Tout en gardant l'espoir de relogement, les résidants indiquent que leurs dossiers de demande de logement dorment dans les tiroirs de la commune. Le bidonville Goriace dans la commune de Douéra est privé du minimum de commodités dont disposent les autres cités anarchiques de la capitale. Il est privé de la lumière, interdit d'accès à l'eau potable, mais surtout, totalement, ignoré par les autorités locales. Ce site anarchique est caché par un ensemble d'agglomérations urbaines, faisant de lui un point noir où cohabitent misère et dénuement, et surtout loin des regards. Les services de la commune n'interviennent que pour procéder à la démolition des nouvelles baraques, comme c'était le cas il y a trois semaines. «Les autorités publiques ont démoli la baraque d'un citoyen venu s'installer en famille», apprend-on sur place. Pour ce qui est du reste des préoccupations des résidants, «les responsables font semblant de ne rien voir», se plaint un père de famille. Goriace, racontent ses locataires, n'est pas raccordé au réseau d'AEP.Les habitants s'approvisionnent de la zaouïa, située dans les parages, ou des cités limitrophes. «Une corvée confiée aux femmes et aux petits enfants», apprend-on. Les services de l'APC n'ont pas jugé utile de doter cette cité d'un robinet collectif, comme c'est le cas dans tous les sites bidonvilles de la wilaya d'Alger. Le constat est le même concernant le raccordement au réseau électrique. Pratiquement, la plupart des 120 baraques ont été raccordées d'une manière anarchique. Le recours au piratage, indiquent-ils, s'explique pas le refus des services concernés d'installer des compteurs et effectuer des raccordements d'une manière légale. Selon les citoyens, «une moyenne de trois coupures d'électricité sont enregistrées par jour». La situation empire en hiver et le risque d'électrocution devient inquiétant. Cependant, ce qui tracasse encore davantage les habitants de cette cité anarchique, située dans la ville de Douéra, c'est le rendement scolaire de leur progéniture. «Mon fils a honte de révéler son lieu de résidence, il craint d'être mal vu à l'école», nous confie un père de famille, accompagné de son fils. Interrogé, cet élève refuse de nous divulguer la cause de sa honte, il s'est contenté de dire innocemment que «seulement sa maîtresse de classe est au courant, elle, elle ne va pas le répéter aux autres.» Ce constat concerne une bonne partie des élèves, certains d'entre eux, apprend-on auprès de leurs parents, «font exprès de donner de fausses adresses pour éviter le sarcasme de leurs copains de classe». Toutefois, leurs difficultés ne se limitent pas à leur timidité. «Les coupures d'électricité, la poussière et l'exiguïté influent sur leur rendement scolaire», explique-t-on. Les seuls avantages qu'offre cette cité anarchique est le «calme et la sécurité». Aussi, une grande partie des foyers a été raccordée au réseau d'assainissement. Les travaux ont été effectués grâce aux cotisations des résidants et les buses ont été branchées sur le réseau de la cité 72 Logements. Les habitants de Goriace restent catégoriques : «Nous n'avons bénéficié de rien de la part de l'APC.» «Les responsables locaux disent qu'ils ne sont pas concernés par nos problèmes, alors que les services de la daïra ne daignent jamais répondre à nos doléances», dénoncent-ils. Tout en gardant l'espoir de relogement, ils indiquent que leurs dossiers de demande de logement dorment dans les tiroirs de la commune depuis plusieurs années. Pourtant, certains occupent les lieux depuis 1980.