Les cortèges du 1er mai, autour du pouvoir d'achat et des retraites, ont réuni jeudi entre 119.600 et 200.000 personnes, selon les sources, dans toute la France, une mobilisation équivalente à celle de 2007, avec une plus grande unité syndicale, alors que d'autres rassemblements sont prévus en mai. Ailleurs dans le monde, notamment en Turquie, au Chili, aux Etats-Unis, en Russie ou en Indonésie, les défilés ont le plus souvent servi à revendiquer de meilleurs salaires, en pleine crise alimentaire mondiale. En France, selon le ministère de l'Intérieur, les 301 manifestations organisées en France ont rassemblé 119.600 personnes, contre 117.000 l'an dernier. La manifestation parisienne unitaire (CGT, CFDT, FSU, Solidaires), a rassemblé 15.000 personnes, selon la même source. De son côté la CGT a compté 30.000 participants à cette manifestation et "plus de 200.000 personnes" dans tous les défilés où elle était présente dans le pays, un chiffre équivalent à son décompte national de 2007. A Paris, le rassemblement a été marqué cette année par la présence, pour la première fois, de très nombreux salariés sans papiers. Selon la CGT, qui soutient activement leur demande de régularisation, 4.000 à 5.000 d'entre eux ont défilé jeudi, au lendemain de l'annonce des premières régularisations de salariés sans papiers dans les Hauts-de-Seine depuis le lancement d'une grève coordonnée dans plusieurs entreprises d'Ile-de-France le 15 avril. Autre nouveauté, le leader de la CFDT François Chérèque a manifesté aux côtés de son homologue de la CGT Bernard Thibault, ce qui n'était plus arrivé depuis 2003. "Quand les syndicats français arrivent à travailler en commun, on est toujours plus efficace", a relevé M. Chérèque. Il a estimé que le gouvernement devait "revoir" son projet de réforme sur les retraites et que le président Nicolas Sarkozy n'avait "fait qu'aggraver" les inégalités sociales. Cette mobilisation "laisse à penser que les prochains rendez-vous revendicatifs prévus en mai vont être très importants", a déclaré M. Thibault, qui a appelé à "continuer à travailler dans l'unité" syndicale. Outre une manifestation sur les retraites prévue le 22 mai par l'ensemble des syndicats, lycéens et fonctionnaires seront aussi dans la rue le 15 mai. Parmi la foule parisienne, des salariés du quotidien Le Monde, masqués et vêtus de tee-shirts blancs, ont protesté contre un plan de suppression de 129 emplois, non loin de Tamouls en costume traditionnel dénonçant "l'oppression" au Sri Lanka. D'autres organisations syndicales avaient manifesté dans la matinée à Paris. Plus de 6.000 militants de la CFTC, 2.500 selon la police, se sont retrouvés pour une "véritable augmentation générale du pouvoir d'achat".* Un mot d'ordre également partagé, avec les retraites, par Force Ouvrière qui a réuni entre 400 et 2.000 personnes, selon les sources. En province, l'une des manifestations les plus importantes a réuni à Grenoble environ 4.200 personnes selon la police, 7.000 selon la CGT. Des lycéens conduisaient le cortège, brandissant une banderole sur laquelle était écrit: "Pour la paix et le progrès social". Entre 2.500 et 30.000 personnes, selon les sources, ont manifesté à Marseille. A Lyon, où 2.700 à 5.000 manifestants ont défilé, les lycéens ont notamment scandé "Un seul poste à supprimer: c'est celui de l'Elysée". En Turquie, les forces de l'ordre sont intervenues de façon musclée, interpellant 530 personnes au cours des célébrations de la Fête du travail. Des heurts ont éclaté à Istanbul entre police antiémeutes et manifestants qui voulaient se rendre sur une place hautement symbolique où, le 1er mai 1977, au moins 34 protestataires avaient trouvé la mort. Des incidents se sont aussi produits au Chili, où des personnes masquées, qui s'étaient détachées des 20.000 manifestants, ont attaqué à coups de pierres et de bouteilles une succursale de banque, provoquant l'intervention des forces de l'ordre. D'autres échauffourées entre la police et de "petits groupes" de protestataires ont été signalées à la fin du défilé. Bilan officiel: 96 interpellations. Aux Etats-Unis, où le 1er mai n'est pas un jour férié, 25.000 dockers travaillant dans 29 ports de la côte Pacifique observaient un mouvement de grève destiné à protester contre la guerre en Irak. Et de nombreux protestataires sont descendus dans les rues des grandes villes américaines pour revendiquer une révision des lois en faveur de la douzaine de millions d'immigrés illégaux. En Russie, les défilés du 1er mai, auxquels deux millions de personnes ont participé, ont été placés sous le signe du pouvoir d'achat, sur fond d'inflation galopante. A Jakarta, une dizaine de milliers d'Indonésiens, confrontés comme leurs compatriotes à une hausse des prix de plus de 8%, ont défilé, selon la police.