L'irruption des jeunes dans ce mouvement se confirme de jour en jour, malgré les appels du gouvernement à la responsabilité des parents et en dépit d'incidents qui ont émaillé certains défilés, en banlieue parisienne et à Lyon notamment. A Paris, un défilé réunissant entre 4000 et 17 000 jeunes - selon la police et les organisateurs - est parti de l'université Jussieu en début d'après-midi, pour rejoindre la place Denfert-Rochereau via la place d'Italie. «Et hop, Sarkozy, ta réforme elle va sauter», «Chômeurs à 25 ans, précaires à 67, non, non, non !», ont scandé les jeunes, encadrés par des représentants de syndicats de salariés. «Halte au mépris», pouvait-on lire sur une banderole brandie par les manifestants. Beaucoup portaient un autocollant marqué des mots «Je lutte des classes». «Je n'ai pas le sentiment que c'est pour la photo que les jeunes sont en masse dans la rue, c'est un mouvement profond», a dit, à la presse, Jean-Baptiste Prévost, président de l'Unef. «Le gouvernement doit rouvrir les discussions avec les syndicats lycéens et étudiants et bien sûr, les syndicats de salariés», a-t-il ajouté. A Lyon, une manifestation rassemblant un millier de jeunes partie de la place Bellecour a été coupée en deux par les forces de l'ordre qui ont bloqué tous les accès environnants, suscitant la colère des jeunes et des passants. «On nous prend pour du bétail», disent-ils. «C'est liberticide», ont protesté ces derniers. A Lille, entre un peu moins de 1000 et 2000 personnes, selon les sources, ont défilé dans les rues. L'université de Lille 3 a voté la reprise et la fin du blocage du site décidé mercredi. Les cours devraient reprendre aujourd'hui. A Bordeaux, quelque 3500 lycéens et étudiants, selon la police, 5000, selon les organisateurs, ont manifesté. Universités touchées A Poitiers, la préfecture de la Vienne a démenti, dans un communiqué, qu'un policier ait frappé une lycéenne lors d'une bousculade devant un lycée de la ville, où 800 lycéens, selon les organisateurs, ont défilé dans une ambiance tendue. D'autres manifestations étaient prévues à Aix-en-Provence, Arras, Caen, Grenoble, Nantes, Perpignan, Rennes, Rouen, Saint-Etienne, Toulouse et Tourcoing. Selon le ministère de l'Education nationale, 312 lycées étaient bloqués ou perturbés hier, soit 7,25% du total des établissements. Le syndicat lycéen FIDL annonce pour sa part 1300 lycées mobilisés, dont 700 bloqués ou pratiquant le «barrage filtrant» à leurs entrées. «La force et la puissance du mouvement lycéen ne faiblissent pas et la détermination des lycéens est chaque jour plus forte», dit la FIDL dans un communiqué. Le mouvement semble s'étendre à une partie des 83 universités françaises, mais l'ampleur de la mobilisation dans ce secteur est incertaine, les chiffres étant très divergents, selon les sources. L'Unef, principal syndicat étudiant, proche de la gauche, annonce 33 universités affectées, dont 14 bloquées totalement ou partiellement, sur un total de 83. Le ministère de l'Enseignement supérieur parle de 5 universités touchées et une seule bloquée, à Pau. Selon l'Unef, 5 universités ont été fermées administrativement et par précaution, sur décision du président d'université : à Rennes, Lyon, Montpellier, Saint-Etienne et Toulouse. Le ministère confirme quatre fermetures, cependant, il estime que Saint-Etienne n'est pas fermée mais perturbée. La notion de «blocage partiel» semble être à l'origine des divergences de chiffres entre syndicats et ministère, qui accuse les grévistes de comptabiliser les perturbations mineures, comme la fermeture d'une salle de cours.