Les pays du G20 sont arrivés à un compromis, pas tout à fait scellé, entre les pays développés et les émergents. Il s'agit en fait d'une sur-représentation de ces derniers au Conseil d'administration du FMI contre la fin de la «guerre des monnaies». Lors de leur réunion à Gyeongju (Corée du Sud), les ministres des Finances et dirigeants de banques centrales des pays riches et émergents du G20 ont réussi à décrocher cet accord en appelant à la coopération et la coordination entre les Etats leur dans une économie et un système financier globalisés pour éviter le pire pour chaque pays, sur l'économie mondiale. Dans un communiqué final, ils indiquent que «la reprise économique mondiale se poursuit, mais de façon fragile et inégale». C'est pourquoi, ils sont déterminés à jouer leur rôle pour parvenir à une croissance forte, durable et équilibrée de façon coordonnée et en collaborant. Pour ce faire, les réformes structurelles pour soutenir et doper la demande mondiale, promouvoir la création d'emplois et accroître le potentiel de croissance, se poursuivront. Afin d'obtenir une stabilité des prix et contribuer à la reprise, les Etats poursuivront aussi un politique monétaire appropriée. Cela ne sera effectif qu'avec l'implication des pays émergents qui devront abandonner leurs politiques protectionnistes. Un système de taux de change par les marchés Les pays du G20 veulent mettre fin à la dévaluation compétitive de leurs monnaies pour «agir en faveur d'un système de taux de change davantage déterminés par les marchés qui reflète leurs fondamentaux économiques». Ainsi, «les économies développées seront vigilantes face aux fluctuations excessives et aux mouvements désordonnés des taux de changes. Ces actions aideront à réduire le risque de volatilité des flux de capitaux auquel font face certains pays émergents», explique-t-on de même source. Des mesures communes seront prises par les pays du G20 dans le but de réduire «les déséquilibres excessifs et à maintenir le déséquilibre de leurs comptes courants à des niveaux soutenables» en continuant à résister à toute forme de mesures de protectionnisme. Par ailleurs, ils poursuivront les efforts pour encore réduire les barrières commerciales. Voilà le compromis des pays du G20. Mais, dans le même temps, ils exigent des pays émergents à laisser leurs devises s'apprécier et renforcer leur demande intérieure, comme l'a exprimé le ministre américain des Finances Timothy Geithner, à l'issue du G20 Finances. Il soutient, lors d'une conférence de presse qu'une «appréciation graduelle» des devises des principaux pays à fort excédent commercial est nécessaire». Le projet d'équilibrer les forces au sein du Fonds monétaire international On l'aurait compris, M. Geithner s'adresse à la Chine sans la nommer dont l'économie dépend fortement de ses exportations sans renforcer leur demande intérieure. Il s'est également exprimé en faveur d'une politique «dollar fort», en admettant la responsabilité des Etats-Unis en matière de changes, car son pays est en mesure de prévenir la volatilité néfaste des marchés des changes. S'agissant de la réglementation financière, le G20 finances s'engage à «mettre en oeuvre dans le temps imparti les nouvelles règles sur le capital et les liquidités élaborées par le comité de Bâle». «Nous sommes parvenus à un accord sur un ensemble de propositions ambitieuses pour réformer la gouvernance et le système de quotes-parts au sein du FMI, ce qui contribuera à rendre plus efficace, crédible et légitime l'institution», indique les ministres des Finances du G20 dans leur communiqué final.
Le DG du FMI, Dominique Strauss-Kahn, considère cette réforme, qui est pour l'instant qu'une proposition, comme «la plus importante» jamais adoptée de la gouvernance du FMI. Cette réforme, conforme aux objectifs fixés lors du G20 à Pittsburgh (Etats-Unis) en septembre 2009, augmente le capital de l'institution, les sièges des pays émergents à son conseil d'administration et élargit ses attributions en matière de surveillance des politiques économiques des Etats. Le transfert de quotes-parts au profit des pays émergents prévoit au moins 5% depuis les pays sur- représentés vers les pays sous- représentés. L'institution de Bretton Wood cherche la crédibilité, l'efficacité mais surtout la légitimité dans son rôle «de soutien au système monétaire et financier mondial». C'est le mois prochain que le projet sera soumis au conseil d'administration du Fonds. Suite à cette réforme, les dix plus grands actionnaires de l'institution, créée en 1944, seront les Etats-Unis, le Japon, quatre pays européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie) et les quatre plus grosses économies émergentes (Brésil, Russie, Inde et Chine).