Des familles entières ont préféré quitter leur domicile et s'installer dans des campements, loin de leurs villes. Les villes du Sahara occidental se vident des habitants autochtones sahraouis qui fuient la répression marocaine et partent dans le désert, a rapporté hier, Elise Trégloze, membre de l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA). Des familles entières, évaluées à plusieurs milliers de personnes, sont installées dans des tentes à l'extérieur des villes d'El-Ayoun, Smara et Boujdour et protestent contre l'injustice qu'ils subissent quotidiennement, a-t-elle ajouté. Gendarmes, soldats, policiers des forces d'occupation encerclent le campement qui compte aujourd'hui environ 20 000 personnes réparties dans plus de 8000 tentes, installées dans le désert, à une quinzaine de kilomètres d'El Ayoun, capitale occupée du Sahara occidental et ont creusé un fossé pour empêcher la libre circulation des familles qui ont décidé de cette nouvelle forme de résistance civile, a-t-elle témoigné dans son rapport publié mardi à Paris. «Les forces armées marocaines ont littéralement assiégé ce campement en creusant une tranchée et un mur de pierres et de sable tout autour de celui-ci, ne laissant qu'un seul point d'accès contrôlé», a-t-elle ajouté. Dans un appel à la communauté internationale, elle affirme qu'en quelques jours, des milliers d'autres familles ont rejoint ce campement, insistant sur «l'urgence humanitaire» qui doit l'animer. Pour elle, la communauté internationale «assiste impuissante à une tentative de génocide menée par une force d'occupation soutenue militairement par la France». «Privés d'eau, de médicaments et de nourriture, les Sahraouis subissent une répression féroce exercée par les forces d'occupation marocaines, au mépris du droit international et des conventions onusiennes», a-t-elle soutenu. «Le peuple sahraoui ne demande rien d'autre que le respect de ses droits : droit à des conditions sociales et économiques décentes, droit au travail, droit à l'expression de son identité culturelle, droit à son autodétermination sur son territoire occupé», a affirmé Elise Trégloze. Elle a rappelé également que la France s'est opposée à l'élargissement des prérogatives de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l'homme, portant ainsi, dit-elle, une «responsabilité morale sur le drame des Sahraouis et sur les exactions commises par les forces de répression qui ont attaqué le campement, blessant 22 civils». Elle a dénoncé, en même temps, les «grands médias français» qui «ne se rendent jamais dans les camps de réfugiés se gardant d'aborder un sujet trop sensible au Maroc et à la France». «Cette résistance pacifique maintient dos au mur l'Etat marocain et confirme son refus du fait accompli colonial qui n'a que la matraque pour argument contre les Sahraouis et le mensonge à présenter aux représentants des institutions internationales», a-t-elle conclu.