Les prix, quoique assez élevés, restent inférieurs à ceux pratiqués l'année dernière. Même si les importations de la viande rouge ne représentent pas une quantité suffisante pour faire face à la consommation, elles ont toutefois pu réguler un tant soit peu le marché national. Les quelques milliers de tonnes de viandes rouges fraîches et congelées importées durant le 1er semestre de l'année en cours ne constituent qu'une infime partie par rapport aux 320 000 tonnes de viandes rouges consommées annuellement par les Algériens. Selon le responsable de la communication au ministère de l'Agriculture, les prix de la viande rouge ont, depuis moins d'une année, connu une certaine stabilité, voire une révision à la baisse. Le prix du kilogramme de viande ovine locale se stabilise entre 500 et 600 DA. Certes, ce prix reste assez élevé pour les petites bourses, mais abordable en comparaison à l'année dernière où le kilogramme avoisinait les 1 000 DA. Ce n'est pas l'avis de quelques observateurs qui indiquent que le prix du kilogramme de viande rouge dépasse 500 DA, tandis que celui de la viande rouge sans os est affiché à plus de 700 DA. Les quantités de viandes importées, visiblement faibles par rapport à la consommation nationale, n'ont, selon des observateurs, pas eu d'impact sensible sur les prix pratiqués, mais ont permis une certaine régulation du marché livré à de nombreux aléas climatiques dont la sécheresse qui a sévi deux décennies de suite, et d'autres facteurs liés bien sûr au déséquilibre de l'offre et de la demande. D'autres responsables au ministère n'évoquent pas la sécheresse comme étant un facteur déterminant. L'approvisionnement du marché national en viande congelée a, faut-il le rappeler, suscité un véritable soulagement au sein des esprits de nombreux pères de famille au revenu moyen. L'idée d'autoriser l'importation de ce produit, il y a plusieurs mois, a été d'un grand apport. Cette mesure a permis au simple citoyen de goûter un tant soit peu à la saveur de la viande, notamment durant le mois de Ramadhan. La viande congelée a, certes, sauvé le consommateur, mais aussi l'Etat qui n'arrive pas, il faut le dire, à maîtriser la flambée qui caractérise les prix à la veille de chaque mois sacré. Le recours à l'importation de viande réfrigérée (fraîche) est dans le fond une initiative louable. Si ce n'est la rétention de la viande locale et l'intervention des intermédiaires à tous les maillons de la chaîne, estiment les observateurs, la viande locale aurait couvert tous les besoins nationaux et les prix auraient été abordables. Une chose est certaine, il n'y a pas eu d'augmentation vertigineuse des prix pour le mois sacré de cette année. Les intermédiaires font grimper les prix Les importations effectuées jusque-là ont concerné essentiellement le bovin avec une quantité qui dépasse 2 000 tonnes. Quelques petites quantités d'ovin estimées à plus de 500 tonnes ont été en revanche introduites en Algérie, il y a à peine trois jours, dans des containers à travers les ports. La viande du mouton n'a pas été suffisamment importée car elle demeure trop chère pour les opérateurs économiques. La production ovine en Europe n'est, en outre, pas importante. Pour la viande fraîche, elle sera réfrigérée (c'est-à-dire fraîche) à laquelle est déjà habitué le consommateur algérien. Les services vétérinaires, dont la “machine” de contrôle est d'ores et déjà bien huilée, auront la tâche plus facile. Car, de l'avis des experts, il est plus aisé et très simple de contrôler une viande réfrigérée que celle congelée. La première, réfrigérée à +4°, est généralement consommée au bout de 72heures. Des clausesdevraient, par ailleurs, être signées au préalable avec les pays exportateurs. Il s'agit en fait de l'abattage hallal obligatoire des animaux. Les bêtes qui seront sacrifiées devront passer au test ESB contre la vache folle. Tous les matériels à risque comme les ganglions… seront également contrôlés. Outre les mesures de sécurité qui seront prises, les responsables concernés auront, en outre, à vérifier que la viande destinée au marché algérien soit la même que celle proposée au consommateur européen. “Pour peu que les opérateurs approvisionnent correctement le marché, les prix seront compétitifs et on s'acheminera inexorablement vers une régulation du marché”, avouera une source. Ce qui rendra l'achat de cette viande de plus en plus possible. Or, la viande de mouton est estimée à 500DA le kilo sortie de chez les grossistes. À travers les quelques opérateurs qui en ont importé, elle arrive chez le boucher à 600DA. L'une des solutions que proposent les experts à cette problématique est que l'Algérie doit s'inscrire dans un système d'exportation légal et transparent. Mais encore faut-il que le trafic qui se fait annuellement à travers nos frontières soit éradiqué définitivement. Il faut que le marché national, ajoutent-ils, soit ouvert parce que même les pays plus gros producteurs de viandes exportent et importent aussi. Les prix intérieurs sont toujours élevés car, il y a trop d'intermédiaires, et les bouchers utilisent une marge bénéficiaire importante. En Algérie, pour rappel, la consommation est de 11kg/habitant/an pour la viande rouge. Elle est de 8 kg/habitant/an pour la viande blanche. Toutefois, les besoins réels de consommation augmentent suivant les niveaux de vie du citoyen et son pouvoir d'achat. Mieux, si les prix de viande sont à la portée du commun des citoyens, la consommation ne peut être qu'importante. Badreddine K.