SOS Racisme est une association française créée en 1984 dont la mission principale consiste à repérer et à dénoncer les actes de discrimination raciale. Son président, Dominique Sopo, se prononce sur les événements qui ont touché les banlieues françaises ces huit derniers jours. Quelle est l'opinion de SOS Racisme sur les événements qui secouent la banlieue parisienne ? Il est vrai que les éléments déclencheurs des émeutes ont leur origine dans la mort des deux jeunes adolescents à Clichy-sous-Bois. Mais, ce qui a mis le feu aux poudres, ce sont les propos outranciers de Nicolas Sarkosy, selon lesquels il fallait nettoyer les quartiers au Karcher ou lorsqu'il qualifie la population des cités de « racaille ». Cela a créé un état d'ébullition propice au déclenchement d'émeutes. Enfin, nous condamnons les violences, car les premières victimes sont les gens qui vivent dans ces quartiers. Quelle lecture sociale faites-vous de ces actes de violence ? Ils traduisent un état de frustration. L'accès au logement ou à l'emploi est un réel problème pour ces jeunes. Ces réactions violentes sont à expliquer autour de l'état de ghetto. Ces jeunes n'ont plus l'espoir d'y vivre autrement ou même de sortir de leur situation initiale. Quelle solution préconisez-vous ? Il faut casser les ghettos et pas uniquement les bâtisses. Il faut s'intéresser aux personnes qui y vivent. L'Etat français n'accorde aucun crédit supplémentaire aux écoles qui sont pourtant dans des ZEP(1). Il a également laissé se désagréger le tissu associatif. Il faut une réponse de l'Etat français qui ne se limite pas uniquement à un discours politique. Que pensez-vous de la réaction des hommes politiques français ? Ils tiennent actuellement réunion sur réunion rien de concret. Déjà lors de l'incendie qui avait tué majoritairement des personnes de couleur, des dispositions avaient été prises par les pouvoirs publics sans que la question de la discrimination soit prise en compte. On montre du doigt Nicolas Sarkozy, mais d'autres responsables ont fait le mort pendant quatre jours. Le président a mis six jours pour intervenir. Un message ? Il faut éviter l'amalgame entre les personnes qui vivent dans ces cités et les fauteurs de troubles. Mais il faut également éviter l'amalgame entre ces revendications dues à des problèmes d'insertion et l'intégrisme musulman. De nombreux journaux anglo-saxons nous ont téléphoné en partant du principe qu'il s'agissait de problème de minorités ethniques ou d'intégrisme musulman. Il n'y a pas de minorités ethniques en France. Il n'y a que des citoyens français. Et tout n'est pas à répertorier dans l'intégrisme islamique. (1) Les ZEP sont des zones d'éducation prioritaires. Il s'agit d'un découpage par lequel certains établissements scolaires ont été listés afin de bénéficier d'aides supplémentaires. Ils sont généralement situés dans des zones à forte population étrangère et sont réputés pour les nombreux actes de violences, entre les élèves ou à l'égard des enseignants.