Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est intervenu lundi à Tripoli, lors du sommet Afrique-Union européenne (UE), sur le thème "L'intégration régionale, le secteur privé, la science et les technologies de l'information et des communications". Voici le texte intégral de son intervention: "Monsieur le Président, L'intégration régionale du continent africain est une préoccupation majeure de l'Union Africaine. Elle l'est d'autant plus que la mondialisation l'impose comme la seule voie pour faire face aux défis du développement auxquels les Etats, aussi puissants soient-ils, ne peuvent prétendre relever individuellement. C'est dans ce contexte et dans la perspective d'une action collective que le NEPAD a été conçu par les dirigeants africains comme une stratégie de développement durable et d'intégration du continent africain à l'économie mondiale. A travers le rôle de premier plan confié aux Communautés économiques régionales en tant que piliers du développement, le NEPAD a mis en avant l'importance cruciale de l'intégration régionale pour le développement de l'Afrique. Cette démarche s'inscrit comme un premier palier devant conduire à terme à l'intégration du continent dans son ensemble. Monsieur le Président, La promotion de l'intégration physique à travers le développement des infrastructures est primordiale pour une intégration régionale effective. L'intégration du NEPAD dans l'Union Africaine et la création conséquente de l'agence du NEPAD avec pour mandat, principalement, de faciliter et de coordonner la mise en œuvre des programmes et projets continentaux et régionaux dans les secteurs prioritaires pour l'Afrique, marque l'engagement du continent en faveur du renforcement de l'intégration régionale. Indéniablement, sans un développement adéquat des infrastructures, en particulier des transports et des technologies de l'information et des communications, l'impact des efforts déployés en vue du renforcement du commerce régional et interrégional ne sera que limité. L'avenir de l'Afrique est lié aux progrès de son intégration régionale. Aussi, soucieux d'apporter sa part aux efforts d'intégration du continent africain, mon pays s'est engagé résolument dans une stratégie de développement national qui favorise la promotion de projets d'infrastructure de portée intégrationniste. C'est dans cette optique que s'inscrivent la réalisation de la route transsaharienne, la construction de l'autoroute est-ouest ou les projets de gazoduc et de câble de fibre optique devant relier le Nigeria et l'Algérie. Ce sont autant de projets intégrationnistes qui reflètent la vocation de l'Algérie à jouer pleinement le rôle de trait d'union que lui confère sa position géographique privilégiée de pont entre l'Afrique et l'Europe. Il s'agit là d'une approche qui s'inspire clairement des objectifs et des priorités stratégiques que s'est assignée l'Union Africaine. Monsieur le Président, La décision prise par le dernier sommet de l'Union Africaine, sur proposition du Comité des Chefs d'Etat et de Gouvernement pour l'Orientation du NEPAD, de mettre en place un sous-comité restreint de huit Chefs d'Etat de l'Union Africaine sur les infrastructures traduit sans équivoque l'intérêt particulier que l'Afrique attache à ce secteur en tant que vecteur de croissance et développement. Ce sous-comité, dont fait partie l'Algérie aux côtés de l'Afrique du Sud, du Nigeria, du Sénégal, du Bénin, de la République du Congo, du Rwanda et de l'Egypte, sera chargé de donner une impulsion aux projets d'infrastructures en Afrique. Il va sans dire que le partenariat entre l'Union Africaine et l'Union Européenne visant à renforcer l'intégration régionale en Afrique gagnera davantage en efficacité et en valeur ajoutée, en accordant au secteur des infrastructures la priorité qui lui revient. L'alignement de l'appui des partenaires sur les besoins prioritaires africains ne pourra que renforcer notre partenariat. A cet égard, le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PDIA) de l'Union Africaine tout comme le Plan d'Action Africain, offre un cadre adéquat pour une meilleure canalisation du Partenariat entre l'Union Européenne et l'Union Africaine. Tandis que le premier définit sur le long terme les objectifs à atteindre et les politiques à mettre en œuvre d'ici 2030, le deuxième, portant également sur les infrastructures, répertorie des projets précis à réaliser à moyen terme (2010-2015). Il s'agit de la promotion de projets régionaux et continentaux qui sont de nature à donner un contenu concret à l'intégration régionale et pour lesquels les efforts africains attendent de leurs partenaires un accompagnement conséquent et soutenu. L'envergure des projets d'infrastructure requiert des moyens financiers lourds dont la mobilisation est difficilement concevable pour la quasi-totalité des pays africains sans la mise en place de partenariats nationaux publics/publics ou publics/privés nationaux ou internationaux. Les retards accusés sont souvent dus aux réticences des Institutions financières internationales, reflétant les vues de leurs actionnaires majoritaires, à financer des projets d'infrastructures que le secteur privé n'était pas prêt à prendre en charge. Monsieur le Président, Nul doute qu'à l'heure de la mondialisation et de l'économie fondée sur la science et la connaissance, le développement économique et social ne peut se concevoir sans ce vecteur déterminant que représentent les technologies de l'information et de la communication. Elles constituent un facteur incontournable pour la croissance économique et le développement, et une condition nécessaire à l'édification de la société de l'information que la communauté internationale s'est engagée à instaurer. A cet égard, l'Afrique accuse un sérieux retard qu'il convient de rattraper au plus vite si le continent doit éviter de voir sa marginalisation s'approfondir davantage et assurer des progrès réels vers la réalisation des Objectifs de Développement du Millénaire. Les chiffres et les données actuelles sur le développement des infrastructures des TIC et l'accès à l'Internet à haut débit en Afrique donnent la mesure de l'ampleur du fossé numérique qui sépare le continent africain du reste du monde, malgré l'expansion rapide de l'accès à la téléphonie mobile. C'est pour relever ce défi, collectivement et individuellement, que nous avons attribué aux TIC la priorité qui leur revient dans les activités de l'Union Africaine et de son Agence opérationnelle chargée du NEPAD. Les projets et les programmes engagés à travers le continent attestent sans ambiguïté de la détermination de l'Afrique à déployer tous les efforts nécessaires afin de remédier à cette situation. Certes, l'utilisation accrue des TIC a contribué dans plusieurs pays africains à résorber les retards qu'ils ont connus dans de nombreux secteurs de l'activité économique et à rompre l'isolement des zones rurales. Leur introduction de plus en plus généralisée dans le système éducatif et dans les instances de gouvernance est un acquis qu'il convient de consolider. Bien plus, pour peu que ses efforts soient adéquatement accompagnés, l'Afrique, qui aspire aujourd'hui à se hisser de son statut de puissance potentielle à celui de pôle de croissance et de développement, peut légitimement aspirer également à passer du stade de consommation des TIC à celui de l'industrie et de la production. Il n'est pas fortuit, d'ailleurs, que le volet Technologies de l'Information et de la Communication occupe une large place dans le Programme pour le Développement des Infrastructures en Afrique, et dans le Plan d'Action Africain pour la période 2010-2015. Cela témoigne de la conviction africaine du rôle de catalyseur que peuvent jouer les TIC dans le processus d'intégration régionale et continentale africaine. Je me réjouis des avancées enregistrées dans le cadre de notre partenariat dans ce secteur des TIC et de l'appui fourni par nos partenaires européens collectivement ou individuellement en faveur de projets spécifiques sur le continent, qu'il s'agisse du domaine de la science, de l'information ou de l'espace".