Reconnaissez Israël comme Etat juif, et je vous garantis un nouveau gel de la colonisation. Ghaza. De notre correspondant
C'est la dernière condition, ou plutôt, «offre empoisonnée» israélienne adressée aux Palestiniens qui l'ont vite rejetée. «Si la direction palestinienne déclarait sans équivoque à son peuple qu'elle reconnaît Israël comme la patrie nationale du peuple juif, je serai disposé à réunir mon gouvernement et demander une suspension supplémentaire des constructions», a déclaré lundi, devant la Knesset, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. «Tout comme les Palestiniens attendent de nous que nous reconnaissions un Etat palestinien comme leur patrie nationale, nous avons le droit d'attendre d'eux qu'ils reconnaissent Israël comme notre patrie nationale», a ajouté Netanyahu. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui exige un arrêt de la colonisation en Cisjordanie occupée pour poursuivre les négociations directes avec Israël, entamées au début du mois de septembre dernier, a rejeté ce nouveau chantage politique. Le gouvernement israélien avait refusé de prolonger le moratoire de 10 mois sur le gel de la colonisation qui a expiré le 26 septembre dernier, ce qui a poussé Abbas à mettre un terme aux négociations directes. Au lieu de se mettre du côté de la légitimité internationale qui considère illégale la colonisation israélienne dans les territoires occupés en 1967, les Etats-Unis, qui ont fait de gros efforts pour convaincre les Palestiniens à participer aux négociations directes qu'ils parrainent, n'ont pas trouvé mieux que de demander à la direction palestinienne de formuler une contre-proposition à l'offre empoisonnée de Netanyahu. Le Premier ministre israélien a exposé son point de vue sur les initiatives qu'il est disposé à prendre en faveur du processus et sur ce que son peuple est, à ses yeux, en droit d'en attendre. «Nous aimerions que les Palestiniens en fassent de même», a dit le porte-parole du département d'Etat, P. J. Crowley. Il a en outre apporté son soutien à la position défendue par Benyamin Netanyahu en rappelant que les Etats-Unis considéraient Israël comme un Etat juif. «Nous reconnaissons qu'Israël est, comme il le dit lui-même, un Etat juif», a-t-il dit. Jouant le jeu jusqu'à la fin, la direction de l'Organisation de libération de la Palestine a répondu hier par un appel à la direction américaine et Israël à définir les frontières de l'Etat d'Israël qu'ils veulent voir reconnu par les Palestiniens comme Etat juif. «Nous demandons officiellement à l'Administration américaine et au gouvernement israélien de fournir une carte de l'Etat d'Israël qu'on nous demande de reconnaîtres», a déclaré Yasser Abd Rabbo, secrétaire général du comité exécutif de l'OLP. «Si cette carte est fondée sur les frontières de 1967 et prévoit la fin de l'occupation israélienne de tous les Territoires palestiniens occupés en 1967, nous reconnaîtrons Israël quel que soit le nom qu'il se donne, conformément au droit international», a dit Abd Rabbo, sachant à l'avance que l'actuel gouvernement israélien, le plus à droite depuis la création de l'Etat hébreu, refusera de telles frontières. Devant le blocage actuel du processus de paix, les informations tombées hier, faisant part d'une réunion urgente, aujourd'hui, en tête à tête, à la demande du Premier ministre israélien avec la chef de l'opposition, Tzipi Livni, font craindre que la région se dirige vers une escalade militaire et non vers une solution pacifique. En Israël, de telles réunions précèdent généralement des prises de décisions importantes et parfois stratégiques. Lorsqu'on sait par ailleurs que l'armée israélienne a commencé hier, dans le désert du Neguev, les plus grandes manœuvres de l'histoire de l'Etat hébreu, avec la participation du nouveau char Merkava, on ne peut que croire à l'imminence d'une nouvelle guerre. Les cibles potentielles seraient le Sud Liban et le Hezbollah de Hassan Nasrallah, la bande de Ghaza et le mouvement Hamas, la Syrie et enfin l'Iran.