La plupart des prisonniers du centre d'expulsion de Djeddah seraient des personnes venues pour le pèlerinage et qui seraient restées en Arabie Saoudite L'évasion, le 11 octobre dernier, du centre de rétention sarde de Cagliari (Italie) puis la prise de contrôle de l'aéroport de la même ville par une centaine d'immigrants clandestins – en majorité des Algériens et des Tunisiens – ont suscité beaucoup de réactions. Ces dernières laissent déduire que le modèle européen de lutte contre l'immigration clandestine, s'étant traduit par la mise en œuvre des recommandations y afférentes adoptées par le Parlement européen en 2009, semble inspirer certains pays du monde arabe. Et pour cause, des actions extrêmes similaires y ont été enregistrées, mais passées sous silence. Ce fut le cas en Arabie Saoudite où, nous indiquent des sources bien informées, mercredi 29 septembre dernier, pas moins de 300 sans-papiers se sont soulevés au centre d'expulsion de Djeddah. Lors de la révolte organisée au moment du petit-déjeuner, précisent les mêmes sources, 300 personnes ont réussi à s'enfuir après s'être débarrassées de la clôture en fer du centre. L'intervention musclée des services de sécurité a fait plusieurs blessés, dont 13 policiers, ajoutent nos sources. Face à la difficulté de circonscrire l'émeute et en vue de l'empêcher de s'étendre aux autres détenus, vu le nombre important de sans-papiers en rétention – plus de 600 –, il a été fait appel à des renforts, notamment de La Mecque, ont fait savoir nos sources. La chasse à l'homme a aussitôt été lancée par les policiers, qui ont réussi à rattraper plusieurs évadés. Toutefois, cinq jours après le mouvement de révolte, 30 personnes étaient toujours introuvables. D'après nos sources, la plupart des prisonniers du centre d'expulsion de Djeddah seraient des personnes venues pour le pèlerinage et qui seraient restées en Arabie Saoudite pour trouver un travail, alors que leur visa a expiré. Nos sources ignorent si des nationaux étaient parmi les émeutiers ou encore parmi ceux en rétention au niveau du centre de Djeddah ou ailleurs. «aDu coup, en Arabie Saoudite, un débat s'ouvre sur les conditions de rétention (produits vendus plus cher, toilettes insalubres, vétusté des bâtiments...). Un débat qui avait déjà été ouvert en août dernier, après le décès par étouffement de 5 sans-papiers dans un autre centre d'expulsion», ont tenu à souligner nos interlocuteurs. A leurs yeux, il est regrettable que dans un pays comme l'Arabie Saoudite – centre de l'Islam – de graves atteintes aux droits humanitaires soient enregistrées. En la matière, le centre de Djeddah, théâtre de la spectaculaire mutinerie sus-indiquée, s'est transformé en une sinistre référence. La raison : ces derniers mois, un nourrisson est mort de froid et de faim et un retenu bengali est mort après une grève de la faim de 25 jours pour protester contre sa détention. Il y aurait même eu plusieurs cas de décès dus à la tuberculose, concluent nos sources.