“Les grandes manœuvres ont déjà commencé”, estime le président du RCD, qui cite quelques faits significatifs quant à la reprise de l'initiative par l'institution militaire. Lors de son intervention à l'occasion de la session ordinaire du conseil national de son parti, tenue jeudi dernier, à la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda, le Dr Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), est longuement revenu sur la situation politique du pays, tout en abordant plusieurs autres questions liées aux volets socioéconomique et sécuritaire. L'une des idées-force évoquées à cette occasion est celle liée à l'évolution du système politique du pays. En l'occurrence, l'après-Bouteflika. “L'après-Bouteflika est engagé. Les grandes manœuvres ont déjà commencé”, a déclaré d'emblée le leader du RCD devant une assistance nombreuse, composée essentiellement de députés, élus locaux (APC et APW), de membres du conseil national et autres cadres du parti. Evoquant les “turbulences” qui gagnent les centres de décision du pouvoir, l'orateur citera la dernière sortie médiatique de l'ex-président Chadli Bendjedid et l'implosion qui menace le parti “majoritaire” du pays, le FLN. Pour le Dr Sadi, les rapports de force au sommet de l'Etat ont fini par rebasculer en faveur de l'institution militaire qui, selon lui, “vient de reprendre les choses en main”. Afin d'étayer ses propos, le président du RCD rappellera le départ de Chakib Khelil, l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, et la désignation de Yazid Zerhouni comme vice-Premier ministre, un poste sans prérogatives. La nomination du général major Hamel Abdelghani à la tête de la DGSN constitue aussi, aux yeux du Dr Sadi, une preuve tangible quant à la volonté des décideurs de “remilitarisation des institutions de l'Etat”. Revenant sur l'affaire des non-jeûneurs de Kabylie qui a fait couler beaucoup d'encre, le leader du RCD ne manquera pas de fustiger, une fois de plus, le pouvoir en place, qu'il accuse de “jouer la carte de la diversion, en se montrant enfermé dans son conservatisme et sa détermination à étouffer les libertés individuelles et collectives”. L'orateur persiste et signe qu'“il y a effectivement un anti-kabylisme flagrant qui se traduit par l'instrumentalisation de la Kabylie à travers la démarche de fragmentation du pays, dans le seul but de faire une diversion visant à détourner l'opinion publique de la guerre des tranchées qui fait rage au sein des hautes sphères”. Le premier responsable du RCD déplore que l'élite algérienne soit fragmentée en trois segments : une partie s'est exilée, une autre “clientélisée”, alors que certaines élites qualifiées d'“auto-stoppeurs de l'Histoire” s'excitent, comme c'est le cas des détracteurs du livre de Saïd Sadi, Amirouche : une vie, deux morts, un testament. Par ailleurs, le Dr Sadi qualifiera le nouveau code communal de “code pénal bis” qui veut “réduire les élus locaux à des fonctionnaires subalternes du chef de daïra. Une manière de piétiner la volonté populaire, principe incontournable de la démocratie”. Pour Sadi, “l'économie nationale connaît une paralysie sans précédent dont les conséquences ne pourront être que désastreuses”. Notons que la survie du pays reste toujours tributaire des rentes pétrolières, le président du RCD déplore que “pas moins de deux millions d'hectares irrigables soient encore en jachère !” Enfin, s'agissant de la situation sécuritaire, le Dr Sadi estime qu'“on assiste ces derniers temps à une connexion entre le terrorisme islamiste et la délinquance”. Cela est dû, selon lui, à l'absence d'une visibilité politique dans la gestion et le traitement du dossier sécuritaire.