Les partis politiques et les candidats indépendants aux élections partielles à Tizi Ouzou affinent leur stratégie et leur programme pour la campagne électorale qui démarre officiellement jeudi prochain. Mais en raison de l'Aïd, la campagne ne sera vraiment effective qu'au début de la semaine prochaine, samedi ou dimanche. Les enjeux sont différents d'un parti à un autre, mais chacun essayera de convaincre le plus de citoyens. Des citoyens dont le comportement le jour du vote reste insondable au jour d'aujourd'hui. Après des années de violence, d'émeutes, d'exclusion, la Kabylie renoue avec la compétition électorale « pacifique ». Quatre partis politiques, à savoir le FFS, le RCD, le FLN et le RND, animeront l'essentiel des manifestations publiques du fait qu'ils ont le plus grand nombre de listes de candidats aux APC. Pour certaines formations politiques, ce ne sont pas tant les 20 mois de gestion des collectivités à venir qui les intéressent tant, mais c'est d'abord de reconquérir le terrain et de préparer l'avenir, à savoir les prochaines élections de 2007. Au RCD comme au FFS, on craint d'abord le comportement de l'administration, tentée de favoriser les partis de l'Alliance présidentielle et des indépendants, dont l'objectif de discréditer ces deux partis, qui des années durant, ont animé la scène politique locale, avec bien entendu des hauts et des bas. Après avoir réussi à confectionner 63 listes APC et une liste APW sans trop de problèmes, le FFS prépare activement sa campagne. Une campagne qui se fera d'abord par les candidats eux-mêmes. Selon les responsables de la fédération de Tizi Ouzou, la liberté a été laissée aux structures communales du parti pour mener à bien la campagne à travers tous les villages de chaque commune convoitée. La direction du parti a, en outre, programmé des meetings animés par des cadres et des personnalités connues du FFS dans tous les chefs-lieux de daïra, en plus d'un grand rassemblement au chef-lieu de wilaya les derniers jours de campagne. En voulant connaître les noms de ceux qui vont animer ces sorties, on nous répond que toute la direction du parti sera impliquée. Le FFS craint-il quelque chose de ces élections ? A cette question, Salem Boudjema, le chargé de la communication à la fédération de Tizi Ouzou, répond avec le sourire : « L'administration. » Il explique que pour cette fois « il n'y aura pas de commission communale ni de commission de wilaya de contrôle de l'élection », donc le parti ne sera pas associé au contrôle des opérations, avant et le jour du vote. « Nous espérons que, le jour du vote, l'administration autorisera la présence de nos représentants dans les bureaux de vote », ajoute M. Boudjema. L'autre parti qui voit en l'administration le premier adversaire dans cette course électorale, c'est le RCD. Pour le parti de Saïd Sadi, engagé dans 47 communes et dans la course à l'APW, il s'agit d'abord et avant tout de barrer la route aux « relais du pouvoir central » et de reprendre « le pouvoir local ». L'enjeu ? Selon Mouloud Lounaouci, le mandat des élus ne sera pas assez suffisant pour vraiment concrétiser un programme électoral, mais les 20 mois que durera ce mandat « seront suffisants pour prendre la température et préparer un quinquennat plus constructif. Les 20 mois à venir permettront aux élus de redonner le sourire et le rêve aux citoyens ». Ouyahia et des ministres en campagne Le programme de campagne du RCD est assez chargé. Saïd Sadi lui-même sera en tournée à travers plusieurs localités de la wilaya, avant de clôturer la campagne par un meeting au stade Oukil Ramdane le 21 novembre. Les sorties du leader du RCD sont programmées les 9, 12 et 14 novembre, avec pour chacune de ces journées une tournée dans 5 ou 6 daïras, suivant un découpage zonal qui englobe les localités du sud, de l'est et du nord de la wilaya. Plusieurs ministres des deux partis de l'Alliance présidentielle animeront eux aussi des meetings dans différentes daïras de la wilaya. Ainsi pour le RND qui a présenté 41 listes APC et une liste APW, c'est le chef du gouvernement et secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, qui aura l'honneur de clôturer la campagne du parti, qui se fera sous le slogan « Pour la stabilité et la relance économique de la région » et verra la participation de plusieurs ministres et cadres de la direction nationale. Au bureau du RND à Tizi Ouzou, le programme des meetings et rencontres dans les chefs-lieux de commune est en majorité finalisé. Chez l'ex-parti unique, avec des candidats dans les 67 communes de la wilaya en plus de l'APW, on annonce le déplacement à Tizi Ouzou de pas moins de 17 ministres appelés à sillonner la wilaya de Tizi Ouzou pour convaincre les citoyens de faire confiance aux candidats du FLN. 131 meetings sont ainsi prévus durant cette campagne, dont 4 seront animés par Abdelaziz Belkhadem. Selon M. Lkhdari, chargé de l'information, le FLN a prévu d'organiser un grand meeting à Ighil Imoula, le village où a été tirée la Déclaration du 1er Novembre 54. « Paix, stabilité, relance économique », tel est le slogan choisi par le parti durant cette campagne électorale, avec en prime la mise en place de quatre commissions au niveau de la mouhafadha de Tizi ouzou. Elles sont chargées des finances, du suivi du programme électoral, du sponsoring et de la communication. En attendant de connaître ce que sera le 24 novembre prochain, le citoyen attend qu'on le réconcilie d'abord avec la chose politique. Le citoyen, las des discours de haine, de violence et d'exclusion qui ont marqué la Kabylie ces quatre dernières années, espère du concret, une prise en charge de ses préoccupations quotidiennes, des solutions à des problèmes qui se sont accumulés avec le temps. En Kabylie, le vote est d'abord « sentimental ». On vote pour celui qu'on connaît le plus, qu'on apprécie le plus. A partir de la semaine prochaine, la Kabylie sera encore sous les feux de l'actualité. Il y aura certainement du bon, du moins bon et peut-être aussi du mauvais.