L'opinion sportive nationale voire tous les Algériens ont sans doute été plus ou moins choqués par les accusations gravissimes portées par le président de la JSK contre le patron de la Fédération algérienne de football (FAF). Ironie du «sport», Mohand Cherif Hannachi a jeté la pierre à Mohamed Raouraoua, le jour même du caillassage du bus de l'équipe nationale, il y a une année. Il l'accuse crûment de lui avoir demandé d'arranger le match contre Al Ahly du Caire. En un mot, lever le pied pour permettre au club égyptien de gagner et se qualifier. Rien que ça ! D'abord une première question : pourquoi Hannachi a-t-il attendu près de trois mois pour faire exploser une telle bombe ? Se serait-il tu si Raouraoua ne l'a pas suspendu deux ans ? Peut-être bien. Mais le mot est désormais lâché, et l'accusation est extrêmement grave pour que Raouraoua se mure dans sa tour d'ivoire comme si de rien n'était. A y voir de près, cette affaire ressemble à une sorte d'intelligence avec l'ennemi. On croyait, naïvement peut-être, que Raouraoua était le dernier Algérien à vouloir aider un club égyptien après le traquenard du Caire. Cet homme qui rechigne encore – du moins officiellement – à se réconcilier avec son homologue Samir Zaher ne peut, objectivement et surtout moralement, «démarcher» une victoire pour Al Ahly, symbole par excellence de l'Egypte conquérante, qui plus est au détriment d'un club algérien. Ceci pour dire que le pavé jeté par Hannachi dans la mare déjà bien sale du foot national ne peut raisonnablement passer inaperçu. Les membres élus de la FAF se doivent de réagir à cette scabreuse affaire qui éclabousse leur président voire toute l'institution, jusqu'à preuve du contraire. Et cette preuve tarde à venir de l'édifice de Dely Ibrahim tant que le maître des lieux est aux Lieux Saints… Or, rien, absolument rien, ne peut justifier leur silence pesant, alors qu'ils ont un mandat à honorer en qualité de gestionnaires des sous et même des dessous du foot national. Hannachi leur a pourtant offert une belle opportunité de sortir de leur torpeur en les accusant d'être des «béni oui oui». Et en restant ainsi, bouche bée jusqu'au retour du tandem Raouraoua-Mecherara, les Algériens sont en droit de prendre pour argent comptant les déclarations du président de la JSK. D'autant plus qu'il est difficile de croire que Hannachi ait agi seul. Lui qui menaçait depuis quelque temps de faire des révélations. Le silence religieux – au propre et au figuré – de Raouraoua est donc inexplicable pour un responsable qui est la cible d'un brûlot unique en son genre dans les annales du foot algérien. Jusqu'à quand, en effet, «el hadj» va-t-il tenir en haleine l'opinion nationale en faisant le dos rond aux accusations de Hannachi qui, cette fois, semble avoir bien calculé son coup ? Parce que, si cette affaire d'arrangement de match s'avère vraie, Raouraoua devrait être légalement radié du mouvement sportif national. Le chef d'inculpation pourrait être corruption voire atteinte à l'intérêt national. A contrario, Hannachi devrait subir la même sanction et répondre devant la justice pour grave diffamation. C'est le big match qui se joue en ce 14 novembre qui rappelle un mauvais souvenir du Caire… Sans arbitre pour l'instant.