Les Etats africains ont plus que jamais besoin d'une intégration régionale. Il ne s'agit pas seulement de rechercher une complémentarité et une coopération économique accrue entre les pays du continent, mais il y va également du développement du secteur des infrastructures, sans lequel il n'y aurait pas de développement économique. Des experts présents la semaine dernière au troisième Forum africain des infrastructures qui s'est tenu à Dakar ont ainsi invité les Etat africains à aller vers l'intégration régionale afin de «réduire les coûts» élevées des services liés aux infrastructures sur le continent. «Le coût des services d'infrastructures africaines est deux fois plus élevé qu'ailleurs, reflétant ainsi à la fois l'absence d'économies d'échelles au niveau de la production et les marges bénéficiaires élevées résultant d'un manque de compétition», a déclaré El Hadj Abdou Sakho, commissaire chargé du département des politiques économiques et fiscalité de l'intérieure de l'Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA). «La fragmentation des limites territoriales nationales, l'absence d'économies d'échelles ont pour conséquence le coût élevé des services d'infrastructures en Afrique. Il faut promouvoir l'intégration régionale pour réduire les coûts d'infrastructures», a-t-il ajouté, en soulignant que «plus de la moitié des gains en matière de croissance en Afrique est due aux infrastructures» et n'était-ce les contraintes actuelles, «la contribution à la croissance de ces dernières pourrait être encore plus importante à l'avenir». Le problème est que «les réseaux d'infrastructures africaines sont de plus en plus à la traîne par rapport à ceux d'autres pays en développement et se caractérisent par un manque de connexions régionales ainsi que par une stagnation de l'accès offert aux individus», a ajouté M. Sakho dans les propos ont été repris par l'agence de presse sénégalaise APS. Le commissaire chargé du département des politiques économiques et fiscalité de l'intérieure de l'UEMOA a considéré que «l'énergie est de loin le plus gros défi infrastructurel de l'Afrique : une trentaine de pays sont ainsi régulièrement confrontés à des pénuries d'électricité et beaucoup payent un prix élevé pour une alimentation électrique de secours». Des ressources financières insuffisantes Pour l'heure, le souci pour l'Afrique est de trouver les ressources financières pour les besoins de ce secteur. Le représentant-résident régional du Groupe de la Banque africaine de développement au Sénégal, Mohamed M'Hidouche a remarqué que «les ressources multinationales allouées au développement et à la modernisation des infrastructures économiques paraissent très insuffisantes au regard des besoins exprimés». Selon M. Sakho, «les coûts nécessaires à la satisfaction des besoins d'infrastructures africains sont plus de deux fois supérieurs aux estimations faites en 2005 par la commission économique pour l'Afrique : environ 93 milliards de dollars par an, dont environ un tiers pour la maintenance». Une part importante des infrastructures africaines est financée par des ressources nationales, «le budget des pouvoirs publics centraux constituant le principal moteur de l'investissement dans le domaine», même si les principaux gains d'efficacité potentiels étaient réalisés, l'Afrique resterait confrontée à «un écart de financement des infrastructures de 31 milliards de dollars par an, essentiellement dans le secteur de l'énergie», a-il encore. Face à la rareté des ressources, beaucoup de participants au Forum ont plaidé pour le développement du partenariat public-privé comme alternative pour trouver des financement. Le représentant de la BAD a estimé que «c'est dans une telle situation d'insuffisance de ressources publiques que la contribution du secteur privé intervient». Selon lui, «le principe du partenariat entre le public et le privé pour financer les infrastructures constitue aujourd'hui une solution appropriée». La conseillère spéciale du ministre de l'Economie et des Finances de la Côte -d'Ivoire, Yao Madeleine, a abondé dans le même sens, soulignant qu'«avec la rareté des ressources en Afrique, le partenariat privé-public (PPP) est un passage obligé».