La pénurie du lait en sachet est durement ressentie dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis une quinzaine de jours. Ce qui était considéré comme une simple crise passagère, la pénurie de lait en sachet (pasteurisé), est en train de boucler sa troisième semaine.La wilaya de Tizi Ouzou, avec sa dizaine d'unités de transformation, en est durement touchée, suite à cet arrêt forcé de la production. La seule et unique cause de cette crise qui perdure dans ce secteur réside dans l'indisponibilité de la matière première, la poudre de lait, fondamentale à la fabrication du lait pasteurisé que les professionnels du secteur se procurent au niveau de l'Office National Interprofessionnel du Lait (ONIL) d'Alger. Cet organisme gestionnaire de la filière lait est décrié pour son silence radio quant à un retour à la normale. C'est du moins ce qui ressort des déclarations de certains transformateurs de lait. A l'usine Pâturages d'Algérie, c'est la rupture de stock. D'habitude, elle recevait 260 tonnes/mois, pour 250 000 litres de lait, livrées en deux tranches, à intervalles de 15 jours. Aujourd'hui, l'unité ne reçoit que la moitié (130 tonnes), bien que «nous ayons payé notre quota au près de l'ONIL», précise le responsable commercial de cette laiterie. Pour faire face à la pénurie, et pour ne pas pénaliser davantage ses clients, l'usine achète auprès des privés 70 à 80 tonnes de poudre de lait. «Vu sa cherté, à la longue, continue notre interlocuteur, nous nous dirigeons vers l'arrêt total de la production». Plusieurs distributeurs et autres particuliers font le pied de grue devant l'entrée de l'usine de Draâ Ben Khedda pour être servi au compte gouttes. Les ménages, durement éprouvés, ne savent plus, en effet, à quel saint se vouer, tant et si bien que le litre de lait est devenu une denrée rare. Or, les conséquences n'ont pas tardé à se faire sentir à travers les villes et villages de la wilaya. La moindre quantité qui atterrit sur les bacs des commerçants est vite épuisée. Drastique, la distribution n'a épargné aucune surface de vente, en aval de la chaîne de production. Des commerçants corroborent l'information selon laquelle ils ne sont servis qu'un jour sur deux. Le quota est divisé par deux. «Nous avons choisi de rationaliser ce produit vital pour permettre aux gens de retourner chez eux, avec au moins, un sachet de lait, pour les chanceux», nous dira un livreur. Le lait cru, vendu plus cher, est lui aussi introuvable. Le lait en poudre est hors de portée des ménages. M. Medjkane, le patron de la laiterie Tifra-Lait qui n'est pas épargnée par cette crise, suggère que «pour enrayer ces pénuries récurrentes, l'Etat devrait encourager les initiatives locales». Subventionner le lait n'a pas réussi à mettre à l'abri le consommateur suite à des aléas exogènes. L'encouragement de la filière «lait frais» passe, à en croire ces professionnels, par la mise à la disposition des investisseurs nationaux du foncier pour ses multiples usages (fourrage, pâturages, hangars, etc.) «On ne peut pas produire du lait en plein air», affirme M. Medjkane, qui connaît parfaitement la nature accidentée des terrains dans la région. Se mettant en porte-à-faux sur la disponibilité du lait de vache, il nous apprend que «les éleveurs sont dans l'incapacité de satisfaire toute cette forte demande». En d'autres termes, c'est une production vraiment dérisoire. Pour l'instant, c'est le citoyen qui paie la gestion hasardeuse d'un secteur aussi sensible que celui du lait. Un produit de très large consommation chez nous.