Chaque jour que Dieu fait, un effectif de 3000 éboueurs et balayeurs investissent, de jour comme de nuit, les entrailles de la capitale pour le ramassage de quelque 1650 t de déchets ménagers. Les conditions dans lesquelles ces travailleurs s'acquittent de leur tâche sont des plus précaires, en dépit du discours rassurant et positif des responsables de Netcom qui reconnaissent eux-mêmes le manque d'effectif et l'instabilité des agents. Les problèmes de santé sont légion au milieu de cette catégorie d'ouvriers. En plus des différents vaccins, une convention est signée avec le CHU Mustapha Bacha pour, selon M. Michab, le contrôle médical des éboueurs une fois par mois. Cela, note-t-il, n'a pas empêché que les travailleurs soient atteints de plusieurs maladies à l'image des hépatites B et C (inflammation du foie, aiguë ou chronique). Le manque de moyens de protection est aussi de mise. A Bachedjarah 3, les éboueurs opèrent sans gants. Pourquoi ? « Ils ont les gants mais ils ne veulent pas les mettre », indique le chef de l'unité. « Nous n'avons pas de gants. Ils nous ramènent des paires qui ne résistent pas au contact de l'eau, et qui s'avèrent inutilisables au bout d'une... semaine », répliquent les travailleurs aux mains nues et aux bras noircis. Au quartier l'Egeco, les éboueurs rassemblent les déchets éparpillés à l'aide d'une... planche ! Le salaire est une autre préoccupation. Dans cette entreprise, il y a des travailleurs qui n'ouvrent pas droit au Salaire national minimum garanti (SNMG) arrêté à 10 000 DA. « Nous travaillons chez Netcom depuis trois ans. Nous touchons exactement 9800 DA par mois. Il y a des travailleurs qui bénéficient des allocations alors que d'autres non », dénoncent-ils. Sur place, le chauffeur du camion de collecte refuse de faire une autre tournée. « Je ne suis pas payé pour ça », lance-t-il à l'endroit de son chef. Ce dernier confie : « C'est du chantage. Le travailleur est payé à la journée ». Dans l'après-midi, la cité est toujours pleine de déchets. Le chauffeur a donc mis ses menaces à exécution. L'autre problème des éboueurs, dont la quasi-totalité est venue de l'intérieur du pays, est l'hébergement. Au siège de la section de Bachedjarah, à titre d'exemple, un dortoir y est aménagé depuis les années 1980. Si les lieux sont propres, les toilettes et les douches disponibles, les matelas sont complètement hors d'usage. D'une couleur grise, ils n'ont pas été remplacés depuis l'ouverture de la section, c'est-à-dire un peu plus de... vingt ans ! Les responsables de la section qui livrent ces détails n'hésitent pas à faire porter la responsabilité aux occupants des lieux quant à la dégradation de leurs conditions d'hébergement. D'ailleurs, indiquent-ils, Netcom n'assure plus cette prestation à son personnel.