Une pression est actuellement exercée pour détourner les locaux de leur destination d'origine. Les trabendistes auront-ils le dernier mot ? Annoncé depuis cinq ans comme étant la solution magique pour absorber le chômage, le projet des 100 locaux par commune tarde à se concrétiser dans la capitale. Dans les quelques localités où le projet a été réceptionné, c'est le flop : des locaux destinés à abriter des activités artisanales ou professionnelles, susceptibles de créer des emplois, sont restés vacants et ne trouvent pas preneurs. Les diplômés en chômage trouvent-ils d'autres difficultés rendant l'exploitation de ces locaux sans intérêt ou bien, au contraire, ce sont les conditions d‘accès à la location qui constituent une embûche pour ces jeunes ? Ce sont les questions qui se posent, si l'on se penche sur le cas de la commune d'Alger-Centre, où une partie de ces 100 locaux a été réalisée dans la commune de Saoula. Les demandes, parvenant à la commission chargée de ce dossier, réclament à ce que ces locaux soient destinés à l'activité commerciale. Selon une source proche de cette commission, «cette formule n'a pas suscité l'engouement auprès des artisans et des titulaires de diplômes universitaires pouvant se lancer dans les professions libérales alors qu'ils sont la catégorie ciblée par ce projet présidentiel. Les jeunes veulent plutôt se lancer dans le commerce», tient à préciser notre source. Il faut souligner que pour la commune d'Alger-Centre, la création d'emplois est parmi les critères d'éligibilité. Si des APC se trouvent devant le dilemme de fermeture de ces locaux ou de leur affectation à des commerçants à moindre coût, d'autres n'ont pas encore réceptionné cette infrastructure à ce jour. C'est le cas de la commune de Rouiba où la moitié de ce programme est toujours en chantier. «Seuls 50 locaux ont été réceptionnés, mais n'ont pas encore été attribués. Nous avons établi des critères pour retenir la liste des bénéficiaires et la commission chargée de la sélection travaille encore dessus», explique M. Lakrouz, président de l'APC, qui a précisé que «les jeunes créateurs d'entreprises et les universitaires en chômage sont prioritaires. Nous souhaiterions voir développer dans notre commune des services et des activités manquantes jusque-là». Le prix d'accès à la location de ces locaux, situés à El Merdja, n'a pas encore été fixé par les services des Domaines, ce qui retardera certainement l'accès à la location, une fois la liste des bénéficiaires retenue. Des questions entourent donc le processus d'affectation de ces locaux, car au moment où des APC insistent sur le fait que ces espaces ne seront en aucun cas attribués, en dehors de cette formule, à des commerçants possédant les moyens de louer, d'autres responsables locaux, comme ceux de Hammamet et de Raïs Hamidou, ont proposé à ce que ces locaux soient affectés pour résorber l'informel, selon des déclarations récentes sur ce sujet. Qui fixe donc les critères de l'attribution ? L'APC, qui est en charge de trouver des réponses aux attentes de ses administrés, et la wilaya déléguée, qui est le maître de l'ouvrage, se disputent donc le dernier mot concernant la destination de ces locaux. Des locaux encore au stade de chantier Dans plusieurs communes, le débat n'est pas encore au stade de trancher sur la vocation souhaitée pour ce programme. Ces locaux n'existent encore que sur papier et dans les déclarations des responsables locaux, qui n'hésitent pas à les employer pour calmer la colère des jeunes en quête de débouchés. Le projet n'a pas encore pris forme dans la commune de Belouizdad où «c'est la wilaya déléguée qui s'occupe de tous les détails», explique M. Aggune, premier responsable de cette commune. Dans la commune de Dar Beïda, le projet n'a pas encore atteint le stade de finalisation : «L'entreprise réalisatrice de ces locaux, Batigec, a rencontré des difficultés techniques, ce qui a causé un arrêt des travaux», précise le maire de cette commune, M. Gamgami. Dans la commune de Aïn Taya, la wilaya déléguée a dû résilier le contrat la liant avec une entreprise privée après une longue période d'arrêt des travaux lancés en 2008. «Le maître de l'ouvrage a décidé de mettre fin à ce contrat et de relancer la procédure afin de pouvoir réceptionner les locaux dans les meilleurs délais», nous a déclaré le P/APC de Aïn Taya, M. Rekkas. Dans la commune d'El Marsa, ces locaux, lancés depuis 2007, ne sont pas encore réceptionnés, alors que le délai de leur réalisation était de trois mois seulement, explique-t-on au niveau de l'APC.