Pour Brandon Jerwa, le cinéma s'est beaucoup inspiré de la BD et a rendu cette forme d'expression artistique plus accessible aux Etats-Unis. Brandon Jerwa est à Alger pour participer au Festival international de la bande dessinée (FIBDA) qui s'est ouvert hier ; il doit y animer des conférences et des débats. Brandon Jerwa, 37 ans, est connu aux Etats-Unis par ses travaux inspirés des séries télévisées populaires telles que Stargate, GI Joe, Highlander ou du célèbre film d'épouvante Army of Darkness de Sam Raimi. Sorti en 1992, ce long métrage, qui porte également le tire de Evil Dead (doublé français sous le titre de l'Armée des ténèbres), a rendu célèbre autant le comédien Bruce Campbell que le personnage qu'il a campé, Ash. Brandon Jerwa reconnaît que le cinéma influence la bande dessinée : «Ou peut-être même le contraire. Mais les deux sont liés. Quand je regarde un film, je pense tout de suite à l'adapter en BD. Les gens ne savent pas, parfois, que certains long métrages sont tirés de bandes dessinées», nous a-t-il déclaré d'une rencontre, mardi, au siège du journal. Selon lui, l'impact de la BD sur le septième art demeure toujours important. La BD et le cinéma ne partagent-ils par les techniques de la narration, de la séquence et du scénario ? Men in black, The Crow, la cité des anges, Les Quatre fantastiques, Hulk, Daredevil ou Astérix et Obélix sont tous inspirés de BD. Les films d'animations Ice age, Kung-fu Panda ou encore Alice au pays des merveilles réalisent les meilleurs résultats au box-office. Sorti en mars 2010, Alice au pays des merveilles de Tim Burton, qui sera présenté aujourd'hui à la salle Ib Zeydoun à la faveur du FIBDA, est un véritable exercice entre l'animation et la prise de vues réelle. Ce film de fantaisie a déjà dépassé les 1,3 milliard de dollars de recettes ! Selon Brandon Jerwa, l'adaptation de la BD au grand écran est une manière de la rendre plus accessible. «Ma grand-mère connaît Hell boy ou Iron man. Ils regardent les films mais on ne ressent pas cela sur les achats de BD dans les magasins. Les gens peuvent adorer le film mais ne vont pas courir acheter la BD», a-t-il remarqué. Pour lui, les auteurs de mangas font plus de ventes que ceux qui produisent les «comics» (BD) américains. «Je peux dire quelque chose de fou, cela ressemble à Madonna ou Lady Gaga, cela fait pop ! Les jeunes sont attirés par les mangas. Il reste que la BD est riche et varié aux Etats-Unis», a-t-il noté. Aux yeux de Brandon Jerwa, la violence fort présente dans les mangas, des BD d'origine japonaise, ne peut pas expliquer l'engouement populaire. «Il y a autant de violence dans la BD américaine», a-t-il observé. Le bédéiste s'est plaint des pressions des éditeurs : « Je suis à leur merci. Je suis dans une industrie commerciale. Je n'ai pas uniquement affaire aux éditeurs mais également aux détenteurs de droits de licence sur certaines œuvres.» Faut-il alors parler de censure ? «Dès le départ, je connais mes limites et je suis sur quoi je vais m'engager. Pour être censuré, il faut ne pas être du tout professionnel. Du moment où sait on où l'on va et sur quoi on signe, il n'y pas vraiment de censure. Chacun sait sur quoi il joue», a-t-il répondu. Brandon Jerwa s'apprête à produire un roman graphique pour le compte du célèbre éditeur Vertigo, connu par ses BD fantastiques et violentes : 100 Bullets, At death's door, The sandman, etc. «Je vais travailler sur ce projet avec Eric Trautmann et un artiste mondialement connu dont je ne pas citer le nom. Des clauses de confidentialité m'empêchent de le faire. Il n'y aura pas beaucoup de science fiction ni de super héros. C'est un travail intense et plein d'émotion sur un thème militaire. Cet album sortira probablement en 2012 », a-t-il expliqué. Ecrivain, Brandon Jerwa, qui vit à Seatle, dans l'Etat de Washington (nord-ouest américain), est également musicien. Il fut à l'origine de la création du groupe de rock Omnibox. Actuellement, il est le leader du groupe SD 6. Il a commencé sa carrière comme programmateur musical à la radio KRQT, spécialisée dans le rock classique. La musique influence-t-elle la création de BD ? «Oh, vous savez, je ne sais pas vraiment. J'aime bien faire les deux à la fois», a répondu avec un grand sourire Brandon Jerwa.