Seulement 96 éboueurs et 41 balayeurs sont recrutés à l'APC de Blida pour assurer la propreté d'une commune de plus de 165 000 habitants. Les différents quartiers et rues de la ville de Blida sont devenus pour la plupart de véritables dépotoirs à ciel ouvert. Ce phénomène perdure depuis des années et tout le monde semble y être indifférent. Les citoyens ne font guère preuve de civisme et jettent leurs ordures à n'importe quelle heure, n'importe où et n'importe comment. De leur côté, les autorités locales n'accordent pas assez d'intérêt au service de nettoiement de l'APC. Depuis dix ans, aucun recrutement d'éboueurs et de balayeurs n'a été fait pour renforcer l'effectif chargé du nettoiement. Cet effectif demeure, d'ailleurs, dépassé face à la quantité importante de déchets jetés quotidiennement par la population. Une population dont le nombre ne cesse de s'accroître de jour en jour. Mais dans tout cela, il n'existe aucune autorité pour sanctionner les «contrevenants». Il faut dire aussi que les éboueurs travaillent dans des conditions déplorables. La plupart des camions destinés au ramassage d'ordures sont vétustes et ne leur offrent aucune sécurité. Il y a eu même plusieurs cas de chutes, témoigne-t-on. Le manque d'effectif fait que ces éboueurs subissent toutes les pressions du monde pour assumer convenablement leur tâche. Ils doivent manipuler des quantités importantes d'ordures, au détriment même de leur santé. Souvent, ils se retrouvent contraints de ramasser des ordures non ménagères comme les cartons jetés par les commerçants ou les troncs d'arbres, alors que cela ne figure pas parmi les tâches. Conséquences : certains d'entre eux souffrent d'hernie à cause des insupportables efforts physiques exigés par leur métier mais surtout engendrés par le manque d'effectif. En effet, ils sont seulement 96 éboueurs et 41 balayeurs qui sont recrutés à l'APC de Blida pour une population de 165 000 habitants. Au quartier de Sidi El Kebir par exemple, il y a un seul balayeur confirmé à son poste. «Avec les sorties en congé et les absences causées notamment par les maladies, on n'arrive jamais à avoir un personnel complet», atteste M. Lahrech, premier responsable du service de nettoiement à l'APC de Blida, avant de poursuivre : «Nous ne pouvons même pas sanctionner les agents indélicats car s'ils sont licenciés, les services de la Fonction publique ferment carrément le poste budgétaire et il nous est donc impossible de recruter d'autres à leur place.» Même si les éboueurs arrivent à nettoyer, tant bien que mal, les différents quartiers et rues de Blida, beaucoup de citoyens ne font rien pour que leur ville soit propre. Ils font sortir leurs déchets ménagers, même après le passage du camion de ramassage d'ordures. «Notre travail est souvent gâché par le comportement de certains citoyens qui salissent la ville après le passage de nos camions», regrette M. Lahrech. Les pizzerias, les salles des fêtes, les commerçants ne dérogent pas à cette règle, puisque ils font sortir leurs déchets à n'importe quel moment, ce qui rend la ville des Roses insalubre. Des instances démissionnaires Pour M. Mazaâche, premier magistrat de la commune de Blida, la «démission» de plusieurs services appartenant à d'autres institutions aggrave davantage les choses. Dans ce sens, il cite l'exemple de l'OPGI : l'office public chargé de la gestion immobilière qui est censé, lui aussi, nettoyer les sites où est implanté son parc immobilier. Il donne également l'exemple des routes nationales et départementales, lesquelles doivent être nettoyées par les services des travaux publics, et non par les balayeurs de l'APC. Même chose pour la zone industrielle et la société qui la gère. «La mission de nos services est pourtant bien claire : ramasser les ordures ménagères et balayer les sites appartenant à la commune. Finalement, on fait tout à la place des autres», insiste le P/APC de Blida. Notre interlocuteur regrette la fermeture de la décharge de gravats, depuis une année. «Cela pousse les gens à jeter les gravats y compris en plein ville. Et cela nous oblige aussi, en tant qu'Assemblée populaire communale, à veiller au ramassage de ces déchets au détriment même de nos autres missions», déplore-t-il. Notre interlocuteur nous informe, par ailleurs, que l'APC de Blida procédera, dans les prochains jours, au recrutement de 50 agents d'entretien, ainsi que l'acquisition de plusieurs camions bennes-tasseuses. Mais Blida ne sera jamais propre si les citoyens ne jouent pas le jeu…