Le projet d'un fonds panafricain pour le cinéma et l'audiovisuel, alimenté principalement par les pays africains, est un objectif que les cinéastes africains appelaient de leurs vœux depuis plusieurs années. Les bureaux précédents de la Fepaci (Fédération panafricaine des cinéastes) ont eu d'abord à faire prévaloir l'idée auprès de l'Union africaine. Son inscription à l'ordre du jour des réunions de cette organisation a pris du temps. La recommandation a ensuite été soumise à l'appréciation des ministres africains de la Culture. Enfin, elle a été adoptée au Sommet des chefs d'Etat africains qui préconisent la mise en place d'un mécanisme de financement de la production cinématographique et audiovisuelle du continent. Cette initiative ambitieuse, d'origine africaine, tend à renforcer les capacités de production du cinéma en Afrique et, à terme, d'asseoir une politique africaine de développement du cinéma et de l'audiovisuel. En privilégiant les complémentarités et la coopération interafricaines, ce nouveau mécanisme pourrait marquer un tournant dans le paysage des aides accordées au cinéma du Sud. Il se propose, en effet, de mobiliser un large partenariat public-privé et de fédérer les efforts pour orienter la création cinématographique vers les attentes du public africain. La finalité du fonds est d'offrir à près d'un milliard d'Africains les moyens de se réapproprier leur histoire, de consolider leur identité et de partager leurs visions avec le reste du monde. Lors de la dernière édition du Festival de Cannes, en mai 2010, la Fepaci a sollicité l'Organisation internationale de la francophonie pour financer l'étude de faisabilité du fonds. Forte d'une expertise de 22 ans dans la gestion du Fonds francophone de productions audiovisuelles du Sud, qui a soutenu depuis sa création un millier de films, l'OIF, dont plus de la moitié des membres sont Africains, contribuera ainsi à la mise en œuvre de la Convention de l'Unesco sur la diversité culturelle. La Fepaci compte également sur la personnalité du président Diouf, reconduit à la tête de l'OIF, pour susciter des ralliements à cette initiative. Ainsi, la réunion de la Fepaci aux récentes Journées cinématographique de Carthage, a été une nouvelle étape vers le Fonds panafricain pour le cinéma et l'audiovisuel. Il s'agissait d'évaluer l'étude de faisabilité et d'étudier les modalités pratiques de mise en place du Fonds panafricain, comme convenu à Cannes. La présentation des grandes lignes de cette étude, confiée au cabinet Media Consulting Group, a permis aux participants de mieux la recadrer. Les prochaines semaines permettront de réunir les partenaires du projet et de définir avec eux la gouvernance du fonds qui devra reposer sur une structure forte, dotée de moyens suffisants et capable de garantir la neutralité des sélections effectuées ainsi que la transparence et la pérennité dudit fonds. La 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision, qui se tiendra à Ouagadougou, du 25 février au 5 mars 2011, sera l'occasion pour la Fepaci de présenter une mouture quasi-définitive du fonds, notamment les premiers partenaires, le calendrier, la structure de gestion et les règles de fonctionnement. Liazid Khodja* Secrétaire régional de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI).