Quinze jours après l'introduction de l'autorisation de circuler, appelée passavant, dans la région de Maghnia, les premières conséquences tombent : les prix des produits de large consommation comme les céréales, l'huile et le sucre, à titre d'exemple, enregistrent des augmentions prévisibles et des denrées alimentaires comme le lait ou les sodas ont carrément disparu des étals et que seuls quelques détaillants tentent encore « d'importer » de Tlemcen et de Remchi. « Maintenant, avec cette décision discriminatoire, quel commerçant va s'aventurer à ramener de la marchandise des autres wilayas du pays pour l'introduire dans cette région frontalière ? Oui, oui, il ne faut pas avoir honte de le dire, on a érigé de nouvelles frontières », s'insurgent des commerçants dont la majorité songe réellement à fermer boutique. « Même les producteurs de lait ont vendu leurs vaches parce qu'ils ne trouvent plus d'aliments de bétails », renchérit un agriculteur. A Maghnia, la situation est telle que, économiquement, rien ne peut prédire l'avenir, même pas les responsables qui brandissent toujours le prétexte de la lutte contre la contrebande. « C'est un arrêté ministériel qui est appliqué et qui doit être appliqué et nous ne comprenons pas pourquoi les commerçants auraient peur s'ils n'avaient rien à se reprocher », s'interroge un responsable qui continue à croire que la lutte contre le trafic en tout genre se fait à 35 km des frontières officielles. Avant-hier, un transporteur d'une boisson étrangère autorisée en Algérie venant d'Alger et ignorant tout de ce passavant, a été arrêté à Maghnia avec comme griefs : contrebande. « J'ai toutes les factures, toutes les assurances et toutes les autorisations, sauf ce passavant dont je n'ai jamais entendu parler. Maintenant, je risque de payer une forte amende et la saisie de ma marchandise », s'offusque Mohamed M. En attendant que la population y voit clair, dans cette région frontalière, on craint le retour de la période sinistre du bon. « Ce n'est pas de l'humour cynique », tient à rassurer un groupe de jeunes.