Dans cette guerre en définitive sans image, il faut absolument se méfier des commentaires que seule l'armée américaine s'autorise face à la résistance irakienne. Il est vrai que les pertes annoncées par le commandement américain permettent de corroborer certains faits, mais pas tous les faits. L'armée américaine indique à cet effet rencontrer une certaine résistance dans son offensive lancée samedi dans l'ouest de l'Irak à la frontière avec la Syrie pour liquider, selon elle, les poches de résistance en prévision des élections du 15 décembre. Les troupes engagées dans l'opération, 3500, dont 1000 soldats irakiens, « ont rencontré une résistance, notamment des tirs sporadiques à l'arme légère et des engins piégés », a indiqué l'armée américaine dans un communiqué. Ce qui devrait témoigner de l'âpreté des combats, mais aussi comme on le constate de l'ampleur des moyens mis en œuvre par l'armée américaine. Effectivement, apprend-on de même source, l'avancée des troupes a été soutenue « par l'aviation de la Coalition qui a lancé au total neuf raids contre des positions fortes des rebelles ». « Les objectifs visés sont les immeubles où se sont retranchés des rebelles », a ajouté l'armée sans donner de bilan des pertes parmi les rebelles tués, ou parmi la population civile si celle-ci est demeurée sur place. L'on sait tout juste que quelque 400 habitants ont fui les combats. Des unités de reconnaissance irakiennes sont en train de localiser les sites de fabrication de bombes et six bombes et mines ont été découvertes jusqu'à présent, ainsi qu'une voiture piégée qui a été détruite par l'aviation. « L'objectif de l'opération est la restauration de la sécurité le long de la frontière irako-syrienne et la destruction du réseau terroriste Al Qaîda en Irak qui opère à Houssaybah, à la frontière avec la Syrie », avait indiqué l'armée en annonçant le lancement de l'opération « Rideau de fer », sans dire si la Syrie y apporte sa collaboration, elle qui a depuis longtemps annoncé le verrouillage de sa frontière. L'offensive est la dernière d'une série d'opérations dans cette région. Les GI's ont mené pas moins de quatre opérations depuis fin septembre dans la vallée de l'Euphrate, qui court de la frontière syrienne jusqu'aux abords de Baghdad, et constitue, selon l'armée américaine, l'un des principaux axes d'infiltration de combattants étrangers. La dernière, « Iron Fist », menée à partir du 1er octobre pendant six jours à une dizaine de kilomètres de la frontière syrienne, avec environ un millier de soldats, essentiellement des Marines, s'est soldée par la mort de plus de 50 rebelles. L'offensive a été lancée après une décision du ministère de la Défense ouvrant la voie au retour, au sein des forces armées, d'anciens officiers de rang moyen et de sous-officiers de l'armée dissoute de Saddam Hussein. Le président Jalal Talabani a plaidé, samedi en recevant d'anciens officiers, en faveur de ces anciens cadres de l'armée dissoute, estimant que les nouvelles forces pouvaient bénéficier de leur expérience. Quelque 10 500 personnes sont incarcérées dans les centres de détention de la Force multinationale en Irak, Abou Ghraib et Camp Bucca, dans le sud du pays, selon des chiffres de l'armée américaine. A Kirkouk, au nord de Baghdad, un premier groupe d'Arabes sunnites détenus au Kurdistan, a été libéré dans le cadre d'une opération destinée à désamorcer la tension intercommunautaire, étalée sur trois jours et qui concernera 80 détenus, a indiqué un responsable kurde. Selon Khodr Hassan, cette initiative a été prise par le président Jalal Talabani, également chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), « dans le but d'ouvrir une nouvelle page dans les relations entre Arabes et Kurdes et pour créer un climat serein pour les élections législatives » du 15 décembre. Les Arabes sunnites accusent les deux principaux partis kurdes, le PDK et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) d'imposer leur contrôle sur l'administration et les forces de police dans cette ville multi-ethnique. Ce qui n'est pas évident, tant les fractures sont devenues une réalité dans cet Irak en guerre.