Les voitures continuent de brûler à Clichy-sous-Bois, près d'une semaine après le déclenchement des émeutes. Le ministre de l'Intérieur échoue à ramener le calme dans cette banlieue parisienne. Il se retrouve sous les critiques de l'opposition et même de son propre camp. Nicolas Sarkozy se retrouve seul à gérer la colère des jeunes de Clichy-sous-Bois. Le ministre de l'Intérieur français, en affichant un discours qui se veut ferme contre « la racaille », et comme toujours sous l'œil des caméras empressées, semble dépassé par les émeutes. En accusant à tort les deux jeunes adolescents, morts électrocutés dans un transformateur EDF, d'être des voleurs, le ministère de l'Intérieur a déclenché la colère des jeunes de ce quartier « sensible ». En visite à Bobigny pour soutenir les forces de l'ordre, Nicolas Sarkozy a voulu apaiser les esprits tout en durcissant son discours. Il n'a convaincu personne, ni les jeunes qui ont encore brûlé des voitures dans la nuit de lundi à mardi ni la classe politique. « Il faut deux choses maintenant, il faut un travail pour ces jeunes, qui le souhaitent, et il faut de la fermeté pour ceux qui ne veulent pas comprendre qu'il y a des lois aussi pour eux. Il ne faut pas se tromper : ceux qui ont été agressés, ce sont les forces de l'ordre, pas les voyous. Les CRS ont essuyé des tirs de gros calibres », croit-il obligé de préciser. La version des faits du ministre de l'Intérieur est démentie par des témoins. Les deux adolescents décédés n'étaient pas en train de voler, mais de jouer au football, ils étaient bien poursuivis par des policiers quand ils avaient été électrocutés. Pis, des policiers auraient lancé une ou plusieurs grenades lacrymogènes dans une mosquée. Ce qui n'a pas manqué d'exacerber la colère des habitants. Les familles des deux adolescents électrocutés ont refusé de rencontrer Nicolas Sarkozy. Pour Siyakah Traoré, frère de Bouna, l'un des deux jeunes décédés, « ce qui s'est passé à la mosquée est vraiment irrespectueux ». « Nous demandons le calme, nous demandons que justice soit faite, nous demandons que les CRS partent et nous demandons à être reçus par M. de Villepin. » Une mise à l'écart qui ne fait pas l'affaire du ministre de l'Intérieur. Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, a critiqué aussi le locataire de la place Beauvau. « Il ne faut pas dire aux jeunes qu'ils sont des racailles, il ne faut pas dire aux jeunes qu'on va leur rentrer dedans et qu'on va leur envoyer la police. Il faut y aller avec une volonté d'apaiser », conseille le ministre issu de l'immigration. Pour la gauche, « c'est l'échec du sarkozysme ». L'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a déclaré qu'en employant la formule « nettoyer au Karcher » ou le terme de « racaille » à l'encontre de certains jeunes des cités, Nicolas Sarkozy avait créé « un climat terrible ». En termes moins diplomatiques, il lui impute la responsabilité des émeutes avec ses « dérapages ».