Le président du RCD, Saïd Sadi, brosse un tableau sombre de la situation politique et économique du pays. S'exprimant devant les membres du conseil national de son parti, réunis jeudi soir à Zéralda, à Alger, il donne son analyse sur plusieurs questions d'actualité nationale. Selon lui, la situation politique actuelle confirme le début d'une nouvelle étape qui est celle de l'après-Bouteflika. «L'après-Bouteflika a commencé», lance-t-il. Pour arriver à cette conclusion, le premier responsable du RCD fait le lien entre plusieurs faits qui, selon lui, seraient des signes avant-coureurs «d'une guerre de tranchées au sommet de l'Etat». Ce sont, dit-il, les grandes manœuvres. «L'armée a repris les choses en main avec la mise à l'écart de Yazid Zerhouni (…) Il y a une remilitarisation des institutions de l'Etat avec la nomination du général Hamel à la tête de la DGSN», estime-t-il. Ce fait, ajoute-t-il, a un lien direct avec la situation qui prévaut actuellement en Kabylie. Dans cette région, indique-t-il, le pouvoir se livre à «une provocation récurrente». «Cette provocation entre dans le cadre de la réorganisation des enjeux et de la redistribution des cartes au sein du pouvoir», dit-il. Code pénal pour les élus Le blocage de l'aide accordée par le PNUD à la wilaya de Tizi Ouzou et le conflit suscité par la construction d'une nouvelle mosquée dans le village d'Aghrib (Tizi Ouzou) constituent, souligne-t-il, «une provocation institutionnelle de la Kabylie et une démarche de fragmentation de la nation».«Le pouvoir veut montrer son enfermement dans son conservatisme et sa détermination à étouffer les libertés individuelles», commente-t-il. Cette lecture est confirmée, selon Saïd Sadi, par le silence et le mutisme qui caractérisent la diplomatie algérienne. «C'est un indice confirmant que la guerre des tranchées a commencé au sommet de l'Etat», soutient-il. Réaffirmant sa position concernant l'organisation des élections propres en Algérie, le leader du RCD tranche : «Tant que les segments sécuritaires seront présents dans la décision politique, c'est toujours l'impasse.» «Il faut éviter le sceau de l'illégitimité aux institutions à travers l'organisation de scrutins qui obéissent à un cahier des charges et en présence d'une surveillance internationale massive et qualifiée», suggère-t-il. Evoquant la dernière sortie de l'ancien président de la République, Chadli Bendjedid, Saïd Sadi estime que les déclarations de ce dernier sont adressées au FLN. Saïd Sadi s'interroge, toutefois, sur le timing choisi pour effectuer cette sortie. Revenant sur le projet du nouveau code communal adopté récemment par le Conseil des ministres, le premier responsable du RCD qualifie le texte «de code pénal pour les élus». «Ce texte réduit les élus locaux à des fonctionnaires subalternes du chef de daïra», souligne-t-il.