Les membres du gouvernement ont brillé par leur absence durant ces deux jours de débats sur la loi de finances pour 2006 à l'APN. Ce fait a été remarqué et relevé par certains députés lors de leurs interventions en plénière. De leur côté, les parlementaires n'ont pas fait mieux. Peu d'entre eux se sont déplacés à l'hémicycle. M. Benaïssa du FLN a qualifié l'absence du gouvernement de manque de respect pour l'Assemblée. La plupart des premiers responsables du secteur n'ont pas délégué leurs représentants. « Au moment où le débat est entamé à l'APN sur la plus importante loi qui touche de près tous les départements, donc le pays d'une manière générale et le citoyen en particulier, le Conseil de gouvernement est convoqué », a constaté notre interlocuteur, qui estime qu'aucun intérêt n'est accordé à l'APN. Face à cette situation, le député, de l'avis de M. Benaïssa, devient indifférent et n'a aucune ambition. Cette situation est voulue, selon lui. « Certes, le ministre des Finances était présent lors des débats, mais les députés ont des interrogations à adresser aux responsables des secteurs », a souligné le député. Il précisé qu'au moment où le pays connaît une embellie financière, des milliers de citoyens vivent dans la misère. Kader Groucène, député indépendant et membre de la commission des finances, a abondé dans le même sens. Il a qualifié l'absence du gouvernement d'un manque de crédibilité et d'un non-respect pour l'institution. « La loi de finances est un carrefour important et cela y va du budget de l'Etat ; donc nous ne comprenons pas l'indifférence des représentants de l'Etat », a souligné M. Groucène. Pour ce député, cette nouvelle loi est destinée aux investisseurs étrangers. « C'est un dispositif qui a levé les obstacles pour la venue des investisseurs étrangers. Nous avons relevé des contradictions, notamment par rapport au prix référentiel de 19 dollars et la non-transparence dans les dépenses sociales », a indiqué M. Groucène. Il dit avoir interrogé le ministre des Finances sur la politique des salaires. La réponse n'a pas été convaincante, selon lui. « Le ministre nous a fait savoir qu'il n'y a pas de politique des salaires, mais il y a plutôt une politique de consensus et ce, dans le cadre de la bipartite et la tripartite. Nous avons compris que le système législatif, à savoir l'APN, n'a pas le droit d'interférer dans la question relative aux augmentations des salaires. Nous sommes exclus de ce dossier... »,a relevé M. Groucène, qui craint une explosion sociale. Le chef du groupe parlementaire du MSP a défini la loi de finances pour 2006 comme une « copie » des lois de finances précédentes. Le MSP considère que les mesures portant sur, entre autres, l'augmentation du carburant contribueront à la régression du pouvoir d'achat du citoyen. « Nous refusons ces augmentations d'autant plus que l'Algérie connaît une embellie financière. La loi de finances pour 2006 a mis en place des dispositions incitatives pour les investisseurs, les hommes d'affaires et les patrons des entreprises, et ces dispositions n'améliorent nullement la situation des citoyens », dira le député, qui réfute l'article relatif au gré à gré et demande au gouvernement l'assainissement du foncier au niveau des zones d'activités et des zones industrielles avant d'appliquer une telle procédure qui risque de porter atteinte au patrimoine national. Le groupe parlementaire d'El Islah, dirigé par Chams Hakimi, a insisté sur la justice dans la répartition des richesses nationales. Il a proposé une série d'amendements à la loi de finances, entre autres, le réajustement du prix de référence du pétrole de 19 dollars à 43 dollars, un nouvel article portant sur l'interdiction et l'exportation des vins et liqueurs, tout en transformant les unités de production pour la fabrication des boissons gazeuses et eaux minérales, un article pour l'augmentation des salaires de 30% des employés de la Fonction publique, y compris ceux de la Sûreté nationale et l'intégration des enseignants contractuels et ceux du filet social et de l'emploi des jeunes. Le groupe parlementaire du RND a constaté avec satisfaction l'importance de l'effort d'investissement public et de soutien de la croissance économique envisagé par l'Etat pour l'année prochaine, ainsi que la période allant jusqu'à 2009. Selon le RND, l'importance des besoins économiques et sociaux à satisfaire nécessite une bonne cohésion sociale et un cadre de concertation et de dialogue à même de préserver la stabilité et de mobiliser toutes les capacités nationales pour réaliser les programmes de développement retenus.