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Fédération panafricaine des cinéastes (FE-PA-CI)
Africa is back
Publié dans Le Temps d'Algérie le 05 - 07 - 2009

Présidée par Charles Mensah, cinéaste et directeur de l'Office national du cinéma gabonais, et avec pour secrétaire général Mme Szipati Bulane-Hopa d'Afrique du Sud, la Fepaci, sur invitation de l'Algérie, tiendra la réunion de son bureau à Alger, du 7 au 9 juillet 2009.
Outre la réunion du bureau fédéral, la continentale des cinéastes entend s'investir pleinement dans la réussite de ce grand rendez-vous culturel que représente la IIe édition du Festival culturel panafricain d'Alger du 5 au 20 juillet 2009. C'est à l'occasion d'un rendez-vous similaire, il y a quarante ans, qu'une dizaine de cinéastes africains (à Alger, en 1969) décident de fédérer leurs actions.
C'est finalement à Tunis qu'elle voit le jour autour de Tahar Cheriaa (Tunisie), Sembène Ousmane (Sénégal), Johnson Traoré (Sénégal), Ababacar Samb (Sénégal) (qui allait être le premier secrétaire général de cette nouvelle association), Mohamed Hondo (Mauritanie), Souleymane Cissé (Mali), Paulin Veyra (Sénégal), Guadallah Gubara (Soudan), Souheil Benbarka (Maroc), Lionel N'Gakane (ANC)...
La Fepaci est née, pour accompagner les premiers pas des cinémas africains. La lutte anticoloniale était encore à l'ordre du jour et un grand nombre de pays africains militaient encore pour leur indépendance (ANC, PAIGC, Frelimo, MPCA... )Du fait de cette réalité, le premier bureau de la Fepaci s'était assigné un double objectif : mettre le cinéma au service de la lutte anticoloniale et contribuer ainsi à son éradication d'une part, et d'autre part obtenir la reconnaissance de la Fédération panafricaine des cinéastes auprès des professionnels (bien rares encore) et des gouvernements qui venaient d'accéder à leur indépendance.
La fragilité des pouvoirs issus des indépendances chèrement acquises, l'état dans lequel ils ont trouvé leurs pays et les priorités auxquelles il fallait faire face n'ont pas permis à l'instance continentale, fraîchement élue, de jouer pleinement son rôle.Trois rendez-vous majeurs vont scander son implantation et sa reconnaissance au niveau continental, comme organisation non gouvernementale, d'abord par les professionnels eux-mêmes, ensuite par les institutions internationales dont l'Union africaine (avec statut d'observateur).
C'est encore une fois à Alger en 1975 que l'instance panafricaine du cinéma allait connaître sa pleine reconnaissance.
Grâce à la contribution de l'Algérie, le Congrès d'Alger allait connaître la représentativité la plus complète et la présence la plus grande de réalisateurs africains.
Mieux, grâce à l'association des cinéastes algériens (organisation de masse du parti unique à l'époque), c'est le prestigieux Palais des nations qui allait abriter cette rencontre, que le président Boumediène lui-même allait inaugurer.Il fallait attendre 1983 et l'implication d'un autre président, Thomas Sankara du Burkina Faso, pour que la Fepaci retrouve son lustre et un second souffle ! En effet, le congrès de 1985 tenu à Ouagadougou en parallèle avec le Fespaco (festival panafricain du cinéma de Ouagadougou), créé par les cinéastes du continent, allait élire une nouvelle équipe animée par le nouveau secrétaire général, le cinéaste burkinabé Gaston Kaboré.
L'arrivée de Kaboré, après plusieurs années de flottement, était un véritable défi. Avant de s'atteler à rendre à l'organisation des cinéastes africains toute sa crédibilité auprès des professionnels et des institutions internationales, il a choisi de renforcer d'abord l'organisation.
Il a été décidé lors de ce congrès de baser à Ouaga le siège de l'organisation, avec un résident pour trésorier. Il a été également décidé la création, à l'instar de l'Union africaine, de six régions avec à la tête des secrétaires régionaux.
Le bureau fédéral s'est assigné comme première tâche à fédérer une multitude de regroupements nés dans les années 80, y compris dans les diasporas.En effet, une nouvelle génération de cinéastes nés après les indépendances tentait de s'imposer face aux «anciens». Il a fallu attendre le congrès de 1997 pour décider des changements de structures à même d'assurer l'unification et l'incorporation de ces mouvements et ainsi renforcer l'organisation, mais également avec les nouveaux venus, réfléchir à la nouvelle stratégie et aux nouvelles orientations résultant de cette composante, jeune et nouvelle de la Fepaci.
