé par des dizaines de milliers d'agents des services de sécurité, en tenue et en civil. Au-delà de la crainte de manifestations de soutien d'étrangers aux grévistes – le secrétaire général de Reporters sans frontières Robert Ménard a été interdit d'entrée en Tunisie pour participer à la rencontre onusienne- les autorités du pays voisin veulent éviter à tout prix le moindre incident qui serait lié au terrorisme. Les autorités tunisiennes ont qualifié hier d'“inexplicables et inadmissibles” des déclarations du ministère français des Affaires étrangères selon lesquelles une équipe de la chaîne de télévision publique française TV5 aurait été impliquée dans “un incident” hier à Tunis. “Les explications du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères concernant un soi-disant incident impliquant la chaîne de télévision TV5 sont inexplicables et inadmissibles”, a-t-on déclaré de source officielle. “Sans vérification aucune, le porte-parole évoque un incident qui serait survenu, selon lui, hier, alors qu'il aurait dû savoir qu'aucune équipe de TV5 n'était présente ce jour à Tunis”, a ajouté cette source qui a requis l'anonymat. “Les autorités tunisiennes sont indignées de telles déclarations infondées qui sont de nature à porter préjudice aux intérêts de la Tunisie étant donné notamment qu'elles interviennent pendant le déroulement du Sommet mondial sur la société de l'information”, a-t-on ajouté de source officielle. Synthèse R. N.