Créé en 1995, Netcom, à l'instar des autres établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), a succédé aux anciens services techniques de la wilaya d'Alger. Cet Epic couvre actuellement 28 communes du cœur d'Alger sur les 57 que compte la capitale. L'établissement emploie environ 4000 agents et est chargé de la collecte des déchets ménagers ainsi que de la gestion des décharges publiques. Tout d'abord, je veux vous poser la question que beaucoup d'Algériens se posent : pourquoi la capitale est-elle aussi sale ? Je ne peux être d'accord avec cette affirmation. Je dirais plutôt qu'Alger n'est pas propre, mais elle n'est pas sale non plus. Qu'il y ait quelques quartiers dans cette situation, c'est vrai... Mais affirmer que la Capitale est sale, je trouve que c'est exagéré. D'autant que depuis deux ou trois ans, il y a une amélioration très nette de la propreté. Parce que au niveau de NetCom, nous avons reçu un certain nombre de moyens supplémentaires qui nous ont permis de faire face à la situation. Ensuite sur le plan organisationnel, des progrès ont été constatés, qui nous permettent d'être présent davantage et de répondre, dans la mesure du possible, à la demande du citoyen. Il faut savoir aussi que la propreté n'est pas uniquement l'affaire de NetCom. Car celle-ci est un établissement chargé de la collecte et du balayage. Ce n'est pas NetCom qui salit Alger, ce n'est pas non plus elle qui crée les décharges. Nous sommes là pour ramasser les déchets ménagers. Et pour que la capitale soit propre, il faut que l'ensemble des citoyens, des communes et de Net Com conjuguent leurs efforts. Dans cet ensemble que vous citez, où situez-vous les responsabilités ? On est tous concernés par la propreté. Tous responsables. Je vais vous donner un exemple très simple qui est en fait une manifestation de la culture de beylek. Prenez un immeuble, vous trouverez l'intérieur des appartements propres alors que la cage d'escalier est à l'abandon. La responsabilité est partagée. Prenons aussi un autre exemple : l'axe Bougara (El Biar) Si vous passez à 5h, vous ne trouverez pas le moindre sachet qui traîne, vous repassez à 8h, vous allez dire que la collecte n'a pas été faite. La collecte dans ce même boulevard, soulignons-le, se fait trois fois par jour, alors que c'est la moyenne hebdomadaire dans d'autres pays. C'est un ensemble, où le rôle du citoyen est un élément important. Il y a aussi le rôle des collectivités et de NetCom, qui doivent être présentes et trouver les moyens adéquats. Donc la responsabilité n'échoit pas uniquement à NetCom. Puisque vous évoquez l'implication citoyenne, quelles étaient les actions de sensibilisation qui avaient été mises en place ? Nous avons entrepris un travail de communication qui a porté ses fruits. A plusieurs reprises, nous avons enclenché des opérations de sensibilisation, comme c'était le cas l'été dernier où nous avons mené une campagne d'affichage avec distribution de prospectus et autocollants. Nous avons également préparé un sondage. L'école a été une de nos cibles principales. Une caravane mobile chargée de sensibiliser et d'informer les usagers de la route a aussi été prévue. D'autres opérations sont aussi au menu et certaines ont été menées via les médias lourds. Pour le sondage ayant ciblé la commune d'El Biar, il traite entre autres du déploiement et de la connaissance des horaires de collecte. Nous sommes actuellement dans la phase d'analyse et d'exploitation des données recueillies. Nous déplorons l'inexistence des associations et comités de quartier avec qui nous pourrions travailler de concert à même de faciliter davantage ces actions de sensibilisation. Quelle est la situation actuelle de la décharge de Oued Smar ? Elle est encore fonctionnelle et n'a jamais été fermée ni déclarée comme telle. Certes on avait parlé de sa fermeture, nous la réclamons d'ailleurs. Mais le problème se pose en termes de site de remplacement, car où est-ce qu'on pourrait mettre les 1650 t de déchets ramassés par jour à Alger. Nous évacuons environ 650 000 t de déchets par an, soit une moyenne de 1650 t par jour. Je peux vous dire que Oued Smar reçoit près de 2500 m3 de déchets par an, soit plus d'un million de tonnes par an alors que Ouled Fayet n'en reçoit que 200 à 300 000 t. Actuellement, il y a des études environnementales qui sont menées et qui nous indiqueront la démarche appropriée que nous devrons suivre. Maintenant, tout le monde est convaincu de la nécessite de sa fermeture mais personne ne pense à une solution de rechange. Il faut rappeler que cette décharge existe depuis juin 1978 et qu'on