Après Alger et Ouaga, le troisième temps fort de l'histoire de la fédération des cinéastes africains, c'est le congrès de la refondation à Tshwane en Afrique du Sud (2006).Ce congrès, qui a fait beaucoup parler, a vu l'organisation en parallèle du «Sommet du film africain».
Depuis le congrès historique d'Alger (Club des Pins 1975), on n'avait pas vu un si grand nombre de cinéastes participer pleinement et démocratiquement à ces assises.
On a beaucoup ergoté sur le déplacement de la Fepaci de la zone francophone à la zone anglophone, sur les velléités des Sud-Africains de mettre la main sur cette institution, etc. Il reste que le congrès de Tshwane (2006) a été véritablement le congrès de la refondation, fort de la présence de la majorité des cinéastes et des organisations nationales audiovisuelles.
Il a vu l'élection des nouveaux secrétaires généraux et de Charles Mensale (cinéaste et directeur de l'Office national du cinéma, Gabon) comme président (francophone) ainsi que de Mme Seipati Balane-Hopa comme secrétaire générale (Afrique du Sud).Le bureau fédéral est sorti renforcé et remobilisé de ce congrès, fort de sa représentation et de la reconnaissance réaffirmée des pays et institutions internationales (Union africaine, Union européenne, O.I. francophonie, etc.) Il confirme le rôle irremplaçable de la Fepaci.
Ce congrès a constitué indéniablement un tournant par les décisions et engagements pris et par la nouvelle vision et objectifs assignés.
Son statut de membre observateur auprès de l'Union africaine (UA) lui a permis d'imprimer une nouvelle dynamique auprès des instances africaines pour la mise en place de politiques culturelles de soutien aux industries cinématographiques nationales, régionales et interafricaines.
Mais les changements et mutations profondes que connaissent les technologies de l'audiovisuel (nouveaux modes de production, nouveaux modes de diffusion et de commercialisation) appellent à une meilleure lisibilité des objectifs et de la nouvelle stratégie de la Fepaci.
Ainsi, face à la faiblesse chronique de la production cinématographique africaine, elle appelle à la mise en place de fonds de soutien financier dans les pays du continent où cela n'existe pas.
Son principal objectif, c'est la concrétisation de la décision prise par les chefs d'Etat africains pour la création du Fonds interafricain de soutien financier au cinéma et à la télévision en Afrique. Il convient de rappeler que selon les termes de cette décision, les engagements de l'Union africaine sont clairs :«Demande à la commission de l'Union africaine de prendre les dispositions nécessaires, en coopération avec toutes les parties prenantes, pour mener les consultations et les études préalables et pour créer une commission africaine du cinéma et de l'audiovisuel d'une part et un fonds de promotion de l'industrie du cinéma et des programmes de télévision en Afrique d'autre part...»
La disparition des salles d'exploitation cinématographique à travers le continent, à l'exception de certains pays (Afrique du Sud 780 salles, Egypte 231 salles, Maroc 88 salles), mobilise la Fepaci, parce qu'elle compromet tout effort de développement dans ce secteur et appelle les Etats à la mise en place de mesures d'incitation et des mécanismes favorisant l'implantation de salles ou de multiplex. Il faut faire observer que le Mexique à lui seul exploite 3892 salles de cinéma !
La création de cinémathèques et toutes les mesures muséographiques de conservation et protection qui l'accompagnent va de pair avec la reconnaissance du film comme produit artistique, qui nécessite non seulement d'être bien conservé mais également mis à l'abri du piratage et de la contrefaçon.
La Fepaci a engagé en parallèle avec la politique de mise en place de cinémathèques, la nécessaire récupération des images «coloniales» qui sont celles aussi du «colonisé». Autour de la «mémoire», une véritable bataille est engagée.Produire, diffuser, démultiplier la diffusion grâce aux chaînes de télévision, conserver notre mémoire audiovisuelle, former et recycler les professionnels pour faire face aux bouleversements rapides que connaît le secteur restent les axes majeurs de la stratégie et de lobbying du nouveau bureau de la Fepaci.
Mais que serait le cinéma «sans l'engagement personnel du cinéaste africain, sans la liberté de création et sans l'exercice démocratique et responsable de sa profession» ?, comme le rappelait la charte d'Alger du cinéma africain, adoptée lors du 7e congrès de la Fepaci à Alger en janvier 1975.
L. K.
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(*) Secrétaire régional de la Fepaci


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