Près de 17 000 mètres carrés, situés dans l'enceinte du complexe céréalier, risquent d'être «défalqués» de ses terres et paralysent toute une industrie. Le complexe céréalier Abou Tachfine, le poumon de la CCLS de Tlemcen avec une capacité de 450 000 quintaux de stockage et desservant tout l'Ouest algérien, risque de fermer en raison d'une décision de justice tombée comme un couperet sur plus de 400 travailleurs désabusés et ne trouvant comme moyen pour sauver leur bien et celui des pouvoirs publics qu'en observant un sit-in, depuis 48 heures. L'imposante infrastructure, à cause d'une décision de justice qu'on ne peut contester et la présence d'un huissier, a été obligée de se «séparer» de 17 000 mètres carrés où se trouvent un pont bascule, le laboratoire et le poste de police (l'accès). Cette décision, si elle venait à être exécutée, empêcherait les travailleurs et les responsables d'accéder aux 32 silos, à des magasins de légumes secs… enfin, à l'usine tout court. «L'huissier de justice, accompagné des forces de l'ordre, a délimité la superficie (près de 17 000 mètres carrés) avec du fil de fer barbelé empêchant toute activité du complexe et, du coup, ce sont pas moins de 6 minoteries de la wilaya qui se retrouvent paralysées», indique le directeur de la CCLS, M.Azzedine Lablak. Ce dernier, qui a enclenché une procédure judiciaire d'urgence en faisant appel à trois avocats, explique les faits: «Cette affaire remonte à 2004 lorsque les héritiers B.ont revendiqué devant les tribunaux cette superficie. Or, la CCLS avait acheté ces terres sur lesquelles est implanté le complexe auprès des domaines. Une transaction tout à fait légale puisque nous possédons tous les documents officiels (acte administratif, arrêté de cession, arrêté du wali, etc…) Comment pouvez-vous imaginer que l'Etat réalise un tel projet sans documents réglementaires?» s'interroge notre interlocuteur. Pourtant, il existe bien un arrêt exécutoire en faveur des héritiers B. daté du 9 juillet 2008 et ordonnant l'expulsion des lieux litigieux. Alors, s'agit-il d'une négligence de l'ancienne direction de la CCLS ? «Aujourd'hui, on en est là; en 2008, nous avons repris l'affaire en constituant un dossier en béton. Et à l'heure où je parle, nos avocats sont au parquet de Tlemcen». En outre, suite au pourvoi en cassation, ce litige est toujours pendant à la Cour suprême. M.Lablak affirme avoir tenté un arrangement à l'amiable en proposant aux héritiers le remplacement de la superficie revendiquée sur un autre espace appartenant à la CCLS. «Nous avons reçu un refus net!» dit-il, désolé. Devant cet état de fait, les travailleurs observent, depuis 48 heures, un sit-in devant l'entrée du complexe. «Nous demandons justice, scandent-ils, notre gagne-pain et les biens des pouvoirs publics sont menacés!» De quoi sera fait demain pour tout ce monde ?