Quand il faut y aller, il faut y aller, semble se dire l'armée américaine comme le confirment par ailleurs de nombreux témoignages. Eh oui, il en existe dans cette guerre sans image, qu'est le conflit irakien. Rappelons-nous l'usage de l'uranium appauvri, utilisé par l'armée américaine pour, disait-on à l'époque, percer le blindage sans penser aux conséquences. Mais au moment où l'armée américaine n'hésite pas à engager son aviation dans la guerre que lui livre la résistance irakienne, un reportage de la chaîne d'information italienne RaiNews 24 diffusé mardi affirme que les forces américaines ont utilisé des armes chimiques contre des civils de Falloujah en novembre 2004, notamment du phosphore blanc, un puissant agent mortel qui brûle violemment les corps. « J'ai reçu l'ordre d'être prudent parce que du phosphore blanc devait être utilisé sur Falloujah (50 km à l'ouest de Baghdad), ce bastion de la résistance », déclare dans le reportage un vétéran de l'armée américaine, Jeff Englehart, interviewé à son domicile du Colorado en août dernier. « J'ai vu les corps brûlés de femmes et d'enfants », déclare également le marine, expliquant que le phosphore blanc « brûle les corps jusqu'aux os ». Utilisé théoriquement pour illuminer les positions ennemies dans l'obscurité, le phosphore blanc est un puissant agent chimique mortel pour les humains. Le reportage télévisé, d'une durée d'environ 20 minutes, se fonde également sur le témoignage de civils de Falloujah, « pacifié » au prix d'une offensive américaine majeure en novembre 2004 contre des résistants irakiens. « Une pluie de feu est descendue sur la ville, les gens touchés par ces substances de diverses couleurs ont commencé à brûler. Nous avons trouvé des cadavres avec des blessures étranges. Leurs corps étaient brûlés, mais leurs vêtements intacts », explique Mohamad Tareq Al Deraji, un scientifique de Falloujah qui a fondé en 2004 un « centre d'étude pour les droits de l'homme » dans le bastion rebelle. L'enquête des journalistes Maurizio Torrealta et Sigfrido Ranucci s'appuie enfin sur des documents photographiques pris, selon eux, après l'offensive américaine et montrant des corps carbonisés. une guerre qui refuse de prendre fin Avant de commenter ce recours, comment faut-il considérer le phosphore blanc ? Toute la question est là, avec cette guerre qui refuse de prendre fin, malgré le recours massif à des moyens peu conventionnels, sinon pas du tout avec l'objectif déclaré, celui de réduire à néant la résistance irakienne. En effet, des avions américains ont mené hier dans la nuit un raid contre une cache d'armes près de la ville d'Al Qaïm, proche de la frontière syrienne, a annoncé l'armée américaine. « Des appareils de la coalition ont lancé un raid contre un immeuble abritant une cache d'armes d'Al Qaîda près d'Al Qaïm, le détruisant complètement », a indiqué un communiqué militaire américain. Selon le communiqué, le raid a été mené suite « à des informations sur la présence d'une cellule dans la région qui tirait des mortiers sur les forces de la coalition ». « Après une surveillance des membres de cette cellule, une activité de retrait et dépôt de munitions et d'armes a été constatée autour d'un immeuble », précise-t-il. « Le raid, lancé à une heure où il y a peu de risque de victimes civiles, a été mené avec des bombes de précision téléguidées », souligne le texte. Cette frappe aérienne intervient alors que 3500 marines américains et soldats irakiens étaient engagés pour le 5e jour dans l'offensive « Rideau d'acier » dans la localité voisine de Houssaybah. La relève irakienne n'est pas prête Par ailleurs, des soldats américains ont découvert le 5 novembre dernier une importante cache d'armes, au nord-ouest de Baghdad, au cours d'une patrouille, indiquait hier un communiqué américain. Ce sont là autant d'informations données uniquement de source américaine, donc sans possibilité d'être confirmées par des sources indépendantes. Il reste que malgré un tel usage de la force, les responsables américains se gardent d'afficher le moindre optimisme. Pour preuve, la relève irakienne n'est pas encore prête comme le prouve le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU qui a prorogé pour un an, jusqu'au 31 décembre 2006, le mandat de la Force multinationale sous commandement américain en Irak dans la résolution 1637 adoptée à l'unanimité de ses quinze membres.