La fermeture progressive de Oued Smar et le nombre insuffisant des centres d'enfouissement technique (CET) sont à l'origine de la création par les APC de décharges sauvages. Il n'y a pas un quartier qui soit pargné : des déchets ménagers sont entreposés par les services municipaux aux abords des cités. Cette situation déplaisante n'a pas manqué de faire réagir bruyamment la population, comme cela a été le cas, il y a quelques jours, dans la commune de Aïn Benian, où des résidants de la cité des 252 Logts, Belle-Vue et Aïn Benian ont bloqué le passage aux camions de l'APC. «Ces camions passent à toute heure de la journée. Notre cité est transformée depuis plusieurs semaines en décharge. En plus des risques d'accidents, la santé des habitants est gravement menacée», s'indignent des habitants réunis à l'entrée de la cité. Les protestataires souhaitent débaptiser leur cité qui ne «mérite plus le nom de Belle-Vue, survivance d'une époque à jamais révolue» : des sachets et des gravatsobstruent presque les entrées de cette cité de l'ex-Guyotville. A qui incombe la responsabilité ? A l'APC. Sollicités à plusieurs reprises par des délégués du quartier, les services de l'APC «laissent faire les choses», affirment les résidants. «Les habitants, agacés, en viennent souvent aux mains avec les chauffeurs des camions. Des matières, dont nous confirmons la toxicité, sont brûlées la nuit. Plusieurs cas d'allergies sont apparus et le risque sera plus grand à l'avenir si la situation ne change pas. La commune de Aïn Benian ne se soucie pas de la santé des administrés», s'étonnent des délégués du quartier qui réclament l'intervention des services de la wilaya (directions de l'environnement et de la santé) pour mettre en place une commission d'enquête qui mettra devant leurs responsabilités les autorités locales «oublieuses de leurs obligations envers la population». Cette situation se répète partout à la périphérie de la capitale, où l'établissement de wilaya Netcom, chargé du ramassage des déchets ménagers, n'intervient pas. A Aïn Taya, des déchets sont entreposés presque sur le domaine maritime, à Sufren. Dans la commune voisine de Bordj El Kiffan, à Rassota plus exactement, des particuliers et des camions de l'APC déchargent leurs déchets dans les exploitations agricoles sans que cela fasse réagir les autorités locales «consentantes». «Les autorités locales jettent à tout-va les déchets. Les exploitations agricoles en sont encombrées. Pour s'en débarrasser, l'APC les brûle. Le procédé se répète à Bordj El Bahri, El Marsa», s'étonne un résidant de l'ex-Fort de l'Eau, qui affirme qu'il y a dans cette localité «une maffia des déchets», qui fait main basse sur les terres agricoles sans que la tutelle réagisse. De pareils cas sont signalés dans des communes supposées être «à vocation agricoles» : Khraïsssia, Draria, Douéra, Baba Hassen, etc. La fermeture progressive de Oued Smar et le nombre insuffisant des centres d'enfouissement technique (CET) font que les APC créent des décharges qui font peser une menace sur les habitants et amochent le paysage déjà dégradé par un urbanisme effréné.