Les travaux de la station de métro au niveau de l'ex-Régence d'Alger sont menés depuis quelque temps tambour battant après que le chantier de sondage-fouilles de 7 m de profondeur, entrepris par nos archéologues et ceux de l'Inrap eut été fermé. Les remblais sont remis en place sur les couches stratigraphiques, car il n'y avait pas beaucoup de temps à perdre : l'Entreprise du Métro d'Alger devant ouvrir son chantier dans les parages de ce site où il a été mis au jour des vestiges qui vont de l'époque punico-romaine aux périodes ottomane et coloniale, selon le rapport de synthèse des travaux de recherches établi durant l'année 2009 et présenté sous forme de document audiovisuel à l'opinion, il y a quelques mois par l'association des Amis de la Rampe Louni-Arezki, à l'occasion du mois du patrimoine. Il est bon de rappeler que le but de ces travaux de fouilles, qui ont coûté 1,7 milliard de centimes, vise à orienter le projet de la station de métro et mettre en évidence le tracé du cœur d'Alger historique. «Un tel projet est envisageable à la place des Martyrs, d'autant que l'Algérie dispose de moyens», avait expliqué un membre du conseil scientifique du CNRA et chercheur à l'Inrap, Dr Mahfoudh Ferroukhi. Faisant partie intégrante du plan permanent de sauvegarde, la station pourrait éventuellement être mise à profit dans la mesure où le lieu constituerait un musée souterrain déclinant des pans d'histoire d'El Djazaïr. Une station muséale qui, dit-on, pourrait être réalisée à l'instar de celles de Rome ou d'Athènes où le métro passe au milieu des vestiges préservés dans des sortes d'aquariums et exposés aux passagers. Autrement dit, joindre l'utile à l'agréable. Une manière aussi de renouer avec le passé d'Alger qui a vu passer nombre de civilisations. Mais l'EMA et le département de culture conjugueront-ils leurs efforts pour mener le projet à bon port ? Auront-ils assez de ressources pour muséifier une partie de la future gare de métro de la place des Martyrs ? Une zone qui s'étend, soit dit en passant, sur plusieurs hectares, couvrant des âges d'histoire enfouis dans les tripes d'El Djazaïr Ibn Mezghenna et où les strates de l'histoire peuvent être mis en évidence. Car au-delà du projet du métro qui accuse un retard criant, l'on s'interroge sur quelques velléités qui nous conduisent à croire aux bonnes intentions, mais non suivies d'acte. A l'image de la mise au jour du bassin d'une maison péristyle avec un panneau mosaïcal romain au niveau de l'îlot Lallahoum, mais livré à l'usure du temps.