Depuis plus d'une quinzaine d'années, Oran n'arrive plus à se débarrasser, convenablement, de ses ordures ménagères, qui lui collent à la peau comme une sangsue. Du coup, El-Bahia a perdu de son charme et de son statut de ville méditerranéenne. Cet été 2010 ressemble à ses semblables, malgré les efforts considérables de l'APC d'Oran et de la wilaya. D'ailleurs, dix bennes-tasseuses sont en cours d'acquisition pour améliorer la collecte des ordures et combler le déficit en matériel. En période estivale, Oran est une destination prisée par les estivants des quatre coins du pays. Du coup, le volume vire vers le double, soit plus de 2 000 tonnes (en moyenne) d'ordures ménagères sont récoltées quotidiennement mais Oran reste toujours insalubre et des décharges sauvages à ciel ouvert poussent comme des champignons, encouragées par un incivisme inacceptable d'un grand nombre de citoyens. Du coup, les rongeurs, surtout les rats, ont envahi plusieurs immeubles et cités d'Oran. “Que les éboueurs fassent leur travail ! Le camion n'est pas passé aujourd'hui. Où voulez-vous que je mette mes sachets d'ordures ?” pestent un grand nombre de citoyens de différents quartiers pour justifier leurs actes d'incivisme. Le non-respect des horaires de passage du camion est la goutte qui fait déborder le vase. Les citoyens aussi sont logés à la même enseigne, puisque le jet de leurs ordures se fait à leur guise et, souvent, après le passage du camion de la collecte des ordures ménagères. Devant l'impossibilité de la DHA (division de l'hygiène et de l'assainissement), avec 40 camions d'un volume de 12 m3, (la plupart en panne faute de pièces de rechange), alors qu'il faut au moins 70 camions opérationnels, et l'Epic Oran propreté avec 20 camions, de satisfaire les besoins des citoyens, l'APC d'Oran a élaboré un nouveau cahier des charges qui a permis à des concessions pour la collecte au niveau de plusieurs quartiers et cités, tels que haï Bouamama, Kouchet El-Djir, El-Emir, Es-Sédikia… Mais, apparemment, beaucoup de choses restent à faire. Les différents rapports expriment une mauvaise gestion des ressources humaines (2 000 éboueurs, souvent des saisonniers), et l'insuffisance de moyens matériels. Ce constat a poussé les responsables de la commune d'Oran à redistribuer les effectifs et commander dix engins neufs. Outre l'incivisme ambiant, la collecte des ordures est souvent délicate au niveau des différents marchés de la ville : El-Hamri, M'dina j'dida, la rue des Aurès, Michelet, Choupot, Victor-Hugo, l'Usto, El-Barki… Les marchands de l'informel (la plupart n'ont pas de registre du commerce), à en croire nos sources, ne font aucun effort pour la propreté des lieux, à part quelques exceptions. Même souk El-Ksab, qui se trouve à quelques mètres des urgences du CHU d'Oran, a sa propre décharge sauvage, juste devant les portes du souk. Une image symbolique de l'état des lieux. Pourtant, lors du GNL16 d'avril passé, les autorités locales ont fait des efforts considérables pour redonner à El-Bahia son look, sa propreté et sa fraîcheur, car le dossier de la propreté de la ville d'Oran est pris en charge à haut niveau. D'ailleurs, le mois de janvier dernier, le coup d'envoi d'une opération d'un schéma directeur de l'environnement, un programme national de propreté piloté par la ville d'Oran, a été lancé. En ce sens, une réunion s'est déroulée au siège de l'hôtel de ville en présence des responsables du secteur de l'environnement, de l'agence nationale des déchets, des enquêteurs, des délégués des secteurs urbains… Une feuille de route a été élaborée pour améliorer l'image de la ville d'Oran, le système de la collecte et le tri sélectif, et cela en dépit des difficultés matérielles. Au mois de mars dernier, une dizaine d'entreprises françaises spécialisées dans la gestion des déchets urbains et spéciaux sont venues à Oran pour y voir plus clair.