Des habitations précaires datant de l'ère coloniale cararctérisent la localité, qui ne dispose même pas d'une salle de soins de proximité. Dem El Bagrat est entrée dans l'histoire par la grande porte. Ses habitants n'ont pas attendu les visites protocolaires des walis et autres députés pour crier haut et fort leur existence. C'était le 20 Août 1955, une date qui a marqué à jamais la région est de Skikda. Dem El Bagrat avait pris part aux offensives et paya le prix fort par la suite quand plusieurs de ses habitants furent massacrés alors que d'autres avaient fini par opter pour un exode douloureux. Depuis, le temps s'est arrêté à Dem El Bagrat et aucun changement notable n'est signalé dans les conditions de vie de plusieurs dizaines de familles. Erigé en 1938, le village n'a bénéficié depuis que d'une école et d'une mosquée, construite, faut-il le mentionner, par un bienfaiteur. «Les quelques maisons disposant de l'énergie électrique, sont alimentées à partir de l'ancien réseau qui existait bien avant l'Indépendance», témoigne un vieil habitant de la région. Et de continuer: «Bien sûr qu'on nous a fait des promesses, mais comme nous ne voyions aucune suite, nous avons fini par nous débrouiller en nous alimentant en électricité à partir des maisons qui en disposaient.» Il suffit juste de faire un tour dans le village pour constater de véritables «toiles d'araignées» tissées par les câbles électriques. La rétrocession y fait rage avec tous ses dangers. Tout comme l'éclairage, les habitations datent toutes de l'ère coloniale «Dar el colone» ou La maison du colon c'est par ces termes que les habitants désignent les demeures qu'ils occupent depuis l'Indépendance. «Cinq familles seulement ont bénéficié des avantages de la formule du logement rural. Nous aurions aimé voir la liste des bénéficiaires élargie pour nous permettre de vivre dans de meilleures conditions», nous a déclaré un des résidants. En évoquant le sujet du logement, les citoyens de Dem El Bagrat insistent tous sur la précarité de leurs habitations. L'un d'eux en témoigne en affirmant ceci: «Ma famille a tout donné pour ce pays, mais je continue de vivre avec mes trois frères dans la même maison qui tombe en ruine.» La même rancœur est présente dans les propos d'une mère de famille qui insiste pour montrer l'état délabré de sa demeure en précisant: «L'hiver, on a vraiment peur pour nos vies. Moi, par exemple, je ne fais plus le ménage en utilisant l'eau, car je sais qu'elle finira par couler sur le voisin du dessous. Le carrelage fissuré est une véritable passoire, d'ailleurs mêmes les escaliers ne résisteront pas longtemps.» Les habitants revendiquent aussi une salle de soins de proximité. «La nuit, comme l'éclairage public est inexistant, nous éprouvons de grandes difficultés à nous déplacer pour évacuer nos malades aux urgences de Azzaba et des fois à Annaba. En plus, il serait temps aujourd'hui de penser à nous aménager un arrêt de bus pour permettre au moins à nos enfants de s'y abriter lorsqu'ils attendent les moyens de transport», argumente un père de famille. Pour mieux situer les choses, l'ensemble de ces problèmes de la population de Dem El Bagrat ainsi que leurs doléances ont été exposés aux responsables locaux en vue de les voir prendre en considération et y apporter les réponses adéquates. M. Khelifi, vice-président de l'APC de Ben Azzouz, en se disant très conscient de cette situation, a accepté volontiers de répondre aux inquiétudes des citoyens. Pour le logement rural, il dira que le quota attribué au préalable à la commune de Ben Azzouz restait assez insuffisant, chose qui a pénalisé plusieurs demandeurs. A ce sujet, notre interlocuteur a annoncé: «Je tiens à informer les habitants de Dem El Bagrat que dix autres d'entre eux figurent désormais dans le nouveau programme du rural». Pour ce qui est du raccordement au réseau électrique, il précisera que l'APC a déjà débloqué un montant assez conséquent pour la réalisation du projet d'électrification, l'autre partie reste à la charge de la SDE (Sonelgaz). Il ajoutera que de 40 MDA (millions) viennent d'être alloués pour lancer des opérations d'aménagement urbain qui toucheront plusieurs villages et autres Mechtat. «Cette enveloppe permettra entre autres de réaliser cinq petits arrêts de bus dont un à Dem El Bagrat», a-t-il assuré. Pour les manques relevés par les habitants en matière de couverture sanitaire, notre interlocuteur tiendra à préciser que «l'aménagement d'une salle de soins ne dépend pas de la seule volonté de l'APC, mais obéit aux besoins de la carte sanitaire de la wilaya, et que seule, la direction de la santé est en mesure d'apprécier et de juger de toute éventualité».