Les pays arabes se penchent sur les malheurs du continent noir. Le sommet arabo-africain de Syrte, ayant réunis les chefs d'Etats et gouvernements des 22 pays membres de la Ligue arabe, a été l'occasion de concevoir une nouvelle «stratégie de partenariat» ainsi qu'une résolution sur l'établissement du Fonds arabo-africain pour répondre aux désastres. Plus de trente ans après le premier sommet arabo-africain du Caire, les dirigeants arabes et africains prévoient de renforcer le dialogue politique sur la sécurité ainsi que la coopération dans les secteurs financier, commercial et du développement. Ce sommet «est l'aboutissement d'une prise de conscience de la nécessité de transformer la coopération afro-arabe en un véritable partenariat stratégique doté de plans d'action», a déclaré le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, à l'ouverture de la réunion, appelant les riches pays arabes à investir en Afrique pour aider le continent à sortir de «la marginalisation économique». «Les Etats frères arabes disposent de vastes réserves d'épargne, de ressources financières considérables et d'immenses capacités d'investissement. Nous pouvons nous rendre complémentaires», a déclaré M. Ping devant les dirigeants arabes et africains. «L'Afrique cherche à sortir de la marginalisation économique dans laquelle elle est confinée et ce, notamment par le biais du renforcement des investissements et de l'intensification du commerce», a-t-il dit, estimant que la proximité géographique entre pays africains et arabes représentait «un avantage certain». M. Ping a précisé que l'Afrique compte plus d'un milliard d'habitants représentant un septième des consommateurs du marché mondial. Il s'agit, selon lui d'un continent grand comme dix fois l'Europe et quatre fois les Etats-Unis, «aux ressources considérables» et qui est l'un des plus grands réservoirs de matières premières de la planète.Le guide de la Révolution libyenne, Mouammar El Gueddafi, autoproclamé «roi des rois d'Afrique», a souligné que les pertes subies par les pays arabes lors de la crise financière mondiale auraient pu être évitées si ces derniers avaient investi en Afrique.La nouvelle stratégie afro-arabe se propose d'améliorer la gouvernance et le climat des affaires pour permettre aux pays africains et arabes de renforcer leurs capacités économiques. La stratégie va mobiliser des fonds pour les projets nationaux et les grands projets afro-arabes, harmoniser les codes des investissements dans les deux régions afin d'encourager et de stimuler l'investissement entre elles. L'initiative devra, à en croire les résolutions du sommet, encourager et protéger les flux d'investissements dans les deux régions en utilisant les systèmes de garantie des investissements et les institutions existantes. Ainsi, les deux zones géographiques promettent de coopérer dans la lutte contre le terrorisme la criminalité transfrontalière, le trafic d'êtres humains et de drogue. Elles s'engagent à consolider les acquis des principales stratégies et des programmes qui ont été conçus au cours de ces trois dernières décennies comme le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Népad), les zones de libre-échange, les unions douanières et le Fonds arabe pour l'assistance technique en faveur des pays africains. Les travaux du deuxième sommet arabo-africain ont été couronnés par la création d'un fonds arabo-africain de lutte contre les catastrophes. Les ressources du fonds seront puisées des budgets de la commission de l'Union africaine (UA) et du secrétariat général de la Ligue arabe ainsi que des contributions bénévoles des pays arabes et africains et des institutions de la société civile et du secteur privé outre les contributions émanant d'organisations régionales et internationales, selon le texte de décision. L'Afrique recèle de nombreux avantages : le continent compte 53 des 192 pays membres de l'ONU ; un taux de croissance de 4,7% projeté pour l'année 2010 ; 13 pays africains connaîtront l'année prochaine des taux de croissance de 6 à 11%. En plus des Etats-Unis et des pays européens qui ont bien compris l'intérêt de se placer dans le continent noir, il est important de signaler que la nouvelle meilleure amie de l'Afrique, ces dernières années, est la Chine.