L'ouverture du capital de l'opérateur de téléphonie Algérie Télécom «n'est plus d'actualité». C'est Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, qui l'a déclaré hier à Oran en marge du congrès international sur les TIC, un événement auquel prenait part plusieurs ministres africains et maghrébins. La déclaration a son importance, surtout qu'elle a été faite en présence de hautes personnalités de l'Etat algérien et d'étrangers. Le ministre, en répondant aux questions des journalistes, a tenu visiblement à clarifier la position du gouvernement algérien sur cette question une fois pour toutes. Selon lui, l'Algérie «dispose de moyens financiers et du management requis à la faveur des programmes de restructuration et de l'ouverture sur tous les partenaires pour contribuer à l'amélioration de ce management». M. Benhamadi a ainsi coupé court à toutes les informations faisant état d'une éventuelle privatisation de ce groupe public de télécommunication. Une récente dépêche de l'agence Reuters avait jeté le trouble. Elle annonçait il y a quelques jours que le groupe «poursuivait les préparatifs pour la cession d'une partie de son capital à un opérateur étranger», une information vite démentie par la direction de la communication d'Algérie Télécom. En d'autres termes, le groupe Algérie Télécom n'a pas besoin d'argent frais pour ses futurs investissements ; il a les capacités de financer ses projets et n'a pas besoin de capitaux étrangers. Cependant, la porte n'est pas totalement fermée pour ce qu'on pourrait appeler un partenariat gagnant-gagnant. Il faut dire qu'en pleine bourrasque avec l'affaire Djezzy, l'Etat ne veut pas s'engager dans une autre expérience qui risque de lui coûter cher. Les télécommunications sont devenues un enjeu socioéconomique certain. Dans sa stratégie de réorganisation, Algérie Télécom vise à relever deux défis : la consolidation de la relation client et l'adaptation à un environnement de plus en plus concurrentiel. En plus, le secteur des télécommunications, au niveau mondial, a du mal à se remettre de la crise mondiale. La reprise reste timide et, dans ces conditions, la mise risque d'être modeste. Il faut rappeler qu'au temps du ministre Haïchour, il était question d'ouverture du capital et une banque espagnole Santander avait pris le dossier en main. Un rapport final a été bel et bien remis à la chefferie du gouvernement. Néanmoins, Boudjemaâ Haïchour n'a jamais avancé, par prudence ou de peur d'en dire trop, le taux d'ouverture. Le ministre de l'époque avait toutefois déclaré qu'environ 40 sociétés avaient manifesté leur intérêt. C'est dire le marché fort juteux qu'il y a derrière. M. Benhamadi a toujours été un farouche opposant à cette ouverture. Dès son installation en tant que PDG du groupe Algérie Télécom, il se démarque de cette option et le fait savoir lors de ses sorties médiatiques. Il avait exprimé ses réserves et il était plutôt favorable à améliorer les résultats du groupe pour anticiper la venue d'autres groupes dans notre pays. Aujourd'hui, il reste convaincu plus que jamais que cette ouverture du capital ne se justifie plus. L'un des objectifs qui justifiait la privatisation était d'introduire de nouvelles techniques de management et de marketing utilisées par les opérateurs internationaux et de bénéficier du savoir-faire managérial et technologique du partenaire stratégique retenu. Concernant le rachat de l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy par l'Algérie, le ministre a indiqué que cette question a été abordée clairement par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Il a également évoqué le cas de Lacom, filiale d'Orascom Telecom Algérie (OTA) spécialisée dans la téléphonie fixe qui a cessé ses activités. «Les dettes de cette entreprise ont été estimées à 300 millions de dinars. Elles représentent des prestations assurées par Algérie Télécom, les charges impayées à l'ARTP et à la CNAS», a-t-il déclaré. Le ministre a également évoqué le projet de création d'un observatoire de la poste et des TIC, qui sera «une sorte de site d'information auquel prendront part divers acteurs dont la presse et des représentants de la société civile pour suivre le règlement des anomalies et autres dysfonctionnements signalés par les usagers».