y a stocké à ce jour près de 20 millions de déchets. Tous déchets confondus ! Ne pensez-vous pas que c'est un facteur porteur de dangers pour la santé et l'environnement ? Oui, tous les déchets confondus. Il faudrait néanmoins se replacer dans le contexte de l'époque. Soit à l'époque de son ouverture, où l'environnement n'était pas un sujet qui faisait la une. On n'en parle avec force que depuis une dizaine d'années. Avant, il y avait la décharge de Baraki qui avait été fermée et transférée à Oued Smar. Contrairement à celle d'Ouled Fayet, le centre ne reçoit pas tout et n'importe quoi, uniquement des ordures ménagères. C'est une mesure qui a été prise à cet effet. Alors, Oued Smar demeure un héritage lourd et complètement saturé, et cela depuis longtemps déjà. Concernant les rejets industriels, nous en distinguons deux types : les déchets dits assimilables qui sont tolérés à Oued Smar, d'autres, liquides ou pharmaceutiques par exemple qui ne sont pas admis. Ceux-là ainsi que d'autres réputés très polluants et dangereux sont traités par les unités qui les sécrètent. Mais je ne dirai pas que nous ne recevons pas de déchets d'origine industrielle, nous en recevons et des plus encombrants à l'exemple du vieux matériel électroménager que nous sommes, hélas, dans la contrainte d'enfouir à Oued Smar. Pour les déchets dangereux, je ne dis pas qu'il n'en existe pas mais, à titre préventif, des agents de contrôle ont été placés à l'endroit pour surveiller et filtrer les produits déversés. Beaucoup de gens se demandent pourquoi aucune politique de récupération et de recyclage des déchets n'a été mise sur pied. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? C'est une des solutions les plus efficaces pour entre autres diminuer les quantités des déchets collectés. Cela représente en soi une manne très importante pour l'économie nationale. En ce sens que ces produits récupérés seront réinjectés dans le circuit industriel, sans parler de créer des postes d'emploi. L'exemple est donné par d'autres pays qui ont su profiter du filon. Le recyclage et la récupération supposent, par ailleurs, qu'il yait une industrie qui l'accompagne et qui se développe pour qu'elle soit efficace. NetCom est déjà en piste même si cela reste insuffisant. L'exploitation de ce secteur indique un pourcentage très faible et se borne à la récupération du plastique et des métaux ferreux. Le procédé réclame en plus d'une organisation avancée, un travail en amont et se doit d'être précédé de campagnes de sensibilisation. C'est aussi une culture citoyenne que les Algériens auront à assimiler. Ne pensez-vous pas que la notion de service public de Net Com est altérée par la logique commerciale que lui confère son statut d'Epic ? Notre mission principale est le service public. Une partie de la TAP, soit 50 % de la taxe sur l'aptitude professionnelle, est reversée à la wilaya par les communes. C'est cette taxe qui finance les Epic. D'autres communes ne paient pas cette taxe et se prennent elles-mêmes en charge. La réglementation est faite ainsi. Au jour d'aujourd'hui, NetCom demeure une structure subventionnée. Je ne peux donc pas vous dire combien l'Epic engrange d'entrées financières.Ce n'est pas dans mes prérogatives (...) Nous nous occupons actuellement de 28 communes du cœur d'Alger, mais rien ne nous empêche de nous conventionner avec des communes de la périphérie. Parlez-nous des projets de mise en concession de la prestation de collecte de déchets, annoncés par des responsables de la wilaya. A vrai dire, ça ne me gène pas. Nous sommes dans un monde qui est en constante évolution, et il faut s'y adapter. La mise en concession ne traduit pas une quelconque faillite de NetCom, ça nous permettra au contraire de nous remettre en cause, et nous redonnera du tonus. C'est aussi une solution qui pourrait créer de l'emploi. On en n'est encore qu'au tout début. La prestation à Dergana a déjà été concédée à un privé. D'autres vont suivre comme la cité Aïn Naâdja à Gué de Constantine... Comment voyez-vous l'avenir de la métropole algéroise ? Et comment devrait-elle s'organiser pour éviter qu'elle ne s'étouffe dans ses immondices ? Très souvent, on présente Alger comme une décharge. Je pense qu'il faut dédramatiser. Le tableau n'est pas aussi noir. Qu'il y ait insuffisance, j'en suis conscient, mais il y a aussi un travail qui est réalisé et qui doit être relevé. L'avenir ne me fait pas peur. On doit à l'occasion mettre l'accent sur le civisme du citoyen, car s'il contribue avec nous, c'est un gage de réussite. La propreté dépend de nous et nécessite l'implication de tous.