Le capital confiance fait défaut et les différents maux qui gangrènent l'économie nationale ajoutés aux charges fiscales, font fuir les bonnes volontés. L'investissement en Algérie n'arrive pas à décoller malgré les efforts soutenus des autorités et un forcing diplomatique exercé depuis des années par le président de la République en direction des grand forums internationaux. Il ne rate aucune occasion lors de ses voyages à l'étranger de s'adresser directement aux détenteurs de capitaux étrangers pour les motiver à venir investir leur argent et savoir-faire en Algérie. La réforme du cadre juridique et la diminution des entraves bureaucratiques n'ont pas changé la donne. L'afflux attendu tarde à se faire annoncer. Le capital confiance fait défaut et les différents maux qui gangrènent l'économie nationale dont la corruption, les détournements et le dysfonctionnement des banques (cinq banques privées ont déjà déclaré faillite), ajoutés aux charges fiscales qui se présentent comme un épouvantail, font que les dividendes de l'ouverture économique prônée par le pays sont nuls. Les investisseurs étrangers ne viendront qu'une fois rassurés par le climat des affaires en Algérie. L'un des indices réconfortant est de voir les investisseurs nationaux prendre la locomotive du train, en marche. La mobilisation des potentialités locales pour la relance économique dans un cadre favorisant est le moyen le plus sûr d'aller de l'avant pour créer une dynamique qui attirera, en cours de route, les étrangers. L'exemple de la Chine est édifiant à ce sujet. Ce pays qui s'est réveillé d'un sommeil centenaire s'est très vite imposé comme la puissance économique montante dans le monde. Lors de sa dernière visite effectuée dans ce pays, le président de la République s'est imprégné du modèle économique chinois qu'il entend proposer à nos experts pour s'en inspirer. Mais où réside la particularité de ce pays qui a connu un régime politique qui se rapproche du socialisme pratiqué en Algérie dans son aspect économique surtout? Des jeunes Algériens qui entretiennent des relations commerciales avec ce pays ont essayé de nous donner une vue globale de cette économie dominante. Malik est un ingénieur qui a suivi des études en Chine dans le cadre d'une bourse. Les études terminées, il décide de s'établir dans ce pays qui connaît une mutation rapide sur le plan économique. Le pays est un vaste chantier. «Les Chinois, dit-il, sont des travailleurs qui aiment leur pays et ce dernier le leur rend bien». Il nous cite un exemple type de l'investissement étranger: L'Etat octroie un crédit à tout citoyen chinois qui ramène un investisseur étranger pour devenir son associé. Une manière de créer de l'emploi et d'encourager l'afflux d'investisseurs étrangers par le biais des relations. Une fois le projet lancé, l'Etat accorde une période de cinq années d'exonération d'impôt pour permettre sa consolidation et sa rentabilisation. Les capitaux mis en jeu transitent, obligatoirement, par le circuit bancaire dont les formalités sont d'une simplicité telle que tout peut se faire sur place. Réalisant que «trop d'impôt tue l'impôt», ils ont détruit la barrière psychologique et matérielle de l'impôt en instaurant un mode de payement sous forme d'un circuit qui lie le consommateur de façon volontaire. Il nous explique ce procédé: «Les patrons d'un commerce, dit-il, quel qu'il soit, sont tenus d'acheter des bons du service des impôts qui contiennent des bonus dont profite aussi bien le consommateur que le patron. Rien ne s'achète sans facture et il y a toujours une ristourne à gagner de part et d'autre.» Pour contrer le chômage, les autorités chinoises ont lancé de vastes projets de villes commerciales. En plus de la rénovation des réseaux du transport terrestre et aérien, ils ont créé des zones économiques et commerciales aujourd'hui fréquentées par les commerçants du monde entier dont les importateurs algériens, friands de conteneurs made in China. Construites sur des étendues d'espaces, des bâtisses, qui se dressent sur plusieurs kilomètres abritent des locaux commerciaux représentant différents producteurs. D'autres zones sont consacrées aux usines de fabrication de tout ce qui se vend et s‘achète dans le monde. Notre interlocuteur s'étonne de ne pas voir les autorités algériennes ne pas prendre exemple sur cette politique d'encouragement de la production et de création d'emploi en lieu et place du mirage du projet de cent étals de commerce par commune, libellé au nom du projet du président de la République. C'est du véritable bricolage car le problème du chômage ne peut être résolu que par une politique de création d'emploi, sérieuse et réaliste. Ce qui mettrait des milliers de jeunes à l'abri des fléaux qui rongent la société. La délinquance, la drogue, l'immigration clandestine et le terrorisme guettent notre jeunesse. Les projets d'emploi de l'Ansej qui encouragent la création de petites entreprises n'ont pas absorbé la demande croissante d'emplois. Et ceux qui se sont lancés dans le commerce libre sont forcés de pratiquer l'évasion fiscale et la corruption pour contourner les barrières administratives et fiscales. Un importateur local, M.Dahmane, que nous avons interrogé sur la situation qui prévaut dans ce domaine, parle de découragement et de ralentissement du commerce. «L'argent, explique-t-il, ne circule pas dans notre pays. La méfiance est de rigueur. L'impôt est un obstacle majeur qui décourage l'activité commerciale créatrice de richesse et d'emploi. Nombreux sont ceux qui ont décidé d'investir leur argent ailleurs à cause des entraves administratives dont les impôts qui, malgré les dernières baisses enregistrées restent lourdes et matière à blocage. L'Etat a tout à gagner en allégeant les charges fiscales pour instaurer une relation de confiance avec les détenteurs de capitaux prêts à les éjecter dans le circuit économique et commercial.» Il nous fera savoir que les responsables du secteur n'ont jamais pensé à impliquer les nationaux dans le partenariat en accordant plus de facilités aux jeunes qui n'ont que des relations et du savoir-faire. Son ami M.B. pense, quant à lui, que les jeunes Algériens qui veulent investir n'ont pas confiance dans l'administration même si l'Andi qui est responsable de l'accompagnement des investisseurs nationaux et étrangers et de la facilitation des procédures pratiques et de l'octroi des exonérations fiscales et parafiscales est présente sur le terrain. L'Agence nationale pour le développement de l'investissement a mis en place des guichets uniques dans chaque région du pays (wilaya), afin de simplifier les procédures d'investissement et la création d'entreprises mais le problème réside dans la fiscalité douanière qui oblige ces jeunes à verser dans le commerce informel avec tous ses risques. Ce qui ne profite en rien à l'Etat. Là encore c'est l'administration et les différents intervenants dans ce domaine qui se sucrent. Pour remédier à la situation, il faut, note notre interlocuteur, que des propositions soient faites au gouvernement par les fonctionnaires qui sont sur le terrain et qui sont au fait de la réalité quotidienne afin que des mesures légales et économiques utiles soient prises pour améliorer l'investissement et pour réduire les formalités d'engagement des projets en pause. Les bonnes volontés existent pour donner à l'investissement son véritable sens. Notre interlocuteur nous cite l'exemple de Zidane qui a de grands projets en tête et qu'il veut concrétiser. Le même sentiment, dit-il, anime bon nombre de nos compatriotes, pour peu que les autorités décident de franchir le pas vers la libération effective de l'économie et du commerce national.